Romain Vollet ? C’est normal, vous ne connaissez pas encore. Dévoilée en mars dernier lors du Baselworld 2015, hors des sentiers battus du hall 1.0, sa première collection Motor Skull est surprenante, rebelle et audacieuse. Ses garde-temps, inspirés du Dia de los Muertos, reprennent l’iconique crâne orné de l’atypique fête mexicaine tout en dévoilant un mouvement mécanique. En squelette bien sûr ! Nommée Motor Skull, cette collection est symbole de non-conformisme et d’indépendance, une vision jeune et rock de l’horlogerie que l’on aime. D’autant plus lorsque le célèbre titre « Forever Young » de Bob Dylan est gravé au dos sur la masse oscillante.

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Nous avons eu la chance de nous entretenir avec le fondateur de cette jeune marque suisse qui vaut le détour. Nul autre que Romain Vollet lui-même. Né en 1979 en région genevoise, ce designer de formation, diplômé des Arts Appliqués de Paris, a poursuivi son cursus en design industriel en Angleterre puis en Italie pour démarrer sa carrière à Paris en 2002. Après plusieurs collaborations avec de grandes marques, il s’établit à Genève en 2015 pour lancer sa propre collection. Lumière sur ce jeune entrepreneur et sa vision du marché.

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Ludovic : Bonjour Romain et merci de nous accorder un peu de ton temps. Connaissais-tu Le Petit Poussoir ?

Romain : Bonjour Ludovic, merci au Petit Poussoir de m’accueillir sur son blog ! Oui bien sûr, me tenir informé des nouvelles tendances à travers les blogs horlogers indépendants comme le Petit Poussoir est important pour moi. J’apprécie le regard passionné des blogs horlogers qui n’hésitent à nous faire découvrir des créations plus confidentielles, contrairement aux médias classiques.

Ludovic : Dis-nous, quand as-tu commencé à t’intéresser aux montres ?

Romain : Je n’avais pas vraiment de connexion avec le milieu horloger. Toutefois, il y a dix ans, un ami avec qui je travaillais m’a proposé d’aller visiter le salon Baselworld. Et ça m’a donné le virus.

Ludovic : Te souviens-tu de ta première montre ?

Romain : C’était le début de Swatch. J’ai reçu ma première montre en 1985, j’avais alors 6 ans. Une petite Swatch quartz pour enfant avec une carrure noire et un bracelet d’un beau rouge vif. J’en étais très fier. Une première montre c’est toujours une étape importante dans la vie.

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Ludovic : À quel moment as-tu décidé de créer ta propre marque ?

Romain : J’ai travaillé pendant plusieurs années pour de grandes marques. Je dessinais surtout des montres féminines. Puis j’ai ressenti le besoin de m’exprimer à travers mes propres pièces, j’en avais assez de dessiner pour les autres. J’ai ressorti des esquisses qui dormaient dans un carton et me suis dit qu’il était temps de passer du croquis à la matière. C’était presque un besoin physique.

Ludovic : Qu’est-ce qui te plaît le plus dans le fait de fabriquer tes propres collections ? Quelle étape de la production t’apporte le plus de satisfaction ?

Romain : Le métier de designer se situe en début de chaîne. Souvent, on prend tes dessins et tu disparais du circuit, alors qu’on devrait être présent tout au long du processus de fabrication. Être indépendant et fabriquer sa propre collection permet d’intervenir dans toutes les étapes de production, ce qui constitue en soi un vrai challenge, et c’est passionnant !

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Ludovic : Nous voulons en savoir plus sur la vie d’un dirigeant d’une jeune marque indépendante. À quoi ressemble une journée type pour toi ?

Romain : Je ne me perçois pas comme un dirigeant mais plutôt comme un homme orchestre. Nous sommes une petite équipe de trois personnes. Nous sommes obligés de tout faire nous-mêmes. Nous intervenons d’ailleurs dans des domaines pour lesquels nous n’avions au départ aucune connaissance particulière. Pas de journée type. Il faut tout le temps gérer un maximum d’imprévus, répondre aux demandes, trouver des solutions… Je peux passer une journée à shooter mes modèles et le lendemain me rendre à l’atelier pour contrôler la production et préparer l’envoi des commandes.

Ludovic : Les valeurs de ta marque sont plutôt rebelles. Quel message voulais-tu transmettre en créant de tels garde-temps ?

Romain : J’avais envie de donner ma vision des vanités dans son affirmation qu’il faut profiter de chaque instant. Montrer qu’un crâne, ce n’est pas forcément le côté sombre de la vie, mais aussi un véritable symbole de liberté et de non-conformisme. Les modèles Motor Skull allient l’horlogerie classique et l’esprit rock. Mais je ne voulais pas être vulgaire. Avec ce type de motif, on peut vite tomber dans le 1er degré.

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Ludovic : Une question reste en suspend. Peux-tu nous en dire plus sur les mouvements de la collection Motor Skull ?

Romain : Ce mouvement est un mouvement automatique suisse, produit au Locle. Je ne pouvais pas concevoir un crâne sans un mouvement squelette. C’est le cœur de la montre, son entité vivante. Il est fascinant de pouvoir admirer ses rouages, sa mécanique.

Ludovic : Selon toi, à quoi ressemble le porteur d’une montre Romain Vollet ?

Romain : La montre Motor Skull s’adresse à un style masculin casual chic. Mes clients sont plutôt à la recherche d’une montre ayant du caractère, tout en étant facile à porter en diverses occasions. Son côté intemporel attire aussi bien des hommes jeunes que des hommes plus âgés. Elle est à la fois classique et originale.

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Ludovic : Comment vois-tu le futur de ton entreprise ? Quelle est ton ambition ?

Romain : Les choses se font étape par étape, car il est difficile à mon niveau de se projeter sur le long terme. J’aime évoluer à mon rythme, observer et m’adapter. Mon ambition première à l’heure actuelle est de réussir à me faire connaître, me faire ma place sur le marché horloger.

Ludovic : As-tu d’autres passions ? Que fais-tu en dehors du travail ?

Romain : La musique bien sûr me passionne. Je suis vrai mélomane, j’écoute des genres musicaux très éclectiques allant de la soul à l’indie rock, en passant par le jazz et l’électro. Le domaine sportif occupe également une large place. J’ai toujours été un fan des sports de glisse. Je pratique le snowboard et le surf quand mon emploi du temps me le permet. Décompression et plaisir me sont indispensables !

Ludovic : Pour finir, où peut-on acheter la Motor Skull ?

Romain : Pour le moment nous n’avons pas encore de point de vente. En attendant, nos clients nous contactent directement via notre site pour passer commande.

Forcément, le prix est une question que nous ne pouvons éviter. Vous vous demandez combien coûtent donc ces garde-temps atypiques ? Les tarifs démarrent à 2 250 CHF (environ 2 250€)…C’est un peu le prix de l’indépendance.

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