Il est des montres qui ne cherchent pas à impressionner par leur design ni par une avalanche de complications superflues. Elles séduisent par leur cohérence, leur équilibre, et cette impression subtile que tout est à sa place. C’est exactement ce que l’on ressent face à la nouvelle Quantième Annuel de Berneron, une pièce d’exception où la technique horlogère se dissimule derrière une esthétique d’une pureté rare.
Berneron, une maison discrète mais visionnaire
Fondée avec la volonté de proposer une horlogerie indépendante et audacieuse, Berneron s’est imposée dès sa première collection comme un acteur singulier. Ce n’est pas pour rien si la Mirage Sienna a remporté le Prix de l’Audace au Grand Prix de l’Horlogerie de Genève l’année dernière, une prouesse pour une jeune maison d’une part, mais surtout dès sa première collection ! La Quantième Annuel s’inscrit dans cette continuité. Après avoir marqué les esprits avec des pièces à l’ADN fort, la marque revient avec un garde-temps plus subtil, mais tout aussi travaillé. On y retrouve une attention aux détails qui évoque les plus grandes traditions de la haute horlogerie suisse, mais avec un langage esthétique plus contemporain et surtout une logique absolue.
Une lecture du temps simplifiée
La montre se décline en deux versions : Annuel Silver et Annuel Black. Dans les deux cas, le boîtier adopte non seulement des proportions idéales pour le quotidien, mais une construction unique mélangeant un cœur en platine avec une couche d’acier 904L pour parer à la grande faiblesse du platine, les rayures, et ainsi offrir une meilleure longévité. Cette protection repose sur six composants — la lunette, les quatre cornes et la couronne — tous indépendants et remplaçables, garantissant à la pièce une résistance accrue dans le temps.
Les cadrans argenté ou noir profond révèlent un affichage plus clair que jamais du quantième annuel : l’heure se lit de haut en bas (heures, minutes, secondes) tandis que la date se lit de gauche à droite (jour, date, mois). Cet agencement minimaliste inédit permet une lecture fluide malgré la complexité de la fonction. Le quantième annuel, rappelons-le, ne nécessite qu’une seule correction par an, en février, un compromis ingénieux entre le quantième simple et le quantième perpétuel. Là aussi, Berneron fait fort en simplifiant le processus de réglage : heure et date se règlent comme pour une montre traditionnelle, soit par la couronne, tandis que de chaque côté, on retrouve un bouton-poussoir pour régler facilement le jour à gauche puis le mois à droite. Et voilà !
Un cœur mécanique de haute volée
À l’intérieur, le calibre 595 adopte une « architecture croisée » inédite avec un double régulateur — l’un dédié à l’heure, l’autre au calendrier — orchestrant 4 guichets à saut instantané (dont l’heure sautante), 2 aiguilles “glissantes” et une date rétrograde. La gestion énergétique est au cœur du projet : jusqu’à cinq sauts peuvent se produire simultanément (par exemple à minuit le 31 décembre), d’où un double barillet et un stockage d’énergie réparti sur quatre niveaux (12 h, 24 h, 7 jours, 31 jours) afin de préserver l’amplitude.
Le mouvement mesure 30 mm de diamètre pour 5,95 mm d’épaisseur, compte 476 composants et 33 rubis, puis se distingue par une platine et des ponts en or 18 carats, un balancier “free-sprung” cadencé à 21 600 A/h (3 Hz), 100 heures de réserve de marche, échappement à ancre suisse, ainsi qu’un décor de haut vol (berçage et poli noir du pont de balancier, nuagage des poches, guillochage des ponts, traits tirés et anglage, cerclage des roues). Les grandes maisons n’ont qu’à bien se tenir !
Un boîtier rond, classique mais subtilement travaillé
Ce qui séduit immédiatement, c’est la pureté du boîtier rond. Avec ses 38 mm de diamètre et une épaisseur contenue à 10 mm, il affiche des cornes dites « stepped lugs », légèrement étagées, qui apportent une touche de relief et d’élégance sans rompre l’harmonie générale de la pièce. Avec en sus son mélange d’alliages unique, il en résulte une montre qui conjugue raffinement classique et ingénierie pragmatique, où chaque détail renforce la cohérence de l’ensemble. Et pour couronner le tout, la montre est dotée d’un fond officier inspiré des montres de poche, qui protège le mouvement des chocs et des rayons UV tout en offrant une surface idéale pour une gravure personnelle.
Pour qui et à quel prix ?
La Berneron Quantième Annuel s’adresse avant tout aux collectionneurs avertis et aux passionnés de haute horlogerie qui recherchent une pièce indépendante au caractère unique. Son esthétique raffinée et sa mécanique audacieuse en font aussi un garde-temps pour les ceux sensibles à l’ingénierie du temps, désireux de porter une complication rare mais utilisable au quotidien.
Côté prix, la maison a choisi une approche originale et reconnaissante envers ses premiers soutiens. Le tarif officiel est fixé à 140 000 CHF, mais un prix préférentiel dégressif est appliqué lors des premières années : 120 000 CHF la première année, 130 000 la seconde CHF, avant d’atteindre le prix définitif de 140 000 CHF la troisième année. Une façon de remercier les collectionneurs qui accompagnent Berneron depuis le lancement de cette pièce d’exception, tout en affirmant la valeur pérenne de son travail artisanal.
En somme, la Quantième Annuel de Berneron n’est pas une montre comme les autres : c’est une leçon d’équilibre horloger, une pièce qui démontre que la complication peut être belle dans sa simplicité apparente. C’est un véritable coup de maître, certes pas à la portée de tous, mais admirable…surtout pour un français !
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