Aujourd’hui, nous passons un moment avec Clément Meynier, un jeune entrepreneur qui n’en est pas à sa première aventure horlogère et qui a tout récemment dévoilé son nouveau projet nommé Depancel. Si vous suivez l’actualité, vous en avez certainement déjà entendu parler car c’est une marque de montres françaises ! Lumière sur l’homme et sur cette marque qui fera ses débuts sur Kickstarter dans quelques semaines.

Ludovic : Bonjour Clément et merci de nous accorder un peu de ton temps en cette période qui doit être très chargée pour toi. Dis-nous, comment as-tu connu notre site ?

Clément : Tout passionné de montres qui se respecte se doit de connaitre Le Petit Poussoir 😉

Ludovic : En quelques mots, qui est Clément Meynier ?

Clément : Je suis originaire du Jura, région dans laquelle j’ai grandi aux cotés de mes grands-pères qui étaient artisans. Ils m’ont transmis leur passion pour l’industrie et l’artisanat, passion que je souhaite partager aujourd’hui grâce aux marques horlogères que j’ai créées : KOPPO et Depancel.

Ludovic : Depuis quand as-tu commencé à t’intéresser aux montres ?

Clément : Mon intérêt pour l’horlogerie et les microtechniques en général est né lorsque j’étais étudiant aux Arts et Métiers. J’ai toujours été fasciné par le fonctionnement d’un mouvement mécanique, qui n’est pas loin d’être la plus belle réalisation technique faite par l’homme à mes yeux.

Ludovic : Te souviens-tu de ta toute première montre ?

Clément : Cela me transporte dans mes souvenirs d’enfance, car comme pour beaucoup d’enfants, ma première montre a été une Flik Flak avec des aiguilles en forme de petit bonhomme et son bracelet Nato (précurseur pour l’époque).

Ludovic : Et que portes-tu aujourd’hui ?

Clément : Je jongle entre une KOPPO Métiers d’Arts, une Depancel AUTO 24H – Steel et une Vintage Yema Digital à remontage manuel de 1970 achetée sur une brocante !

Ludovic : La montre de tes rêves ?

Clément :  La montre de mes rêves est assurément une Vacheron Constantin. Je suis très admiratif de cette marque qui a su préserver une dimension artisanale dans son processus de fabrication. Plus précisément le modèle Traditionnelle chronographe quantième perpétuel que je trouve très beau et dont le mouvement est assez spectaculaire.

Sans être trop chauvin, la montre dont je suis le plus admiratif est française, il s’agit de la Leroy 01, qui est au musée du temps de Besançon. Cette montre de poche arbore un mouvement composé de pas moins de 24 complications, ce qui en fait l’une des montres les plus complexes au monde. Un témoignage de la grande habileté des horlogers de l’époque et du passé prestigieux de la ville de Besançon, que l’on espère voir renaître dans les années à venir.

Ludovic : Revenons sur le sujet qui nous réunit aujourd’hui : comment est né le projet Depancel ?

Clément : En 2016, j’ai lancé une première marque : KOPPO avec la volonté de partager ma passion pour le savoir-faire français et de valoriser le « Fabriqué en France ». Lors de cette première expérience j’ai acquis une forte connaissance de l’industrie horlogère et j’y ai vu l’opportunité d’aller plus loin dans mon engagement pour le « Fabriqué en France », en utilisant la distribution directe via internet. En effet grâce à ce canal il est possible de proposer des montres de qualité (garanties à vie) faites en France et qui restent accessibles, puisque nous compensons le prix du « Fabriqué en France » via la distribution directe.

Aujourd’hui, je lance Depancel, une deuxième marque de montres, destinée aux hommes qui aiment le beau, la bienfacture mais pas seulement. Elle s’adresse également à celles et ceux qui sont sensibles à la préservation de savoir-faire hexagonaux. Je suis fier de vous présenter la première collection de montres Depancel, « Fabriquées en France » qui, je l’espère, satisferont les amateurs de belle horlogerie mécanique !

Ludovic : Ce nom, que veut-il dire ?

Clément : Depancel est la contraction de Delage, Panhard et Facel Vega, illustres fleurons de l’industrie française. Notre inspiration se trouve dans leur vision industrielle, ainsi que dans leur « Fabriqué en France » auquel elles sont étroitement liées. Dynamique industrielle, accessibilité et savoir-faire : voilà les trois composantes essentielles de Depancel. À parts égales.

Ludovic : Au premier coup d’œil, on a un peu de mal à définir le style de ta première collection. Peux-tu nous en dire plus sur ta source d’inspiration ?

Clément : Depancel s’inspire d’une époque et des marques très précises : Delage, Panhard, Facel Vega, sommités de l’art automobile des années 1920 à 1940. C’est cette capacité française, incarnée par ces trois marques durant ces trois décennies, qui donne vie à Depancel. Son essence n’est autre que la célébration de ce trio qui a dominé l’automobile par son design, son élan créatif et la puissance de son industrie.

Ludovic : Tes cadrans sont estampillés « fabriqué en France ». Peux-tu nous en dire plus sur la fabrication et l’assemblage ?

Clément : Il existe mille et une manières de célébrer le Made in France. Il peut s’agir d’une inspiration, d’une fabrication, d’une revendication et de bien d’autres choses, parfois combinées. Le parti pris de Depancel est différent. Il s’agit avant toute chose de célébrer la gloire de l’industrie française et de ses grands noms. Son essence n’est autre que la célébration d’une dynamique qui a dominé le savoir-faire à la française par son design, son élan créatif et sa puissance économique, qu’elle soit locale ou nationale.

Il ne faut pourtant pas le voir comme une commémoration passéiste. C’est d’ailleurs tout le contraire: Depancel est une marque tournée vers l’avenir. Objectif : participer à notre échelle à la pérennisation des savoir-faire français.

La fabrication en France permet de retrouver cette dynamique créative, tout en créant de la valeur en France. Dans tous ces cas de figure, l’objectif de Depancel est clairement affiché : au moins 60% de la valeur ajoutée du produit doit être créée en France, incluant les coûts de développements et outillages et donc leurs emplois associés.

Depancel ne se limite donc pas à une marque, elle entend prouver son ancrage territorial par un impact économique concret en Franche-Comté. Elle favorise l’emploi local et le développement de savoir-faire artisanaux souvent oubliés ou délaissés. Depancel affiche une authentique culture française, dans l’objectif de promouvoir des talents locaux.

Ludovic : Qu’est-ce qui te plaît le plus dans le fait de concevoir tes propres montres ?

Clément : En concevant des montres ou des accessoires en général, je peux contribuer à préserver des savoir-faire locaux tout en permettant à mes clients de se faire plaisir, que demander de plus !

Ludovic : Et selon toi, à quoi ressemblera le porteur d’une montre Depancel ?

Clément : La montre Depancel s’adresse en priorité aux hommes curieux et engagés – ceux qui veulent sortir des sentiers battus de la mode, privilégier un produit fabriqué en France, contribuer à la relance d’une économie du beau, du rare.

Ludovic : Comment vois-tu le futur de la marque ? As-tu un objectif précis en tête ?

Clément : À terme, Depancel vise au développement d’autres créations artisanales françaises. Ces accessoires premium seront adressés eux aussi à l’homme moderne, engagé, autant amateur de son patrimoine historique que défenseur de son renouveau. À nouveau, leur distribution se fera en direct, avec le même objectif : garantir le prix le plus juste au client final pour un produit « Fabriqué en France ». Tous, ensemble, contribueront au développement d’une vision optimiste d’un art de vivre à la française.

Ludovic : Si tu avais un conseil pour ceux voulant se lancer dans cette même aventure, quel serait-il ?

Clément : Un seul conseil la persévérance car le chemin est long et complexe.