Les montres sport-chic à bracelets intégrés sont l’une des plus grosses tendances de l’horlogerie actuelle. Depuis l’apparition de la Royal Oak en 1972, leur attrait ne fait qu’augmenter. Aujourd’hui, c’est même devenu un style à part entière, qui découle du coup de crayon précurseur de Gerald Genta. Chaque marque se doit d’avoir un tel modèle, et Chopard ne fait pas exception, avec la nouvelle Alpine Eagle, sortie en 2019.

Un héritage alpin

La manufacture Chopard fut créée en 1860 par Louis Ulysse Chopard. Elle fut tout d’abord spécialisée dans la fabrication de montres de poche et de chronomètres de grande précision, avant d’être cédée en 1960 à Karl Scheufele qui apporta à la marque son expertise en joaillerie. Depuis, Chopard est une affaire de famille. Trois générations de Scheufele tiennent les rênes de cette maison, dont les sites de production sont au nombre de trois : Meyrin pour les alliages en or et les bracelets, Pforzheim pour la joaillerie, et Fleurier pour la production de montres.

Pour créer l’Alpine Eagle, Chopard n’est pas parti d’une feuille blanche. La vénérable maison suisse s’est inspirée de l’un de ses propres modèles phares, aujourd’hui quelque peu oublié : la Saint Moritz (ci-haut). Mais le plus intéressant ici est de voir à quel point l’histoire se répète. En effet, la Saint Moritz est née en 1980 de la vision de Karl Friedrich Scheufele, de créer la première montre sportive et en acier de la marque. Doté d’une grande détermination, il réussit à convaincre son père Karl. Grand bien lui en a pris, car la St Moritz fut l’un des best-seller de la marque dans les années 1980-90. Quarante ans plus tard, c’est au tour du petit-fils, Karl Fitz, de convaincre son propre père, Karl Friedrich, de dépoussiérer ce modèle et de lui donner une nouvelle jeunesse. Ainsi naquit l’Alpine Eagle, digne descendante de la Saint Moritz, comme l’aboutissement d’une histoire de famille qui s’étend sur 3 générations.

L’Alpine Eagle en détail

Le cadran de l’Alpine Eagle est l’un des aspects les plus marquants de la montre. Directement inspiré de l’œil du rapace, il est profondément irisé, ce qui offre des jeux de lumière tout à fait saisissants. Le contrepoids de la trotteuse, en forme de plume, fait lui aussi référence aux aigles. Les aiguilles sont en bâtons, tous comme les index. Seuls les chiffres 12, 3, 6 et 9 sont écrits en chiffres romains. Le guichet dateur est placé à 4h30 sur la version 41mm. Les seuls inscriptions sont celles de la marque et de la certification « chronometer », placées à 12 heures. Somme toute, voilà un cadran assez épuré. Tous les éléments décoratifs sont repoussés vers la périphérie, ce qui met en valeur la superbe texture irisée.

Autour de ce cadran, une lunette relativement large est vissée par 8 vis. Disposées 2 par 2 à 12, 3, 6 et 9h – tout comme sur la Saint Moritz – celles-ci sont placées de telle manière que leur fente vienne tangenter le cercle de la lunette. Un détail, certes, mais de ceux qui font toute la différence. Le boîtier est majoritairement brossé, avec néanmoins quelques surfaces polies sur les flancs et les arêtes. Il présente deux appendices sur chaque côté. Ces oreilles renforcent l’aspect sportif de la montre, en cassant la forme circulaire de la boîte.

Le bracelet est évidemment intégré, comme il est de mise dans cette catégorie. Entièrement assemblé à la main, il présente une structure en 3 maillons, où celui du milieu, en relief, est poli, alors que les deux autres sont brossés. Chaque maillon est soigneusement biseauté et l’ensemble offre une finition de très haute volée, digne des marques les plus réputées. Enfin, la finesse des maillons garantit une belle souplesse, et donc grand confort appréciable au quotidien. L’Alpine Eagle est animée par un mouvement manufacture. Pour la version 36mm, il s’agit du 09.01-C : sans date, avec 42 heures de réserve de marche. Pour la version 41mm, c’est le 01.01-C : affichage de la date et réserve de marche plus confortable de 60 heures. L’un comme l’autre battent à 28.800 variations par heure. Ils sont certifiés COSC, d’où la mention « chronometer » sur le cadran.

Un acier breveté et eco-responsable

Pour l’Alpine Eagle, Chopard a souhaité mettre en avant sa maîtrise des matériaux et créer son propre acier. Le Lucent Steel A223 a nécessité plus de 4 ans de recherche et développement. Obtenu grâce à deux fontes successives, c’est un acier qui présente des caractéristiques uniques dans le monde de l’horlogerie. Tout d’abord, il est hypoallergénique, à la manière de l’acier chirurgical. Ensuite, il est 50% plus résistant à l’abrasion. Une excellente nouvelle pour tous ceux qui aiment garder leur montre vierge des habituelles micro-rayures. Enfin, grâce à son procédé de fabrication, il possède une structure cristalline plus homogène et offre donc une meilleure réflexion de la lumière. Mais ce Lucent Steel A223 possède une dernière qualité. Il est éco-responsable. En effet, Chopard est engagé dans plusieurs actions en faveur de la préservation de l’environnement, et l’une d’elle concerne justement ce fameux matériau. Il est composé à 70% d’acier recyclé, et les fournisseurs, eux même labellisés éco-responsables, sont autrichiens, pour limiter l’empreinte carbone. Clairement, voilà une belle initiative, que l’on aimerait voir plus souvent dans le monde de la haute horlogerie.

Des éléments de design bien connus

Au premier regard, l’Alpine Eagle a un air de déjà-vu. Les 8 vis de la lunette font immédiatement penser à la Royal Oak, les appendices sur les côtés de la boite évoquent la Nautilus, alors que le bracelet rappelle étrangement celui de l’Overseas première génération. Alors l’Alpine Eagle ne serait-elle qu’un amalgame d’éléments de design déjà vu ? Non, bien heureusement. À y regarder de plus près, elle dégage une personnalité propre, quelque chose qui la distingue suffisamment de ses illustres prédécesseurs pour tirer son épingle du jeu. Ceci étant, les comparaisons seront inévitables. Mais l’Alpine Eagle n’aura pas à en rougir, loin de là.

Impressions finales

Après tant d’années d’absence, Chopard tente de revenir dans le segment ultra-concurrentiel des montres sport-chic. Et c’est tant mieux ! Imposer un nouveau modèle dans une catégorie qui commence à saturer n’est pas une mince affaire, mais l’Alpine Eagle a des arguments à faire valoir : un cadran magnifique, une finition exemplaire, un mouvement maison, un acier breveté… Reste la question du design. Bien évidemment, l’Alpine Eagle sera jugée à l’aune des plus grandes, et les observateurs aguerris ne manqueront pas de remarquer certaines ressemblances. Mais cela n’enlève en rien ses qualités intrinsèques, ni au fait qu’elle possède son identité propre. Alors que la marque nous a plus habitués aux montres habillées, l’Alpine Eagle est finalement le modèle qui manquait à la gamme de Chopard. Plus qu’un modèle, l’Alpine Eagle c’est aussi une collection : pas moins de 10 déclinaisons sont possibles. Disponible en 36mm de diamètre ou en 41mm, en acier, en or/acier, en or/diamants, cadran bleu, marron ou même nacré… Vraiment, il y en aura pour tous les goûts. Sera-t-elle un best-seller comme son aïeule la Saint Moritz ?  Il est encore trop tôt pour le dire. Mais c’est tout le bien que nous lui souhaitons.

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