Dès qu’on s’intéresse aux montres, on entend souvent parler de « Haute Horlogerie« . Une dénomination qui évoque le luxe et les marques les plus prestigieuses. Mais plus précisément, quels sont les critères qui la définissent ? Quelles maisons horlogères peuvent prétendre en faire partie ? Qu’est-ce qui différencie la Haute Horlogerie de l’horlogerie plus « standard ». Tentons d’y voir plus clair, et de définir ce qu’est la Haute Horlogerie.

La Fondation de la Haute Horlogerie

C’est un terme né durant la crise du quartz, durant les années 1970, un terme créé par les horlogers suisses pour démontrer leur savoir-faire, et surtout pour différencier leurs pièces d’exception des montres à bas prix qui inondaient le marché. Mais c’est une notion assez difficile à cadrer. Pour la définir, le mieux est de se baser sur le travail de la Fondation de la Haute Horlogerie. Il s’agit d’une fondation à but non lucratif, basée à Genève, et créée en 2005 par deux maisons horlogères – Audemars Piguet et Girard Perregaux – et un groupe – Richemont. Son but est de préserver la tradition de la Haute Horlogerie, à la fois grâce à la publication d’ouvrages spécialisés, mais aussi grâce à des formations dispensées aux amateurs et professionnels de l’horlogerie. Mais rapidement, la FHH se rend compte que le terme de « Haute Horlogerie » est de plus en plus utilisé à des fins commerciales, sans être toujours employé à bon escient. Et pour éviter qu’il ne soit définitivement galvaudé, la FHH a décidé de proposer une définition claire de la Haute Horlogerie, qui englobe tous les différents aspects d’une marque horlogère.

28 critères et 7 domaines d’expertises

La définition de la Haute Horlogerie proposée par la FHH est basée sur 28 critères précis, regroupés en 7 domaines d’expertises. Les voici :

  • Recherche, développement et fabrication : on parle ici de savoir-faire technique (mouvements manufacture, techniques de finition, innovations techniques majeures), mais aussi de certifications (COSC, poinçon de Genève, ou GIA pour les pierres précieuses).
  • Style et design : il s’agit du savoir-faire artistique de la marque. Design original et authentique, emploi des métiers d’art, puis créativité artistique et audace.
  • Histoire et ADN : que ce soit pour les maisons historiques ou contemporaines, la FHH valorise l’histoire de la marque, le respect de l’esprit du fondateur, mais aussi la volonté de conservation et la valorisation de cette histoire, notamment via des archives détaillées.
  • Distribution et SAV : l’accent est mis sur la présence de la marque à travers le monde, ainsi que sur la qualité du service après-vente (délais, prix, capacités de restauration des modèles vintage …).
  • Intérêts des collectionneurs et communauté : celui-ci est évalué grâce aux ventes aux enchères, ou via le marché secondaire. De même, la FHH regarde le dynamisme de la communauté des amateurs de la marque.
  • Image de marque et éthique : la notoriété de la marque, son prestige et son image à travers le monde sont des points cruciaux. La FHH étudie également l’éthique de chaque marque, notamment sous les aspect « eco-friendly » et socio-responsable.
  • Formations : enfin, la FHH prend en compte la transmission du savoir au sein du personnel technique, et la formation des personnels de vente.

Le Livre Blanc des « Maisons de Haute Horlogerie »

En 2016, la FHH décide d’aller encore plus loin et de déterminer quelles maisons horlogères peuvent prétendre à la « Haute Horlogerie », selon les critères que l’on vient de citer. Chaque critère est évalué sur 10, et pour prétendre à la distinction de « Maison de Haute Horlogerie« , une marque doit obtenir une moyenne de 6,4/10 ou plus. Ainsi, la FHH passe au crible 86 marques horlogères, pour finalement n’en retenir que 64. Enfin, elle publie la liste de ces maison dans un « Livre Blanc« , en les regroupant en 4 catégories. La première catégorie est celle des maisons historiques, et l’on y trouve entre autres Audemars Piguet, Patek Philippe, Vacheron Constantin, mais aussi Rolex, Omega, Jaeger LeCoultre, Girard Perregaux, Zenith… La deuxième catégorie est celle des marques contemporaines, avec MB&F, Richard Mille, FP Journe… La troisième catégorie est celle des marques de luxe, qui comprend des maisons comme Hermès ou Vuitton. Enfin, la quatrième catégorie est celle des artisans créateurs, avec des noms comme Roger W. Smith, Philippe Dufour… C’est un cercle fermé, un peu trop peut-être, qui limite l’entrée aux nouveaux talents. Cette notion n’est-elle pas devenue un label privé ?

Pour consulter la liste complète des Maisons de Haute Horlogerie, visitez le site officiel de la Fondation de la Haute Horlogerie.