Ceux qui lisent régulièrement nos colonnes l’ont certainement remarqué, nous assistons en ce moment à un retour en force des montres mécaniques automatiques abordables, notamment via les plateformes de crowdfunding  : citons par exemple Visitor Watch Co., Straton ou encore REC Watches.

Le marché des mouvements

Pour des raisons évidentes de coûts, la quasi-totalité des marques qui proposent ces montres sous la barre des 1000€ ne développent pas leurs propres mouvements, ils emboitent le plus souvent des produits développés par un tiers : Miyota ou Seiko pour le « Japan made », Seagull pour le « Made in China » puis Sellita, Soprod ou ETA pour le « Swiss made ». Ce dernier, qui appartient au Swatch Group, possède une position ultra dominante sur ce marché grâce à son best-seller, le 2824, et on estime qu’ETA produit 5 à 6 millions de mouvements mécaniques par an, soit 75% de la production suisse ! Seulement voilà, le Swatch Group a décidé fin 2009 de stopper la fourniture de ses mouvements auprès de toutes les marques extérieures au groupe, et même si après une longue bataille juridique l’échéance a été repoussée à fin 2019, l’avenir de bon nombre de marques est incertain…

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Ronda dévoile son mouvement automatique

C’est dans ce contexte que le fabricant Suisse Ronda, bien connu pour ses mouvements à quartz, est arrivé au Salon Baselworld 2016 avec une excellente nouvelle : le lancement de son nouveau mouvement mécanique, le R150. Ce calibre automatique de 11½’’’ de diamètre, de type 3 aiguilles plus date, possède 25 rubis, oscille à une fréquence de 4 Hz (28800 alternances) et dispose d’une réserve de marche de 40 heures. Des caractéristiques qui répondent au cœur du marché et qui le positionne en concurrent direct de l’ETA 2824, car si tout le monde en Suisse sait comment fabriquer un mouvement, Ronda, qui vend déjà des millions de mouvements quartz par an, dispose de l’outil de production et est dans la meilleure position pour répondre à la demande croissante de mouvements automatiques suisses engendrée par le retrait progressif d’ETA d’ici à 2020.

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Ronda espère produire rapidement 100000 exemplaires du R150 par an, avec un prix au détail de 66 CHF (60€ environ), correspondant aux tarifs d’entrée de gamme de Sellita ou ETA. Les premières livraisons sont attendues pour fin 2016.

Caractéristiques Techniques :

  • Diamètre : 11½ »’ (26 mm)
  • Hauteur : 4,4mm
  • Fonctions : date, 3 aiguilles
  • Remontage : automatique avec roulement à billes
  • Réserve de marche : 40 heures
  • Alternances : 28’800A/h
  • Fréquence : 4 Hz
  • Échappement : à ancre suisse
  • Antichoc : système Incabloc
  • Ressort de barillet : Nivaflex
  • Marche moyenne : 12 s/d ± 12 s/d de CH, 6H

Ce lancement signe le retour de la société suisse dans l’industrie du mouvement automatique l’année de son soixante-dixième anniversaire. Fondée en 1946 par William Mosset, l’entreprise fabriquait des composants pour les autres fournisseurs de mouvements mécaniques, jusqu’à ce qu’elle lance son premier mouvement sur le marché en 1961. Au milieu des années 70, Ronda décida de réorienter toute sa stratégie afin de suivre l’émergence de la technologie quartz, ce qui lui ouvrit les portes d’un marché alors en croissance exponentielle. Par la suite, avec la baisse continue de la demande pour les mouvements mécaniques, la société abandonna ce segment à la fin des années 80.

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Espérons que d’autres industriels Suisse emboitent le pas de Ronda et misent eux aussi sur le « mécanique », afin que le retrait progressif d’ETA ne correspondent pas à la mort annoncée de toutes ces montres abordables que nous aimons tant, mais plutôt à une formidable opportunité de voir arriver de nouveaux acteurs pour plus de choix dans les mouvements et plus de concurrence, ce qui nous l’espérons sera au final favorable au consommateur.