Mais c’est qui, ce @Nicedily ? On m’appelle plutôt Didier, dans mon intimité familiale. Je suis Marseillais et je coule depuis peu des jours heureux de jeune retraité. Longtemps simple admirateur de belles photos (de montres en particulier), je me suis mis à la pratique de la photographie sur le tard. Quel amateur de montres ne possède pas son compte Instagram ou Facebook, et n’y partage pas avec fierté les photos de ses montres ? Je me suis donc pris au jeu et j’ai essayé de percer jour après jour, et photo après photo, les mystères des effets de la lumière sur ces fichues surfaces d’acier poli.

Préambule

Les modestes conseils que je peux donner ici ne sont donc pas ceux d’un pro, mais ceux d’un amateur qui construit son expérience en apprenant de ses erreurs quotidiennes. Pour commencer, laissez-moi partager avec vous une ou deux réflexions d’ordre général sur la pratique de la photographie, pour vous éviter de commettre les même erreurs que moi au départ. En premier lieu, ne focalisez pas sur le matériel. Personnellement, j’utilise un Fuji XT-2 avec un objectif 60mm, mais n’importe quel APN dans cette gamme fera parfaitement l’affaire. L’appareil ne remplacera jamais votre œil pour composer et éclairer correctement une image. Second conseil : ne focalisez pas sur la technique. Pas la peine d’apprendre par cœur le manuel de votre APN pour réaliser une jolie photo de montre. La maîtrise des bases du triangle d’exposition (ouverture, sensibilité, vitesse) est amplement suffisante. Laissez-vous plutôt guider par votre imagination et votre sens artistique. Les tâtonnements et les errements de mes débuts m’ont convaincu que le secret d’une photo de montre réussie réside dans la phase de préparation, en amont du  déclenchement. Cette étape est pour moi essentielle. J’y consacre donc le temps qu’il faut, car je sais que ma photo sera réalisée à 80% à l’issue de cette phase de préparation.

1. La construction d’une image virtuelle avant la photo définitive

Je ne commence jamais une séance de prise de vue avant de savoir exactement le résultat que je souhaite obtenir. Cela implique d’avoir visualisé mentalement ma photo, avant de commencer à la réaliser. Cette première étape est absolument essentielle pour moi, car elle me permet de me fixer un cadre de travail et m’évite de m’éparpiller pendant la prise de vue. À ce stade, j’ai déjà les paramètres principaux de ma photo en tête : ambiance, lumière, mise en scène, angle de prise de vue, composition… L’exercice mental peut paraître fastidieux au début, mais on y parvient très vite avec un tout petit peu d’entraînement. Et vous serez surpris de voir la rapidité avec laquelle vous parviendrez à obtenir une photo finale très proche de celle que vous avez imaginée. Au pire, inspirez-vous d’une photo de quelqu’un d’autre, si votre imagination vous fait défaut.

2. La mise en place de la mise en scène et de la composition

Maintenant que j’ai ma photo en tête, reste à la réaliser. Avant toute chose, je commence toujours par mettre en place physiquement les différents éléments de mon image, en les organisant les uns par rapport aux autres. Il m’est impossible de résumer en quelques lignes les secrets d’une composition équilibrée et réussie, que je découvre d’ailleurs encore jour après jour. Mais je peux vous donner quelques conseils de base pour réussir votre mise en scène. En premier lieu, ne perdez jamais de vue que l’élément principal de votre photo doit toujours rester la montre. Personnellement, j’essaie toujours de privilégier des compositions simples et dépouillées. Si je dois ajouter des éléments à l’image, je veille à ce qu’ils suggèrent un contexte en rapport avec la montre, ou participent à la construction d’une ambiance générale. Évitez absolument l’empilement d’éléments hétéroclites dans le seul but de remplir votre image. Cela nuira inexorablement à sa lecture. Ne négligez pas non plus l’angle de prise de vue. Celui-ci doit guider naturellement l’œil sur la montre et son cadran, en particulier. Évitez par exemple les cadrans tournés vers l’extérieur du cadre de votre photo. Orientez-les plutôt en direction du spectateur. Toujours dans un souci de mise en valeur de la montre, je privilégie le plus souvent des profondeurs de champ très courtes, en utilisant des grandes ouvertures (f/2.4 à f/4), qui permettent de mieux la détacher de l’arrière plan et participent à simplifier la composition. Un dernier point, enfin, concernant Instagram : je préfère largement une photo en hauteur (format 4×5 dans Lightroom), plutôt qu’une photo au format carré. Cela donne plus de latitude dans la composition et plus de respiration à la photo.

3. La mise en place de l’éclairage

L’éclairage est bien évidemment un point déterminant pour réussir ses photos, voire LE point déterminant. Personnellement j’apporte toujours de la lumière artificielle à mes photos, avec l’utilisation de spots en lumière continue, équipés d’ampoules proches de la lumière naturelle (5400K), et recouverts d’une toile diffusante. Je n’utilise pas de flashs déportés, par méconnaissance de la technique, mais l’apprentissage fait partie de mes projets. Là encore, je ne saurai pas vous donner une méthode théorique infaillible pour réussir votre éclairage. Seule une pratique soutenue vous permettra de déjouer tous les pièges que nous tendent nos montres avec leurs boîtiers polis ou brossés et leurs verres munis ou dépourvus d’antireflet. Mais globalement, l’apport de lumière artificielle me permet d’équilibrer l’éclairage de mes photos. Dans le cas d’un wristshot, par exemple, nous sommes tous confrontés au problème du bracelet surexposé sur la partie haute du poignet et sous-exposé sur la partie basse. Pour contrer cela, je dispose un spot sous le poignet, orienté vers le bracelet. Même chose pour les boîtiers, qui ont toujours tendance à être trop éclairés sur certaines parties et pas suffisamment sur d’autres. Là aussi, je veille à répartir au mieux l’éclairage. Se pose toujours alors le délicat problème des parties cramées. Pour cela, j’utilise ma molette de correction d’exposition en réglant celle-ci sur les parties brûlées, et je compense la sous-exposition générée sur le reste de l’image en approchant mes spots de ces zones. Enfin, pour maîtriser l’effet de la lumière sur les cadrans, j’utilise un filtre polarisant, qui apporte du contraste et supprime l’effet de halo sur le verre. Au final, le seul bon conseil que je puisse vous donner en matière d’éclairage, est de vous rendre compte par vous-même de la façon dont vous pouvez agir sur la lumière, dans toutes les situations que vous rencontrez. Pour cela, rien ne remplacera jamais votre propre pratique et analyse des choses.

4. La prise de vue

Maintenant que la composition et l’éclairage sont calés, je peux passer à la prise vue. J’utilise toujours un trépied pour stabiliser mon APN, ainsi que le retardateur de déclenchement pour éviter tout flou de bougé. Je n’ai donc plus à me soucier de la vitesse d’obturation, qui est le seul paramètre que je laisse gérer en automatique par l’appareil. Je pilote manuellement les autres paramètres : ISO toujours au plus bas et ouverture du diaphragme réglée en fonction de l’effet souhaité. À partir de là, je fais une première série de quelques clichés, que je visionne sur mon ordi pour contrôler les détails de ma photo. Si besoin, je réalise une seconde série pour corriger les défauts et le tour est joué. Un dernier mot concernant les wristshots, pour lesquels je suis contraint de m’éloigner de mon APN, en perdant la visibilité de l’image de contrôle sur l’écran. Pour remédier au problème, j’utilise une application Fuji dédiée, qui me permet de piloter mon APN depuis mon smartphone.

5. Le post-traitement

Dernière étape avant publication : le post-traitement. Dans mon cas, celui-ci se limite au développement de mes photos enregistrées au format RAW, dans Lightroom. J’enregistre depuis très peu de temps mes photos au format RAW, qui est le format natif du capteur avant compression en JPEG. Ce format présente l’énorme avantage de conserver beaucoup plus d’informations (de pixels) dans l’image, en particulier dans les parties sur et sous-exposées de l’image, et de pouvoir les récupérer dans Lightroom. Et, je n’échappe pas, enfin, à la corvée de nettoyage des poussières, qui adorent se déposer sur nos montres.

J’espère que ce petit retour d’expérience vous aura été utile pour progresser dans votre pratique et pour magnifier encore plus vos montres dans vos clichés. La photographie n’a rien de sorcier, pour peu que vous soyez motivés et que vous y preniez du plaisir. Personnellement, je ne pourrais plus dissocier aujourd’hui ma passion des montres du plaisir que j’ai à les photographier. Avec à chaque fois la recherche de cette même émotion que celle que me procure mon regard sur une montre à mon poignet.

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