La précision d’une montre est son ultime gage de qualité au-delà de son aspect esthétique. Chaque jour, la trotteuse effectue près de 1,440 tours pour quantifier une journée de 24 heures. Cette idée de créer un organisme permettant de certifier la qualité d’un chronomètre provient des suisses qui, dès 1878 et à l’initiative de l’école horlogère de Bienne, vont ouvrir le premier « bureau de contrôle d’observation des montres civiles ». S’en suit la multiplication des bureaux de contrôle dans différents endroits qui représentent de véritables piliers de l’histoire horlogère avec notamment l’ouverture d’un bureau officiel ( BO ) en 1901 à Le Locle, en 1942 au Sentier ou encore en 1956 à Genève.

L’avènement de l’association pour le COSC

Dès lors, une véritable concurrence va être présente entre 7 bureaux d’observation qui vont chacun se targuer d’être le meilleur outil de contrôle de qualité des chronomètres. Toutefois en 1970, pour mettre fin à cette concurrence nocive entre les offices, le conseiller d’État de Neuchâtel va intervenir pour mettre en place une commission intercantonale des bureaux d’observation qui aboutira à la création du  « Contrôle officiel suisse des chronomètres » (ou COSC) en septembre 1973.

Une certification récompensant la maîtrise d’un savoir-faire

Provenant de la volonté des cantons suisses de Genève, Neuchâtel, Soleure, Vaud et Berne avec la participation de la Fédération de l’industrie horlogère, l’association helvétique fraîchement créée avait pour but d’unifier les tarifs entre les différents bureaux d’observation et de mettre en place des similitudes dans les conditions d’observation. D’ailleurs, dans les années 1970, la première mission de son premier président, Pierre-André Bugnon, fut celle de mettre un véritable ordre dans le système des BO.

L’objectif premier du Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres était de mettre en place un système de mesure et de contrôle de la précision des mouvements horlogers suisses afin d’obtenir le Graal : le titre de chronomètre certifié. Ce titre est le garant d’un garde-temps de haute précision alliant qualité irréprochable et savoir-faire inégalable. Cette certification repose sur des critères fixes qui sont établis par une loi fédérale et qui en font un véritable label de qualité à l’échelle mondiale. De plus, une ordonnance fédérale doit venir modifier les conditions d’accès à ce label dans un futur proche avec des règles plus strictes permettant notamment de différencier un savoir-faire parfaitement maîtrisé mettant en exergue des années d’expérience dans le domaine versus un travail d’une qualité moindre.

Le COSC va contrôler 3 types d’instruments mécaniques et un type d’instruments à quartz. Concernant les instruments mécaniques qui sont les montres-bracelets, les montres de poche et les appareils horaires en position fixe, seule la première catégorie peut obtenir la certification internationale ISO 3159 définissant le « chronomètre ». Les autres catégories ne peuvent pas prétendre à cette certification.

Des épreuves et conditions orientées vers l’excellence

Les gardes-temps vont être soumis à 7 tests qui devront être nécessairement remplis pour obtenir le précieux sésame. Ces contrôles sont des épreuves dites statiques effectuées dans des laboratoires et cela durant plusieurs jours consécutifs avec des positions et des températures différentes. Toutefois, avant le début des hostilités, le COSC va vérifier au jour 0, le contrôle des numéros gravés sur les mouvements puis va placer ces mouvements dans des barrettes à 5 emplacements. Par la suite, les experts de l’association vont procéder à l’armage des mécanismes avant de les déposer dans des pièces dont la température est de 23°C dans lesquelles les mouvements resteront 12 heures avant de procéder aux différentes phases de tests.

En fonction des instruments étudiés, les phases de test durent plus ou moins longtemps. Pour les montres-bracelets et les montres de poche, la période de test dure 15 jours, 19 pour les pendulettes et les montres de bord, puis 13 jours pour les instruments horaires à quartz. Durant ce laps de temps, les mécanismes vont être testés, mesurés et remontés tous les jours. Il n’y a pas moins de 7 tests qui seront effectués quotidiennement tels que : la marche diurne moyenne, la variation moyenne des marches, la plus grande variation des marches, la différence entre les marches en position horizontale et verticale de la montre, le plus grands écart des marches, la variation de la marche en fonction de la température et la reprise de marche. La marche représente comme l’indique la définition fournie par le COSC « l’expression de la différence, par unité de temps, entre deux états d’un instrument horaire, séparés par un intervalle de temps (durée) donné ». Quant à la marche diurne, c’est l’expression de la différence entre deux états séparés par un intervalle de temps de 24 heures.

Concernant les mouvements mécaniques, les analystes vont vérifier durant les 15 jours d’épreuves, la régularité de marche de la montre notamment via l’analyse des données liées à la température et d’autre part à la position de la montre. Les mécanismes vont être extraits quelques secondes des enceintes thermiques dans lesquels ils sont plongés afin d’effectuer les mesures grâce à des machines munies d’une multitude de caméras. L’écart de marche toléré se situe entre -4 et +6 secondes par jour.

Les mécanismes à quartz, qui sont nettement plus précis que les mouvements mécaniques vont être quant à eux soumis à des tests de température et d’humidité. Les mécanismes à quartz sont relativement fragiles vis-à-vis de ces deux variables et par conséquent les critères d’analyses vont être moins nombreux, mais beaucoup plus stricts.

Une institution dans le domaine de l’horlogerie

Cette association suisse à but non lucratif a su fédérer l’ensemble des bureaux d’observation afin de permettre la création d’un laboratoire d’analyse d’élite permettant de délivrer à quelques élus un titre qui revêt aujourd’hui une importance particulière dans le monde de l’horlogerie. Seulement 6% des montres suisses exportées bénéficient du titre chronomètre certifié, alors que chaque année le COSC analyse plus de 1,8 million de mécanismes par an; ses 3 plus gros clients étant Rolex, Omega et Breitling. La multitude de tests que subissent les mouvements permet de recréer de nombreuses situations du quotidien et de démontrer la précision et la qualité de ces derniers. Toutefois, le COSC n’est pas le seul institut capable de délivrer ce certificat de précision. En effet, ne faisant que suivre les protocoles dressés par la norme ISO, il est possible pour n’importe quel institut capable de les reproduire de délivrer la mention « chronomètre certifié » comme le fait l’Observatoire de Besançon.