Le pulsomètre, c’est la montre des médecins. Un instrument accroché à leur poignet qui leur permet de mesurer la fréquence cardiaque de leur patient. Mais d’où vient cette complication horlogère peu courante et comment fonctionne-t-elle ? À quoi sert-elle aujourd’hui ? On vous explique tout !

L’histoire du pulsomètre

Le premier pulsomètre est créé en 1707 par deux anglais : le médecin John Floyer et l’horloger Samuel Watson. Ensemble, ils mettent au point la première « physician’s pulse watch », autrement dit la première « montre pulsomètre de médecin ». Son but : lire, sans calcul, le rythme cardiaque des patients sur cet instrument, grâce à son cadran gradué. Les pulsomètres se démocratisent au cours des siècles suivants, et accompagnent les praticiens médicaux dans leurs actes quotidiens. D’où leur surnom de « montre de médecin ». Ils sont même très en vogue au XVIII et XIXème siècle, et ce, malgré l’apparition au XIXème siècle de pulsographes plus précis. Car la montre pulsomètre conserve bien des avantages : elle est légère et s’emporte partout, elle est fiable et facile à utiliser, et enfin elle est relativement précise. Ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du XXème siècle, avec la démocratisation des appareils électriques, que les montres pulsomètres perdront peu à peu de leur utilité, pour ne rester qu’une originalité horlogère.

Les pulsomètres chronographes

L’immense majorité des pulsomètres sont en fait des chronographes avec une échelle pulsométrique. C’est-à-dire que l’habituelle échelle tachymétrique qui permet de lire la vitesse d’un véhicule est remplacée par une graduation permettant de lire le nombre de pulsations à la minute. L’utilisateur déclenche le chronographe à la première pulsation cardiaque comptée, puis l’arrête à la dernière, c’est-à-dire la 15ème ou la 30ème selon l’étalonnage du pulsomètre précisé sur le cadran.  Ensuite, il n’a plus qu’à lire le rythme cardiaque, en pulsations par minute, pointé par l’aiguille du chronographe. Ce type de pulsomètre n’est donc qu’une variante de chronographe, au même titre que les tachymètres ou autres télémètres. Ils ont l’avantage d’être précis, et de pouvoir être déclenchés exactement au moment souhaité. Ils existent en une multitude de modèles, mais on peut citer par exemple la Montblanc Heritage Manufacture Pulsograph, la A. Lange & Söhne 1815 Chronograph, ou encore la Longines Pulsomètre.

Les pulsomètres non-chronographes

Les pulsomètres non-chronographes présentent certains avantages : ils sont plus simples, donc plus fiables, plus faciles à entretenir et moins chers que leurs équivalents chronographes. Et pourtant, ils sont moins répandus. En effet, ils souffrent d’un inconvénient majeur : il faut attendre que l’aiguille des secondes passe par le début de la graduation pour commencer à compter les pulsations. Pour pallier à ce problème, les maisons horlogères ont donc proposé deux types de solutions. La première est de multiplier les trotteuses. On peut citer la Doplr Pulse Watch, avec sa double trotteuse, ou la Sinn EZM 12 et sa quadruple trotteuse en hélice. Ce procédé permet de limiter le temps à attendre avant de pouvoir compter les pulsations.  La deuxième solution est d’afficher deux graduations : l’une de 12h à 6h, et l’autre de 6h à 12h. On retrouve par exemple cette disposition sur de nombreuses montres pulsomètres russes des années 60-70, comme les Raketa.

La montre-outil des médecins

Le pulsomètre est une véritable montre-outil, au sens strict du terme, conçue pour remplir une fonction bien précise. Pour le médecin, il est l’équivalent de la montre de plongée du plongeur professionnel, ou du tachymètre du pilote de course : un instrument qui lui sert au quotidien dans sa pratique. Il peut même être associé à un asthmomètre pour mesurer une fréquence respiratoire, comme c’est le cas sur la Lip Courage. Aujourd’hui, évidemment, son utilité est toute relative. Mais il reste le témoin d’une certaine époque, et garde un côté un peu désuet, qui en fait tout le charme. Et puis, combien de montres peuvent se targuer d’avoir aidé à sauver des vies ?