Le 24 Octobre 2019, A. Lange & Söhne dévoilait son nouveau modèle : l’Odysseus. Une montre qui marque un tournant pour la manufacture allemande : en effet, c’est son premier modèle en acier produit en série. Avec l’Odysseus, A.Lange & Söhne vise clairement la Sainte Trinité horlogère : Audemars Piguet, Patek Philippe et Vacheron Constantin, et leur modèle iconique respectif : la Royal Oak, la Nautilus et l’Overseas. Pour cela, l’Odysseus joue avec les mêmes cartes : boîte en acier, look sport-chic, bracelet intégré, finition exceptionnelle et mouvement manufacture. À cela vient s’ajouter un autre défi : rester fidèle à l’ADN de la marque tout en créant un montre plus sportive que la production habituelle. Un challenge à la hauteur de la maison allemande.

La manufacture allemande par excellence

A. Lange & Söhne fut fondée en 1845 en Saxe, près de Dresde, par Ferdinand A. Lange (ne cherchez pas qui était « Söhne », cela signifie simplement « fils » en allemand). Pendant 100 ans, la manufacture bâtit sa réputation sur la production de montres à gousset parmi les plus prisées dans le monde. Mais la Seconde Guerre mondiale contraint la maison à stopper ses activités pendant plus de 40 ans. Ce n’est qu’après la chute du mur de Berlin en 1989 et la réunification de l’Allemagne que A.Lange & Söhne put de nouveau se mettre au travail.  Le but était alors clair : essayer de tirer son épingle du jeu face aux imposants voisins helvétiques. Il faudra encore attendre 5 ans pour voir un nouveau modèle sortir de la manufacture, la Lange 1. L’Odysseus marque le 25ème anniversaire de la renaissance de la marque. Par son nom, elle évoque ce long voyage semé d’embuches, ces 25 années de dur labeur qui ont permis à A. Lange & Söhne de refaire surface et de se hisser au premier plan de l’horlogerie de luxe allemande, mais aussi mondiale.

Un pur produit A. Lange & Söhne

Dès le premier regard, l’observateur averti se rendra compte que l’ADN de la marque est respecté. Impossible de s’y méprendre. Le cadran reprend les éléments fondateurs du style de la marque : écriture en arc de cercle, clarté des informations, finesse des éléments…On retrouve également deux grands guichets dateurs, à 3h et 9h, respectivement pour la date et le jour, qui rappellent inévitablement l’un des modèles emblématiques de la marque : la Zeitwerk. La partie extérieure du cadran présente une finition « azurée », c’est-à-dire constituée de nombreux cercles concentriques extrêmement fins. La partie centrale est quant à elle grainée. Cette alternance des textures se retrouve également au niveau du sous-cadran de la petite seconde, comme une reproduction en miniature du grand cadran. Les index en or blanc sont biseautés, tandis que les aiguilles, en or blanc elles aussi, adoptent une forme plus douce dite « alpha ».

La couleur bleue est magnifique, et permet un très bon contraste avec les éléments blancs. La seule note de rouge est le « 60 » posé à 12h sur le chemin de fer des minutes, comme une petite concession faite à l’élégance, au profit de la sportivité de la montre. L’ensemble du cadran est évidemment d’une finition hors-norme. Mais ça, les habitués de la marque s’en doutaient déjà. La lunette, très fine, est entièrement lisse et polie, comme si A. Lange & Söhne avait refusé de céder aux sirènes des lunettes acier imposantes, de type Nautilus ou Overseas.

Le boîtier est parfaitement circulaire. Avec 40.5mm de diamètre et 11.1mm d’épaisseur, il garde un gabarit assez contenu. Il est entièrement en acier, ce qui représente une première pour A.Lange & Söhne. De face, sa forme est asymétrique, en raison des poussoirs en forme de gâchettes de part et d’autre de la couronne. Ils permettent de régler la date et le jour par simple pression. À la fois robuste et pratique. Bien sûr A.Lange & Söhne aurait pu opter pour des micros boutons à actionner avec une tête d’épingle (comme sur la Saxonia par exemple), mais il s’agit bien là d’un modèle sportif pour lequel ce choix prend tout son sens. De plus, cette asymétrie donne aussi son identité à la montre. D’ailleurs, il y a fort à parier que si l’Odysseus avait présenté ces excroissances sur les deux côtés, la majorité des observateurs aurait crié au plagia de la Nautilus. La couronne, évidemment signée, est vissée pour garantir l’étanchéité à 120m.

En retournant la montre, c’est un vrai spectacle qui s’offre à nous. Le calibre maison, référence L155.1 Daytomatic est un au moins aussi beau que la montre elle-même. Entièrement décoré, c’est un mouvement à la fois sublime et performant : 50 heures de réserve de marche, 31 rubis, 28,800 alternances par heure, une architecture innovante pour prévenir des chocs…Le pont, gravé de motifs ondulés, est une pièce d’art à lui tout seul. Sa masse oscillante, en platine, est finement ajourée. Du grand art.

Le bracelet intégré est certainement l’élément qui fait le plus débat. Tout comme le reste de la montre, la qualité de sa réalisation est au-dessus de tout soupçon. Avec ses 5 maillons sur la largeur, il fait penser aux bracelets « grains de riz » typiques des années 60 et donne un léger côté vintage à la montre. Chaque maillon est anglé, chaque arrête est biseautée et polie. Il est micro-ajustable, grâce à un système très ingénieux : en appuyant sur le bouton circulaire de la boucle déployante, il peut s’étendre de 7mm, sans aucun outil. Idéal pour les poignets qui auraient tendance à gonfler avec la chaleur. De plus, grâce à un petit bouton situé à l’intérieur de chaque maillon, la mise à la taille pourra se faire facilement avec un simple chasse-goupille. Finition, aspects pratiques et confort sont bel et bien au rendez-vous. Mais ce sont les proportions de ce bracelet qui posent question. Sa largeur, surtout au niveau des cornes, a tendance à donner un aspect massif à la montre, qui jure avec l’élégance du boîtier. D’aucuns imagent déjà l’Odysseus sur un bel alligator bleu, mais A.Lange & Söhne ne prévoit pour l’instant la montre que sur bracelet acier.

Pari réussi ?

L’Odysseus est une montre qui marque un tournant chez A. Lange & Söhne. Mais c’est aussi une montre qui divise. Tout le monde s’accorde sur la qualité de son cadran, sa finition exemplaire et son mouvement spectaculaire – 3 constantes chez la manufacture allemande – alors que l’imposant bracelet et les proportions inhabituelles font débat. S’agit-il d’un « acquired taste », c’est-à-dire un modèle qui a besoin de temps pour être apprécié ? Seul l’avenir nous le dira. Mais pour rappel, même la mythique Royal Oak reçut un accueil mitigé lors de sa sortie, en 1972. Difficile de dire si avec l’Odysseus, A. Lange & Söhne parviendra à faire trembler la Sainte Trinité helvétique. Toujours est-il qu’il s’agit là d’un modèle qui fait parler et qui ne laisse pas indifférent. Peut-être était-ce ça le vrai pari de A.Lange & Söhne ? Son prix : 28,800€

Montre A. Lange & Söhne Odysseus 363.179 / Caractéristiques

  • Boîtier : Acier inoxydable / Finition brossée et polie
  • Largeur : 40,5mm
  • Épaisseur : 11,1mm
  • Type de verre : Verre acrylique bombé
  • Fond de boîte : Plein avec trappe
  • Mouvement : Automatique / Calibre L155.1
  • Bracelet : Acier inoxydable plié
  • Boucle : Déployante / Finition brossée
  • Résistance à l’eau : 12 ATM / 120 mètres
  • Garantie : 2 ans
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