Il y a des montres qui racontent une époque, d’autres qui marquent un tournant. Avec la Type 14, LIP réussit à faire les deux via un triptyque comprenant une Nautic 666 et une Annapurna. Héritière directe des montres d’aéronef des années 1930, cette pièce est aussi le porte-étendard d’un mouvement dit de manufacture, conçu et assemblé à Besançon. Entre mémoire historique et nouvelle ambition industrielle, cette montre réveille quelque chose de désormais rare dans l’horlogerie hexagonale : la fierté d’un savoir-faire français que LIP s’efforce de faire renaître là où tout a commencé.
LIP : une histoire mouvementée au service du temps
Fondée en 1867 par Emmanuel Lipmann, LIP s’est imposée comme un pilier de l’horlogerie française, en alliant innovation technique et engagement social. De la première montre électrique à la gestion ouvrière des années 1970, l’histoire de LIP est indissociable des bouleversements du XXème siècle. Mais au-delà des symboles, la marque a toujours su produire des instruments de mesure fiables et dans l’ère du temps, avec un souci de précision, de lisibilité et de fonctionnalité. C’est cette réputation qui lui a valu d’être sollicitée dès les années 30 par l’Armée de l’Air française, à une époque où les montres de bord devenaient stratégiques. La Type 14 était alors une montre d’aéronef robuste, vissée sur les tableaux de bord de chasseurs comme le Morane-Saulnier MS.406 ou le Dewoitine D.520. Son boîtier léger, sa lunette cannelée et sa facilité de manipulation même avec des gants en faisaient un allié essentiel dans les cockpits. Aujourd’hui, la Type 14 renaît sous forme de montre-bracelet, fidèle à son passé aéronautique tout en s’inscrivant dans une démarche contemporaine, animée par un mouvement de manufacture locale. Une manière pour LIP de raconter une histoire tout en en écrivant une nouvelle.
Une montre-outil contemporaine à l’ADN aéronautique
Inspirée de la montre d’aéronef Type 14, cette version moderne est dotée d’un boîtier en acier inoxydable 316L brossé de 41mm pour 14,4mm d’épaisseur (verre bombé compris), équipé d’une lunette interne bidirectionnelle avec index triangulaire, manipulable via la couronne vissée à 2h, qui semble flotter et qui a d’ailleurs requis le plus de travail dans l’élaboration de la boîte. Son cadran noir texturé façon tarmac d’aéroport affiche de grands chiffres arabes luminescents “old radium”, offrant une lecture claire dans toutes les conditions. Un verre saphir légèrement bombé avec traitement antireflet protège l’ensemble, renforçant la lisibilité sans nuire au charme rétro. La montre est montée sur un bracelet en cuir nubuck beige, fermé par une boucle ardillon exclusive à la gamme LIP Manufacture. La montre est étanche à 100 mètres, avec fond transparent vissé, permettant d’observer le mouvement automatique LIP R26. À chaque mouvement du poignet, le logo LIP apparaît subtilement sur la masse oscillante, fruit d’un usinage micrométrique, pour venir se superposer sur le pont formant le logo de la maison. Chaque pièce est numérotée individuellement, sans pour autant être éditée en série limitée.
Le calibre R26 : un moteur français pour une ambition nouvelle
C’est la grande fierté de cette Type 14 : son mouvement de “manufacture” R26, conçu et assemblé à Besançon. Il s’agit du premier calibre automatique bisontin depuis l’ère Fred LIP, développé en collaboration avec l’école SupMicroTech sur la base d’un Miyota 8215. Sa base mécanique largement éprouvée a été profondément retravaillée par rétro-ingénierie pour concevoir une version décorée, fiable et produite à plus de 70% en France. Ce n’est certes pas ce que l’on appelle un “mouvement manufacture”, mais la réalité est que nombreuses sont les maisons à ne faire qu’usiner la platine et les points pour une raison très simple : le reste relève de métiers à parts entières que seules les plus grandes maisons peuvent se targuer de maîtriser. Et ne parlons même pas du spiral… Cela permet à LIP de contenir le prix de ces nouvelles montres, car il aurait été illogique pour la marque de proposer des montres avoisinant les 2 000€. D’un diamètre de 26mm pour 5,92mm d’épaisseur, il affiche 42 heures de réserve de marche, une fréquence de 21’600 alternances par heure (3Hz), un stop-seconde et un réglage individuel effectué en atelier. Les vis hexagonales sur la masse oscillante et les ponts rappellent discrètement l’origine hexagonale de la pièce. Le diable se cache dans les détails, à tel point qu’il faut souvent les relever !
Notre verdict
Quand on voit la prise de risque que représente le passage en manufacture, ce que LIP fait ici avec le R26 est logique. Elle s’entoure de prestataires de confiance, se base sur une recette éprouvée (ce que font très bien les suisses avec l’ETA 2824) et demeure dans sa gamme de prix. Ainsi, la Type 14 Automatique 41mm incarne ce que beaucoup attendaient d’une montre française : une vraie légitimité historique, une exécution sérieuse, un mouvement maison et un prix accessible. Bien finie, fonctionnelle et porteuse de sens, elle ravira aussi bien les amateurs d’aviation que ceux en quête de valeurs horlogères locales et engagées. Proposée à 990 € pour cette version montée sur cuir, puis grimpant jusqu’à 1 090 € pour le modèle noir entièrement en acier, la Type 14 est déjà disponible sur le site officiel de LIP et chez les revendeurs agréés. Et parfois, il suffit d’une journée avec une montre bien née pour retrouver foi en l’horlogerie française… sans avoir à casser son PEL !
CARACTÉRISTIQUES – LIP TYPE 14 AUTOMATIQUE
Boîtier : Acier inoxydable 316L
Dimensions : 41mm de largeur x 14,4mm d’épaisseur
Étanchéité : 100 mètres (10 ATM)
Cadran : Noir texturé façon tarmac
Mouvement : Automatique
Calibre : LIP R26D
Bracelet : Cuir camel façon nubuck
Boucles : Ardillon
Prix : 990 – 1 040 € TTC
juin 27, 2025
Bonjour,
La formule « passage en manufacture « est usurpée selon moi , vous ne devriez pas utiliser le mot manufacture car cela n’est absolument pas le cas.
Ce qui n’enlève en rien à la réussite de ce modèle ou de la marque évidemment.
Merci également pour cet article
juin 27, 2025
Une montre à l’esthétique attachante et à l’inspiration originale, que j’ai eu la chance de découvrir lors des 24h du Temps. Malgré une présentation particulièrement médiocre de la part de Pierre-Alain Bérard, le jeu de la lunette interne apporte une vraie singularité au modèle.
Son diamètre de 41 mm, combiné à une large ouverture, la rend visuellement imposante au poignet. Le cadran, quant à lui, souffre d’un déséquilibre : quatre lignes de texte pour mettre en avant un simple Miyota série 8 à peine retravaillé, dommage.
Espérons que l’ambition de LIP permettra de redonner un véritable élan au bassin horloger du Doubs.
juin 27, 2025
La montre est jolie mais je trouve que l’utilisation du Miyota 8215 est discutable… Une recherche rapide permet de se rendre compte que c’est un mouvement qu’un particulier peut acheter dans les trente euros (alors à combien est-il facturé à une compagnie ?) et qu’on retrouve dans des pièces à moins de cent euros.
Redécorer un mouvement n’améliore en rien ses performances… Au contraire, l’utilisation de vis hexagonales, en réduisant la maintenabilité du mouvement (pas moyen pour un horloger indépendant de l’attaquer avec des tournevis standards !), constitue une downgrade par rapport à un 8215 standard…
En bref, LIP a beaucoup d’aplomb d’y coller l’appellation manufacture et d’en demander autant, pour le prix il y a une multitude de meilleures options en terme de caractéristiques techniques.
juin 28, 2025
Tous sauf manufacture….
Le guichet date horrible est inutile gâche le cadran tous comme les 4 lignées de texte.
Dommage elle aurait pu être belle…
août 6, 2025
Je trouve la majorité des commentaires inutilement durs, en plus d’etre injustes. Mais le Lip bashing a la peau dure.
A partir de quel niveau d’intégration peut on parler de mouvement manufacture? Ca n’est défini nulle part, mais dans les faits, et comme le précise l’article, meme les plus grands ne fabriquent pas l’intégralité des composants qu’ils montent. Et 70% de pièces spécifiques me semble très honorable, et meme assez exceptionnel à ce niveau de prix. Quand on voit d’ou vient l’industrie horlogere francaise, on devrait se féliciter de voir renaitre, petit à petit, cette filière industrielle dans notre pays.
Sinon je souscris aux critiques relatives à la surabondance de texte sur le cadran. Lip est coutumier du fait, et l’esthetique de leurs montre gagnerait à épurer tout ca…