Enfin ! Après plusieurs mois d’attente et de hâte, nous allons enfin pouvoir vous présenter un garde-temps que nous avions aperçu l’année dernière au Baselworld et sur lequel nous avions complètement flashé, pour de nombreuses raisons. Tout d’abord de par son style aviateur façon Zenith Pilot Type 20, de par la marque suisse quasiment inconnue (en France) qui se cache derrière, de par la qualité de la montre en elle-même puis surtout de par son calibre Eterna qui a fait son entrée sur le marché quelques années auparavant. Lumière donc sur la montre Dreyfuss & Co 1924 Calibre 39.
Qui est Dreyfuss & Co ?
Pour le coup, c’est une bonne question car peu d’informations sont disponibles ! L’histoire de cette marque suisse a débuté sous l’impulsion de René Dreyfuss, un maître horloger né en 1890 à La Chaux-de-Fonds ayant dédié toute sa vie à perfectionner l’art de créer des garde-temps, tout comme son propre père. C’est en 1925 que la société horlogère Dreyfuss Fils voit le jour et s’attèle à produire des montres automatiques pour homme avec un fond articulé permettant d’apercevoir le mouvement. Le crédo de l’époque : « on se souvient de la tradition bien après avoir oublié le prix ». Se sont ensuite succédées des périodes dédiées aux montres à quartz jusqu’en 1974, année durant laquelle René prit sa retraite aux prémices de crise du quartz. La marque fut relancée en 2005 sous le nom de Dreyfuss & Co par Robert Dreyfuss, en proposant des garde-temps inspirés des collections créées par ses ancêtres afin de transmettre l’héritage familiale. Chaque montre est assemblée à la main en Suisse afin d’assurer une qualité de fabrication qui perdurera dans le temps. De plus, toutes les montres sont numérotées individuellement, ce qui ravira les collectionneurs.
La collection 1924
Dans la biographie de René Dreyfuss, l’année 1924 fait écho à l’année de ses noces avec son amour de jeunesse, rapidement suivi par la naissance de son premier enfant. Au sein des gammes de Dreyfuss & Co, cette collection est dédiée à des garde-temps rétro dans la veine de l’époque qui en porte le nom. C’est d’ailleurs comme cela que les noms des collections fonctionnent : chacune est nommée après un fait marquant de la vie du fondateur tout en reprenant le style horloger ayant marqué le marché de l’époque. Période de l’entre-deux guerres, le modèle qui nous intéresse aujourd’hui est typique du style des premières montres aviateur du début du XXème siècle. Celui-ci existe en différentes versions, quartz et différentes automatiques, mais le modèle 1924 Calibre 39 est une pièce à part produite en édition limitée à 250 exemplaires et équipée d’un calibre Eterna.
Boîtier
Le boîtier de cette montre est en acier inoxydable brossé horizontalement sur la carrure, circulairement sur le fond de boîte (avec un verre saphir transparent au centre) et sur la première lunette. En effet, ce boîtier est coiffé de deux lunettes montées l’une sur l’autre, la seconde étant polie pour créer un bel effet brillant entourant le verre. Ce boîtier mesure 45mm de diamètre par 51mm de longueur corne à corne pour une épaisseur totale de 11,8mm. C’est donc une montre relativement large mais assez profilée vu ses proportions. C’est un style qui a vraiment un look et qui au final s’accommode bien sur un petit poignet (celui sur les photos fait 16,5cm de circonférence).
Les cornes sont assez courtes et plongent doucement sans dépasser le fond de boîte, puis disposent de tiges de fixation à vis plutôt que les traditionnelles pompes. Certains n’aiment pas, nous on préfère ! Alors oui, il faut 2 tournevis pour changer de bracelet mais cela fait plus qualitatif à notre goût. Sa couronne en forme d’oignon est large (9mm), ce qui facilite la prise en main. À notre grande surprise, c’est une couronne vissée; on imagine donc qu’elle atteint la barre des 10ATM en terme d’étanchéité, mais cela n’est précisé nul part ! Le fond de boîte arbore la mention « Seafarer » qui, sur le site de Dreyfuss & Co, précise qu’il s’agit d’un standard d’étanchéité totale permettant de pratiquer des sports nautiques, la nage ainsi que la plongée en apnée occasionnelle. Cela paraît donc cohérent. Pour finir, le tout est surmonté d’un verre saphir plat avec un double traitement anti-reflets.
Cadran
Le fond de cadran est en émail, une rareté dans cette gamme de prix que l’on retrouve surtout en haute horlogerie. L’émail est essentiellement un type de verre composé de silice, de feldspath, de kaolin et d’oxydes métalliques. Ces ingrédients sont fondus à 800-1200°C pour obtenir une matière fondante qui est ensuite refroidie puis appliquée sur une surface métallique. Un processus qui se répète pour créer plusieurs couches (4 à 10 généralement) afin d’obtenir le résultat final. Cette technique permet d’obtenir un fond noir très profond et unique dont la couleur ne fanera pas d’une teinte avec le temps. Ce fond est jalonné de chiffres arabes surdimensionnés et luminescents avec une police au style Art déco pour marquer les heures. Les secondes et minutes elles, sont marquées via un chemin de fer continu blanc ponctué de chiffres arabes oranges tous les intervalles de 5. Les aiguilles des heures et minutes sont dans cette même veine rétro et couvertes d’une matière luminescente. Aucune précision à ce sujet, mais vu le rendu de nuit, il est quasi-certain qu’il s’agisse bien de SuperLuminova. Le rendu global est superbe !
Mouvement & réglage
Avec le mouvement, nous arrivons à la pièce maîtresse de ce garde-temps. Vous êtes tellement habitués aux calibres ETA et Sellita que ce mouvement Eterna va vous faire plaisir ! Avant donc de parler du mouvement mécanique qui anime cette montre, il nous faut placer quelques mots sur le calibre 39 d’Eterna qui est très prometteur. Dans le but de développer sa manufacture et suite à plusieurs années de recherche et développement, la marque horlogère suisse a dévoilé ce nouveau calibre en 2013. Le principe est simple : offrir une grande modularité et optimiser les coûts. Ainsi, celui-ci est composé d’une base sur laquelle se greffent des modules, permettant d’offrir 88 versions différentes ! Mécanique, automatique, chronographe, GMT, phases de lune…tout y est ! L’usinage est ainsi industrialisé et l’assemblage optimisé, tout en assurant une excellente qualité de fabrication.
Notons d’ailleurs que le savoir-faire de la marque date de plus de 150 ans et que l’entreprise fut à l’origine de la création d’ETA ! Les premiers mouvement sont apparus en 1924 mais ont commencé à affiché le nom ETA lorsque Eterna fit la scission de l’entreprise en deux société distinctes (montre & mouvements). La nouvelle société rejoignit le groupement Ébauches SA puis la SMH qui devint plus tard de Swatch Group. Retour au mouvement mécanique à remontage manuel de cette montre Dreyfuss & Co. Celui-ci oscille à 28’800 A/h, dispose de 29 rubis et dispose d’une étonnante réserve de marche de 65 heures, soit un peu plus de 2 jours et demi ! Côté précision, on approche les +/- 7 seconde de déviation quotidienne. C’est bien, c’est beau, c’est bon. Et pour le réglage, c’est simple : on dévisse, on remonte en position 1 puis en position 2, on règle l’heure. Petite note pour ce qui a trait au remontage, car on n’entend pas le frottement habituel mais plutôt de petits cliquetis. Et vu que la trotteuse met un peu de temps à s’enclencher, on a l’impression de tourner dans le vide (alors que ce n’est pas le cas). Rien de grave, mais c’est perturbant au premier abord.
Bracelet & confort
Le bracelet monté sur cette montre est en cuir noir façon crocodile avec des surpiqures blanches typiques des montres aviateur ainsi qu’un revers en cuir naturel. Celui-ci est très épais au niveau des cornes (4,4mm) et large (22mm) puis s’affine très rapidement à 17,5mm de largeur pour 3mm d’épaisseur avec une coupe rétro très distincte. Ce bracelet est équipé d’une traditionnelle boucle ardillon en acier brossé avec des flanc polis, marquée du logo de Dreyfuss & Co. Pour le confort, rien de très spécial à signaler : le cuir est épais donc il doit s’assouplir, la montre n’est pas trop lourde puis la couronne n’est d’aucune gêne malgré son gros diamètre.
Notre avis sur cette montre
Avant même de passer cette montre au crible, nous avons annoncé la couleur. Nous avons eu un coup de coeur l’année dernière, donc cet avis manquera peut-être d’une pointe d’objectivité. Mais nous aurions pu être déçus du résultat une fois la montre en main. Ce n’est pas le cas, loin de là ! Dès l’arrivée du colis, nous avons été surpris par cet écrin en bois vernis qui nous a paru complètement démesuré, mais tellement beau et surtout pratique avec ses 5 compartiments. Pas besoin d’acheter une boîte à montres, Dreyfuss & Co vous la fournit et c’est une attention qui mérite d’être relevée. Ensuite vient sa taille qui nous faisait peur à cause de nos tous petits poignets. Que nenni, on s’y est immédiatement et naturellement habitué. Boîtier, cadran, mouvement, bracelet, tout est bien fait, nous n’avons pas un brin de négativité à apporter. On reparle de l’objectivité peut-être ? Non, sérieusement, c’est une très belle pièce que l’on se verrait bien porter régulièrement, en costume comme en t-shirt (si seulement on pouvait mettre la main sur le second bracelet en canvas noir qui était au Baselworld). En revanche, côté revendeurs, vous allez peiner car il n’y en a pas en France ! Enfin si, désormais le site britannique Watchshop a débarqué dans l’hexagone (pub télé à l’appui), mais vous ne pourrez pas l’essayer. Prix public conseillé : 1 295€.
Montre Dreyfuss & Co 1924 Calibre 39 / Caractéristiques
- Boîtier : Acier inoxydable / Finition brossée & polie
- Diamètre : 45mm
- Longueur : 51mm
- Épaisseur : 11,8mm
- Entrecorne : 22mm
- Type de verre : Saphir plat / Traitement anti-reflets
- Mouvement : Mécanique calibre Eterna 39
- Bracelets : Cuir noir façon crocodile
- Type de fermoir : Boucle ardillon / Finition brossée & polie
- Résistance à l’eau : 10ATM / 100m
NOTE | Test de la Dreyfuss & Co 1924 Calibre 39
Conclusion : c’est une superbe montre, on adore. Alors oui, elle ressemble énormément à la Zenith Pilot Type 20 et cela en agacera certains. Mais n’oublions pas que tout le monde n’a pas 5000€ à disposition pour garnir sa collection de montres. Tout est bien fait et bien fini, surtout pour cette gamme de prix. De plus, son mouvement apporte de la nouveauté, de la technicité et de la qualité. Avec le calibre 39 d’Eterna, cette montre prend tout son sens et devient une véritable aubaine. Par contre, il y en a peu : 250 exemplaires dans le monde. Alors il ne faut pas tarder !
avril 1, 2017
Bonjour, tout d’abord merci pour votre site.
Devant une telle critique je n’ai pu résister à l’achat de cette montre, eh bien j’emettrai un peu plus de réserves que vous.
Certes la montre est vraiment belle mais je trouve que la finition pourrait être plus qualitative (présence de jeu au niveau du boîtier et de la couronne). La couronne est bien trop grosse à mon goût et cela se ressent à l’usage.
La monte est censée être limitée à 250 exemplaires, or dans votre essai elle porte le numéro 259 et la mienne est numérotée 285 ! Vous avez peut-être une explication.
Le bracelet cuir façon crocodile fait une peu « faux » pour une monte à plus de 1000,00€.
Pour finir on ne sait pas au remontage quand celui-ci est complet.
décembre 10, 2017
Bonjour,
Moi aussi, je suis un lecteur fidèle de votre site qui nous permet de découvrir de superbes montres aux marques moins en vue que les habituelles Rolex, Omega, etc…
Autant complètement craqué sur ce modèle, j’ai attendu mon heure(…) et ai enfin pu m’en offrir une (#155). Superbe!
Si la montre est effectivement très belle, le bracelet est un cran en dessous.
Au remontage, on sait si la montre est complètement «chargée» quand la couronne bloque.
Pour le reste, elle prend un peu de place et, malgré tout, mieux vaut avoir un poignet pas trop petit.
avril 25, 2019
bonjour ,
je viens également de m’équiper de ce petit bijou …. admirable !!
mais avez vous des conseils concernant le remontage assez déroutant , à vrai dire ?
une pure merveille sans parler du coffret !!
cordialement