Depuis quelques années, un retour aux sources de la part de nombreuses manufactures se fait ressentir. Un retour à l’esprit vintage redonnant naissance à des classiques qui ont marqué leur temps. Ou qui ont du moins l’air de l’avoir fait car à en voir toutes les montres vintage défiler sur Instagram, il y a  en effet quelque chose de profondément ancré dans le paysage horloger actuel. À la demande populaire ou non, il est vrai que le milieu du siècle dernier a donné naissance à de véritables petits chefs d’oeuvres durant une époque où la course à la performance menait la barque et où le style était résolument différent. Nous avons déjà passé en revue l’Alpina Seastrong Diver Heritage, mais l’exemple le plus probant sur le marché est de loin la Tudor Heritage Black Bay. Aujourd’hui nous nous intéressons à une autre montre de plongée qui fait beaucoup parler d’elle : l’Oris Diver Sixty-Five.

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Oris : Histoire d’une manufacture suisse centenaire

Commençons par un peu d’histoire. C’est en 1904 que démarre l’aventure suite au rachat d’une usine de montres nommée Lohner & Co qui venait tout juste de fermer ses portes dans la petite ville d’Hölstein près de Bâle en Suisse. Sous l’impulsion de Paul Cattin et de Georges Christian et après signature d’un contrat avec le maire, Oris devenait officiellement une société nommée après un ruisseau situé près de là. En à peine 4 ans et en pleine expansion, la société possédait déjà 3 usines, devenant quelques temps plus tard le principal employeur de la région avec près de 300 personnes. D’abord spécialisée dans les montres de poche, ce n’est qu’en 1925 que Oris développe ses premières montres-bracelets simplement en ajoutant des attaches sur les boîtiers. À la mort de Georges Christian en 1927, Jacques-David LeCoultre devient président du conseil d’administration, le même homme derrière la fusion de Jaeger et de LeCoultre qui aura lieu 10 ans plus tard. En 1938, le modèle la Big Crown voit le jour, un modèle dédié aux pilotes avec une couronne surdimensionnée ainsi qu’une fonction de « pointer calendar ».

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En 1952, le premier mouvement automatique signé Oris fait son apparition, le calibre 601, avec affichage de réserve de marche. En 1965 naît une légende, une montre de plongée avant-gardiste dont on vous laisse deviner son nom. Trois ans plus tard, le premier chronographe manufacture Oris 652 voit le jour et obtient un certificat de chronomètre du prestigieux Observatoire Astronomique de Neuchâtel, la plus haute distinction en la matière. À cette époque, Oris est l’une des dix plus grandes entreprises horlogères, produisant plus de 1,2 millions de montres et réveils par année. Dans les années 1970, la marque s’aventure dans le milieu du sport automobile avec la Chronoris devenue emblématique. Mais au début des années 1980, les choses de corsent avec la crise du quartz et la marque organise un rachat par ses cadres qui prennent la décision de se concentrer sur les garde-temps mécaniques. Une décision à contre-courant qui finit par marcher. Par la suite, les innovations se succèdent jusqu’à obtenir le statut de marque incontournable qu’on lui connaît aujourd’hui.

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La collection Diver Sixty-Five

Un demi-siècle après sa sortie, l’emblématique Oris Diver 65 est dévoilée au salon de Bâle de 2015. Cette montre de plongée à l’allure résolument vintage est une interprétation moderne du célèbre modèle Divers Sixty-Five. À l’époque, le boîtier en laiton surmonté d’un verre en plexiglas et d’une lunette bidirectionnelle se distinguait de par son étanchéité de 100 mètres avec un bracelet noir aux accents tropicaux. Aujourd’hui, ce modèle reprend à merveille les lignes du modèle des années 1960 avec un diamètre ainsi que des techniques de fabrication plus modernes. Le boîtier passe à l’acier inoxydable tandis que le verre en plexiglass cède sa place à un verre saphir bombé. Fidèle à elle-même, la marque Oris poursuit sa quête en proposant une montre authentique pour des êtres authentiques. Et maintenant, passons cette plongeuse à la loupe!

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Boîtier

Le boîtier de cette Oris Diver 65 est en acier inoxydable, brossé sur le dessus des cornes puis poli partout ailleurs. Au poignet, cela lui donne un air plus sobre et sportif…mais pour une utilisation au quotidien, la carrure et le fond de boîte seront pour le coup propices aux micro-rayures. Ce boîtier mesure 40mm de diamètre (hors couronne) par 47,5mm de longueur pour une épaisseur de 11,5m, sans compter le verre bombé qui ajoute un peu plus de 2mm de hauteur. Ce sont selon nous des dimensions très intéressantes : largeur idéale pour tous les poignets, cornes ni trop longues ni trop courtes, puis une finesse relative. Cette finesse est d’ailleurs très accentuée par sa carrure dont le design donne l’impression de faire à peine 3,5mm alors qu’à cela s’ajoute discrètement de l’épaisseur sur un biseau juste au-dessus du fond de boîte, puis sur le fond de boîte lui-même avec un design convexe.

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Ses lignes sont très simples et reprennent à merveille le design d’origine de la montre, mais mis au goût du jour notamment au niveau de la lunette en acier (avec traitement DLC) dont l’insert est en aluminium afin de réaliser des marquages argentés qui lui confèrent un look rétro. Cette lunette uni-directionnelle arbore pour le coup deux teintes de noir, un design fin mais aussi un nouveau système de 120 clics extrêmement agréable à tourner : léger et précis avec une excellente prise. Fidèle à sa grande-soeur des années 1960, ce boîtier est étanche à 100 mètres avec un fond de boîte ainsi qu’une couronne vissés. Ce n’est donc pas une montre de plongée professionnelle, mais soyons honnêtes : entre la voiture, le métro et le boulot la semaine puis les petites sorties du week-end voire à la plage, peu en ont réellement l’utilité. Oris reste donc fidèle à son crédo. C’est également un choix justifié par une contrainte d’épaisseur car pour atteindre les 20 ATM, l’embonpoint aurait été en trop grand décalage avec le look d’origine.

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Cadran

De nombreuses options sont offertes au niveau des cadrans. De notre côté, nous avions grandement envie d’ausculter la version bleue qui, avec ses reflets, paraissait très prometteuse. Au centre, le fond est d’un bleu très profond et presque mat, alors que sur tout le reste du cadran, on retrouve une sublime finition métallisée jouant perpétuellement avec les reflets. C’est là que les larges index couverts de SuperLuminova « light old radium », histoire de ressembler au vieux radium, font parfaitement leur travail. Car avec un verre bombé en plus, la lisibilité aurait pu être plus ardue. Ici, ce n’est pas le cas, bien au contraire. Ensuite, les aiguilles sont assez proches de celles d’origine, mais retravaillée avec plus de détails : celle des heures divise la couche de luminescence, celle des minutes est plus fine, tandis que la trotteuse s’arme d’un style « lollipop » comme sur la Rolex Submariner. Le résultat est superbe pour un look vintage ravageur qui captive le regard. Et la nuit, grâce à ses larges index, c’est un véritable phare. Pour finir correctement les choses, cette petite plongeuse est coiffée d’un verre saphir doublement bombé avec traitement anti-reflets sur la face intérieure. On aime !

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Mouvement & réglage

Côté mouvement, cette montre est équipée d’un calibre Oris 733, soit un Sellita SW 200-1 modifié. Ce mouvement suisse est l’héritier légitime de l’ETA 2824-2, mais ne possède pas encore son aura ni son expérience. C’est là son point faible. Cela dit, c’est tout de même un bon mouvement, fiable et sans entretien coûtant les yeux de la tête. Celui-ci oscille à 28’800 alternances par heure, dispose de 26 rubis ainsi qu’une réserve de marche 38 heures. Hormis la décoration, difficile de dire ce qui a été modifié. Histoire de voir si la précision a été affectée, nous l’avons passé sous notre chronocomparateur Lepsi. Voici les résultats : précision de marche de 4,2 secondes par jour avec une amplitude de balancier de 287°. Grande surprise qui nous amène à une conclusion évidente : la Diver Sixty-Five intègre donc la meilleure version de ce calibre Sellita. Car en version Standard, la précision est de +/- 12 secondes par jour, +/- 7 secondes en version Élaboré, puis +/- 4 secondes en version Top. Le seul niveau supérieur étant la certification COSC. Au niveau des réglages, la couronne vissée est très facile à prendre en main étant donné qu’il n’y a pas de protège-couronne, puis le reste respecte les traditions : remontage en position 1, réglage de la date en position 2 puis réglage de l’heure en position 3. Tout est très agréable à tourner, il n’y a pas d’accrocs.

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Bracelets & confort

Commençons par le premier bracelet en caoutchouc noir qui donne vraiment une « gueule » à cette montre Oris. Sur le papier, c’est un simple bracelet en caoutchouc noir au style tropic avec une boucle ardillon en acier brossé. Mais une fois sur le poignet, une sensation de souplesse et de douceur extrême vous envahit : c’est de loin le bracelet caoutchouc le plus agréable que nous ayons eu l’occasion de porter. Les croisillons sont très fins, les perforations régulières et le revers bien étudié pour faire respirer la peau tout en limitant son contact.

Ensuite, le bracelet en acier à 3 maillons style Oyster est aussi surprenant. Très simple avec un brossage vertical, il est agrémenté de rivets sur les arêtes qui lui donnent un certain cachet. De 19-20mm au niveau de l’entrecorne, celui-ci s’affine jusqu’à 14mm au niveau de la boucle. Il devient pour le tout très fin pour un look vraiment rétro. Il semblerait d’ailleurs que ce soit sensiblement le même que celui utilisé durant les années 1960 par Oris sur les Divers Sixty Five. L’acier est doux sur la peau, relativement léger puis la boucle déployante s’ouvre sur pression des deux poussoirs. Et ne vous attendez pas à une extension de plongée, nous avons déjà abordé le sujet !

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Notre avis sur la montre

N’appelons pas cela une grande surprise, car nous avions bien remarqué l’engouement autour de cette montre Oris Diver Sixty-Five. Nous-mêmes étions fans lors de l’annonce au Baselworld l’année dernière et avions donc des attentes. Oris les a amplement atteintes voir dépassées. Tout est bien fait, tout est bien pensé. C’est une montre indéniablement rétro avec un look qui attire le retard sans pourtant flasher. Elle est bien moins bourgeoise que ses concurrentes, mais plus « sportive », plus sobre et plus décontractée. De notre côté, nous avons choisi le fond bleu, mais toutes les déclinaisons disponibles ont de quoi vous faire tourner la tête. Il y en a vraiment pour tous les goûts avec 18 modèles disponibles offrant différents bracelets, diamètres, matières de boîtier, couleurs de cadran et types d’index. Alors oui, pour le prix, vous pourrez trouver de meilleures affaires chez de plus petites marques. Mais si vous comparez avec les véritables concurrents d’Oris, c’est une excellente option. En toute franchise, quitte à choisir selon nous, ce serait soit celle-là, soit la Longines Legend Diver. Quoi qu’il en soit, ce sera indéniablement un petit bout d’histoire avec du caractère.

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Montre Oris Diver 65 / Caractéristiques

  • Boîtier : Acier inoxydable  / Finition mi-brossée mi-polie
  • Diamètre : 40mm
  • Longueur : 47,5mm
  • Épaisseur : 11,5mm
  • Entrecorne : 20mm
  • Type de verre : Verre saphir bombé/ Traitement anti-reflets
  • Luminescence : SuperLuminova « ight old radium »
  • Mouvement : Automatique calibre Oris 733 (base Sellita SW-200-1)
  • Bracelet : Caoutchouc ou acier inoxydable
  • Type de fermoir : Boucle ardillon ou déployante / Finition brossée
  • Résistance à l’eau : 10ATM / 100m
EN SAVOIR PLUS /  DÈS 1700€