Nous poursuivons notre série sur les anecdotes surprenantes des grandes maisons horlogères, avec l’une des plus prestigieuses d’entre elles : Audemars Piguet. Membre de la Sainte Trinité  Horlogère, la vénérable maison du Brassus possède une histoire riche en rebondissements. Voici donc 10 choses que vous ne savez (probablement) pas sur Audemars Piguet.

1. Jules Louis Audemars et Edward Auguste Piguet

Le nom « Audemars Piguet » vient des patronymes des deux fondateurs de la marque : Jules Louis Audemars et Edward Auguste Piguet. Audemars ouvre son atelier en 1875, et il est rejoint par Piguet en 1881, pour donner naissance à « Audemars Piguet & Cie« . Ces deux horlogers hors pair ont des talents complémentaires : Audemars est spécialisé dans la conception de mouvements très complexes, tandis que Piguet excelle dans la régulation des mouvements.

2. Un savoir-faire horloger exceptionnel

Audemars Piguet s’est toujours démarqué par un savoir-faire horloger exceptionnel, doublé d’une formidable capacité d’innovation. Ainsi, la marque du Brassus collectionne les « premières » : 1892, première montre-poignet à répétition minutes ; 1934, première montre de poche squelettée produite en série ; 1957, première montre-poignet à calendrier perpétuel ; 1986, première montre-poignet à tourbillon automatique… Aujourd’hui encore, Audemars Piguet maîtrise à la perfection les complications horlogères les plus complexes, et le prouve avec la collection « Grandes Complications« , en place dans le catalogue depuis 1882. Des montres d’exception cumulant répétition minute, calendrier perpétuel et chronographe à rattrapante.

3. Le calibre 2120

Le calibre 2120 (et sa déclinaison avec date, le 2121) est dévoilé en 1967. Le 2120 fait partie des calibres les plus célèbres du monde horloger. Il est le fruit d’une collaboration entre Audemars Piguet, LeCoultre et Vacheron Constantin. Autant dire qu’il est bien né ! À sa sortie, c’est l’un des mouvements automatiques les plus fins du monde, avec moins de 2.5mm d’épaisseur seulement. Tout au long de sa longue carrière, il a connu de nombreuses évolutions, et a même équipé les premières Royal Oak en 1972, tout en servant de base à l’élaboration de nombreux calibres modernes. En 2022, il tire sa révérence après 55 ans de bons et loyaux services, et il laisse sa place au calibre 7121.

4. La tradition du « fait main »

Jules Louis Audemars et Edward Auguste Piguet croyaient fermement en la qualité du travail à la main dans l’horlogerie de luxe. Bien entendu, les machines sont utilisées, mais elles ne sont pas automatisées. Elles sont dirigées par la main des hommes et des femmes qui travaillent dans les ateliers. Aujourd’hui encore, toutes les montres Audemars Piguet sont finies à la main, pour garantir un niveau de finition le plus élevé possible.

5. La Royal Oak : un dessin signé Gerald Genta

L’histoire commence le 10 avril 1970, la veille de la foire annuelle de Bâle. Georges Golay, directeur de la marque, relève alors un défi lancé par ses acolytes du SSIH : créer une montre sport-chic luxueuse en acier. Un pari osé, dans un domaine où l’or reste le métal de prédilection. Mais Golay a un atout dans sa poche : Gérald Genta. Le designer suisse n’est pas encore la célébrité que l’on connaît, mais il a tout de même quelques faits d’armes intéressants à son actif. Il se voit donc confier la lourde tâche de dessiner « une montre de sport en acier mais qui n’existe pas. Pour demain« . Genta s’inspire alors d’un souvenir d’enfance : un casque de plongée, vissé sur une combinaison. Ainsi naquit la Royal Oak.  Les premiers prototypes suivent rapidement…en or gris. En effet, les ingénieurs maison étaient plus habitués à manipuler ce métal précieux que l’acier, qui restait une terra incognita pour eux, et ainsi ils ont pu obtenir plus rapidement le résultat désiré.

6. La Royal Oak aurait dû s’appeler la Safari

La Royal Oak (chêne royal en français) tire son nom d’un chêne célèbre dans l’histoire anglaise, puisque c’est là que se cacha le roi d’Angleterre Charles II, pour échapper aux Têtes-Rondes lors de la bataille de Worcester en 1651. On retrouve également ce nom dans l’histoire de la marine britannique, où huit navires de guerre se sont appelés « Royal Oak ». Huit navires…comme le nombre de côtés de la lunette octogonale de la montre. Heureux hasard. Mais il aurait pu en être tout autrement. En effet, Gerald Genta avait lui-même proposé le nom de « Safari » pour son fameux dessin. D’ailleurs, les premiers prototypes ont bien porté ce nom « Safari ». Mais l’idée est finalement écartée par les décideurs d’Audemars Piguet, qui lui préfèrent « Royal Oak », plus en adéquation avec l’inspiration maritime de la montre. Néanmoins, on peut retrouver ce nom dans la collection Royal Oak Offshore, sous la forme d’un chronographe à compteurs blancs, index gris et bracelet cuir, surnommé « Safari ». Joli clin d’œil.

7. Des débuts timides, mais un premier client prestigieux

À sa sortie en 1972, la Royal Oak est donc la première montre de luxe faite en acier (à l’exception des 8 vis de la lunette qui sont restées en or gris). Mais le succès n’est pas au rendez-vous. Jugée trop grosse (surnommée « Jumbo » à cause de ses 39mm de diamètre) et trop chère (3600$) par une clientèle qui comprend mal comment une telle montre peut valoir autant qu’une dizaine de Rolex Submariner, la référence de l’époque. Si bien qu’Audemars Piguet mettra 3 ans à écouler les 1000 premiers exemplaires. Mais le premier client est tout de même remarquable : il s’agit du Shah d’Iran, Mohammad Reza Chah Pahlavi, qui demanda expressément à ce que son exemplaire soit…en or gris en non en acier ! Pour l’anecdote, cette montre lui a été vendue par Francis Berger, alors responsable commercial de Vacheron Constantin, avec qui Audemars Piguet entretenait des relations très étroites. Finalement, la Royal Oak va lentement mais sûrement gagner en popularité, jusqu’à devenir un vrai succès commercial. À tel point qu’elle va littéralement sauver Audemars Piguet de la faillite : la maison du Brassus est au plus mal dans les années 70-80, durement touchée par la crise du quartz, et la Royal Oak sera la bouée de sauvetage qui permettra à Audemars Piguet de survivre.

8. 20 ans après, Audemars Piguet dévoile la Royal Oak Offshore

En 1992, pour les 20 ans de la Royal Oak, Audemars Piguet veut donner un nouveau souffle à son best-seller. La marque fait donc appel à Emmanuel Gueit, qui crée la Royal Oak Offshore. Une version plus moderne et plus musclée de la Royal Oak. Mais comme son aïeule, la Offshore ne convainc pas vraiment à sa sortie. Trop chère, trop grosse, elle est même surnommée « the beast« , la bête. Mais tout comme la Royal Oak, la Offshore finira par trouver son public, bien aidée en cela par les nombreuses célébrités s’affichant avec elle à leur poignet.

9. « Pour briser les règles, il faut d’abord les maîtriser »

Le slogan actuel d’Audermars Piguet date de 2012. « Pour briser les règles, il faut d’abord les maîtriser« . Lancé en parallèle d’une campagne commerciale de grande envergure,  il symbolise l’état d’esprit Audemars Piguet : une volonté d’innover, d’oser les designs les plus audacieux, tout en se reposant sur une expertise horlogère exceptionnelle.

10. Une entreprise toujours familiale

Audemars Piguet est toujours détenu et dirigé par les familles des fondateurs originaux. Une exception parmi les grandes marques horlogères, qui lui assure une véritable indépendance, et une fidélité sans faille vis-a-vis de ses fondateurs. Encore aujourd’hui, Jasmine Audemars, arrière petite-fille de Jules Louis Audemars, préside le conseil d’administration de la manufacture, tandis qu’Olivier Audemars en est le vice-président.

Visiter le site d’Audemars Piguet.