C’était l’actualité phare de l’année. Dès la fuite des premières images, la sphère horlogère a cru à un canular. Et pourtant, l’idée était si folle qu’elle relevait du génie, sans compter que les deux marques appartenaient au même groupe. Au grand dam des puristes, la collaboration Swatch x Omega est une réalité et le concept est détonant, en tout cas sur le papier. Pour nous faire notre propre idée sur la MoonSwatch, nous avons passé une journée avec le modèle Mission to Mercury.

Swatch x Omega : la collab’ de la décennie

La Speedmaster est incontestablement le modèle le plus iconique du Swatch Group qui compte tout de même Breguet, Blancpain ou encore Longines dans ses rangs. Et tandis que la marque Swatch a sauvé la société – pour ne pas dire l’industrie suisse – c’est depuis plusieurs années un gouffre en terme de pertes financières. C’est pourquoi cette collaboration entre deux marques à l’opposé du spectre horloger était stratégique pour raviver la flamme du bébé de Nicolas Hayek. Elle permettait également à tous les amateurs d’horlogerie, quel que soit leur budget, de toucher du bout du doigt un de leurs graals, créant une notion d’accessibilité du luxe assez unique. Au total, la MoonSwatch, ce sont 11 modèles qui rendent hommage à tout le système solaire, planètes, soleil et lune tout en s’inspirant de références précises de la Speedmaster à travers l’histoire. Que demande le peuple ?

Boîtier

Allez, penchons-nous sur cette « Speedmaster » en commençant par son boîtier. Ce qui marque au premier abord, c’est à quel point des proportions de celui-ci sont fidèles à celles de la Moonwatch Professional. Une largeur en 42mm qui ressemble plutôt à un 40mm étant donné le côté asymétrique du boîtier, permettant aux poussoirs et à la couronne de se cacher partiellement dans la carrure. Tous les éléments de design sont là : le verre double dôme, cette lunette si particulière et ces cornes en lyres. En revanche, la matière est radicalement différente : du BioCeramic, mélange de céramique (en majorité) et de plastique produit à base de graines de ricin. Rien ne précise la matière du verre qui a tout d’un verre acrylique, notamment son côté polissable, mais en encore plus fragile. Le Polywatch est une nécessité car simplement en l’essayant et en remettant dans la boîte, la montre était rayée. C’est le plus gros problème de la MoonSwatch : sa fragilité et sa passion pour les rayures (qui affectent également le boîtier).

Cadran

C’est ici que réside la principale différence esthétique avec la vraie Speedmaster. Il aurait été irrationnel de créer un nouveau mouvement à quartz pour l’occasion, la MoonSwatch utilise donc un calibre ETA existant dont la disposition des sous-compteurs est radicalement différente. Ici, les totalisateurs ne sont pas les mêmes ni au bon endroit. Au lieu du totalisateur de 30 minutes à 3 heures, du totalisateur de 12 heures à 6 heures et de la petite seconde à 9 heures, nous avons un compteur de 10ème de seconde à 2 heures, une petite seconde à 6 heures et un totalisateur 60 minutes à 10 heures. Cette nouvelle disposition a forcé Swatch à déplacer la mention « Speedmaster » et à ajouter le mot « MoonSwatch » pour équilibrer le tout. Le mot « Professional » lui, est réservé au modèle approuvé à la NASA, il a donc été évincé. En revanche, polices, index, échelle de minuterie et aiguilles sont identiques, ce qui crée très bien l’illusion. On aime aussi le côté gris au centre du cadran de ce modèle Mission to Mercury qui casse un peu la monotonie de la montre et ajoute une jolie homogénéité avec la couleur du boîtier.

Mouvement

Nous l’avons mentionné, le mouvement qui anime cette MoonSwatch est un quartz signé ETA. Plus précisément, il s’agit du calibre G10.212 doté de la technologie PreciDrive permettant une précision à +/-10 secondes par année (soit 0,027 seconde par jour) et offrant une autonomie de 38 mois. Vu l’étanchéité de seulement 3 bars, la bonne nouvelle est qu’au moment venu de changer la pile, il ne sera pas nécessaire de refaire l’étanchéité (et donc de faire quadrupler la facture). C’est un quartz d’entrée de gamme, donc rien de très intéressant pour les yeux, mais ça reste très pratique et surtout très précis.

Bracelet

Voici un élément qui ne plaira pas à tout le monde. Le bracelet est assez particulier, non pas à cause de la construction en Velcro en elle-même, mais à cause de sa finition, de sa praticité et de son confort. Si vous vous attendiez à un semblant du bracelet que l’on retrouvait dans le superbe écrin de la Speedmaster Professional – qui est désormais vendu séparément – vous vous mettez le doigt dans l’oeil. D’une part, sa finition satinée, quasi-irisée est à elle-même problématique tant elle tranche avec la finition matte de la montre, mais elle lui confère de surcroît un côté accessoire de mode et casse le mythe. Ensuite, ce bracelet fait clairement « cheap » et c’est une vraie tannée à enfiler au poignet en comparaison avec une boucle ardillon. Pour compléter le tout, ceux qui ont déjà porté des bracelets Velcro le savent : c’est irritant et pas confortable pour un sou.

Écrin

Au niveau du packaging, on apprécie tous les petits efforts menés par Swatch pour donner une petite touche cool à la montre tout en personnalisant les surboîtes des 11 modèles qui peuplent cette collection. Mais cela reste un écrin très basique, plastifié et à la hauteur du budget que vous allez y consacrer. Amateurs de montres, vous avez été très mal habitués, n’ayez aucune attente élevée à ce niveau-là. À ce prix là, c’est normal.

Notre avis sur cette MoonSwatch

Jamais nous n’avons eu autant de critiques à faire sur une montre. Pourtant, nous l’aimons cette MoonSwatch, ou plutôt nous aimons l’idée de ce qu’elle représente. Malgré tout, nous restons pointilleux et devons relever ses défauts comme ses qualités. Esthétiquement, c’est une montre vraiment cool, il n’y a rien à dire. Techniquement, c’est une montre vraiment très fragile, c’est son plus gros défaut. Utiliser un matériau écologique pour fabriquer une montre, c’est très bien, mais c’est absurde si c’est pour créer un objet jetable, d’autant que 250€ ce n’est pas une somme négligeable si l’on prend en compte sa longévité limitée. Démocratiser la Speedmaster et la colorer dans tous les sens, c’est une idée de génie, c’est d’ailleurs la meilleure depuis bien longtemps. Mais si vous voulez absolument une Speedmaster et n’avez pas le capital, n’oubliez pas que neuve ou d’occasion, c’est entre 80 et 120€ par mois pendant 5 ans à crédit. C’est un mot tabou, mais c’est la réalité. Notre conseil : gardez donc votre argent pour acheter une montre que vous pourrez donner à votre enfant. Peut-être d’ailleurs qu’en créant une pénurie artificielle, c’est ça la véritable stratégie du Swatch Group : vous faire cogiter et acheter une Omega… et peut-être au passage vous amener à acheter une Swatch en stock en boutique.

Plus d’informations sur le site officiel de Swatch.

Montre Swatch MoonSwatch « Mission to the Moon » – Réf. SO33M100 / Caractéristiques

  • Boîtier : Bioceramic
  • Largeur : 42mm
  • Longueur : 47,3mm
  • Épaisseur : 13,2mm
  • Entrecorne : 20mm
  • Photoluminescence : Oui / SuperLumiNova
  • Insert de lunette : Bioceramic
  • Type de verre : Verre acrylique
  • Fond de boîte : Plein
  • Mouvement : Quartz
  • Calibre : ETA G10.212
  • Autonomie : 38 mois
  • Bracelet : Sangle en velcro
  • Résistance à l’eau : 3 ATM / 30 mètres
  • Édition limitée : Non
  • Garantie : 2 ans