À première vue, elle a l’air d’avoir été vandalisée. Et pourtant, cette montre déborde de cohérence. Fruit d’un détournement soigneusement orchestré, la nouvelle Yema Yachtingraff x seconde/seconde/ secoue le paysage horloger tricolore avec un ton à la fois irrévérencieux et terriblement réfléchi. Derrière les éclaboussures de couleurs et les provocations visuelles, ce chronographe cache une base solide, éprouvée, qui mérite plus qu’un simple regard amusé.
Yema, des profondeurs à la surface
Fondée en 1948 par Henry Louis Belmont, Yema est l’un des rares noms de l’horlogerie française à avoir traversé les décennies en conservant une identité marquée. Célèbre pour ses montres de plongée – notamment la Superman – la marque a aussi brillé dans les airs, sur terre, et bien sûr, en mer. La Yachtingraf en est l’un des exemples les plus marquants : née dans les années 1960, cette montre de régate était conçue pour les navigateurs, avec son compte à rebours de départ intégré. La collection a été rééditée à plusieurs reprises, souvent dans un esprit vintage fidèle à l’originale. Mais cette fois, Yema casse les codes. En collaborant avec Romaric André, alias seconde/seconde/, la marque s’offre une parenthèse décalée, sans renier son héritage. Romaric s’est imposé ces dernières années comme l’un des artistes les plus singuliers de la scène horlogère. Autodidacte, il a commencé par détourner des montres vintage pour en faire des œuvres ironiques, jouant sur les symboles, les contrastes et les codes de la culture horlogère. Ce qui aurait pu rester un simple exercice de style est devenu une signature reconnaissable entre mille. Ses créations, à mi-chemin entre art conceptuel et satire douce, ont touché des collectionneurs du monde entier. Place à la Yachtingraf Yachtingraff !
Une base sérieuse… qui se fait taguer
Derrière son look de montre vandalisée (tout comme son nom), cette Yachtingraff repose sur une architecture bien connue des amateurs du genre : celle de la Yachtingraf Croisière Meca-Quartz, déjà saluée pour son excellent rapport qualité-prix. Le boîtier en acier de 38,5mm est compact, équilibré, avec un travail de finitions qui alterne entre brossé horizontal et surfaces polies. Le verre hésalite à double dôme renforce l’allure néo-vintage et ajoute une légère distorsion visuelle selon l’angle. Côté mouvement, Yema reste fidèle au calibre hybride Seiko VK63. Ce choix, déjà éprouvé, permet de conjuguer un affichage central à quartz pour la précision du temps, et une action mécanique instantanée sur le chronographe. À l’usage, le déclenchement via les poussoirs est franc, sans latence, avec cette sensation caractéristique du meca-quartz que les amateurs apprécient pour sa réactivité.
Mais c’est bien le cadran qui cristallise le regard. À commencer par ce compte à rebours “big-eye” de régate, toujours présent, mais volontairement bousculé dans son équilibre. Les sous-compteurs semblent avoir été tagués à la bombe, les couleurs fusent sans logique apparente et la mention “Yachtingraff” se termine par une lettre tel un graffiti. Le cadran est une scène de rue, et les poussoirs eux-mêmes se transforment en capsules de peinture, clin d’œil malin qui pousse le détail jusqu’au bout. Quant au fond de boîte, il affiche une phrase gravée dans la typographie de l’artiste : « La Croisière, ma muse », façon de dire que même l’ironie a droit à son écrin. Enfin, le bracelet Tropic en caoutchouc reste fidèle à ce que la marque propose depuis plusieurs années : souple, léger, agréable à porter au quotidien…puis parfaitement adapté à son étanchéité de 100 mètres !
À qui s’adresse cette montre ?
Cette montre s’adresse à un public bien précis : les amateurs de pièces néo-vintage qui n’ont pas peur d’assumer une montre de caractère. Elle pourra séduire aussi bien les collectionneurs sensibles à l’approche artistique de seconde/seconde/ que les passionnés d’objets singuliers, un peu outsiders, un peu moqueurs, mais jamais vides de sens. En assumant ce parti-pris graphique radical, Yema prend le risque de cliver, mais tout en douceur. C’est aussi ce qui fait la force de cette collaboration : elle ne cherche pas à plaire à tout le monde. Elle s’impose avec humour, audace, et un véritable respect pour le fond horloger. Le détournement n’est ici pas un gadget : c’est une lecture contemporaine de l’objet vintage, qui questionne notre obsession pour la patine, pour le passé glorifié ou pour les rééditions à l’identique.
Notre verdict
Derrière son apparence provocante, la Yema Yachtingraff x seconde/seconde/ est une montre solide, bien construite, agréable à porter, et pensée jusque dans les moindres détails. Elle joue sur les tensions entre héritage et subversion, entre technicité et impertinence. À seulement 449 €, elle reste largement accessible et très bien positionnée pour une édition spéciale aussi soignée. C’est un choix judicieux, à la fois cohérent avec l’univers nautique et parfaitement adapté à une utilisation urbaine tout en restant très abordable, ce que les fans de la marque apprécieront après la montée en gamme quasi-instantanée suite au passage au grade de manufacture. Disponible en précommande à partir du mercredi 25 juin 2025 à 16h00, elle devrait être livrée au début du mois de septembre. Et comme souvent avec seconde/seconde/, il y a fort à parier qu’elle trouvera très vite son public. Bref, ça change et on adore !
Disponible sur le site officiel de Yema >>>
CARACTÉRISTIQUES – YEMA YACHTINGRAFF X SECONDE/ SECONDE/
Boîtier : Acier inoxydable 316L
Dimensions : 38,5mm de largeur x 10,3mm d’épaisseur
Étanchéité : 100 mètres (10 ATM)
Cadran : Noir
Mouvement : Méca-quartz
Calibre : Seiko VK63
Bracelet : Tropic en caoutchouc
Boucles : Ardillon
Prix : 449 € TTC