Depuis 1905, Rolex, anciennement Wilsdorf & Davis, régale tous les amateurs d’horlogerie avec des modèles tous plus mythiques les uns que les autres. Pourtant, la marque à la couronne n’a pas toujours été telle que nous la connaissons aujourd’hui. Son histoire est jalonnée de faits marquants connus (et méconnus) qui ont contribué à constituer l’identité de la marque. Si vous pensiez tout savoir sur le numéro un de l’horlogerie de luxe, nous avons tenté de dénicher pour vous quelques anecdotes qui vous ont sans doute échappées.
1. Vers la fin de la montre à gousset
En 1903, Hans Wilsdorf s’installe à Londres pour y travailler en tant qu’horloger, avant de fonder en 1905 en association avec son beau-frère, Wilsdorf & Davis. À cette époque, les montres-bracelets étaient réservées aux femmes. Un « vrai homme » se devait d’arborer un gousset avec une chaîne imposante. Bien conscient de cette tendance, les deux associés décident d’envahir le marché des montres-bracelets pour homme. Cette nouveauté reçoit un accueil mitigé auprès du public masculin de l’époque qui semble très attaché aux montres à gousset. En 1914, alors que retentissent les premiers coups de fusil de la Grande guerre, la marque voit son pari couronné de succès. En effet, la nécessité pour les soldats de synchroniser leurs actions leur impose de se munir d’un garde-temps. Leurs tuniques surchargées d’équipement rendent le port d’un gousset complexe et peu pratique, ce qui les amènera à opter pour une montre-bracelet. Après cela, plus personne ne pouvait dire que les montres-bracelets étaient réservées aux femmes, ce qui profitera bien évidemment à Wilsdorf & Davis qui avait fait ce pari bien avant la guerre ! Sans Rolex et sans cet épisode historique, nous ne porterions peut-être pas de montre au poignet…
2. L’origine du nom Rolex
Aujourd’hui, le nom de Wilsdorf est assez méconnu du grand public. Qu’est-ce qui a poussé les deux associés londoniens à rebaptiser leur fondation ? Si la Première Guerre mondiale aura été d’une certaine façon profitable à ce qui deviendra la marque à la couronne, porter un nom germanique dans ce contexte historique n’était pas très bien vu, c’est pourquoi s’est imposée la nécessité de rebaptiser la société. La cause de ce changement est bien connue mais le choix du nom reste obscur. Pourquoi Rolex ? Certains disent qu’il s’agit d’une inspiration du mot « rolling » (roulant en anglais) qui évoquait une idée de mouvement. D’autres pensent que le nom de Rolex a été choisi pour sa simplicité, en vue de trouver un nom facilement exportable, à l’instar de Kodak par exemple. Quoi qu’il en soit, le nom fut déposé en 1908 et utilisé progressivement par la suite. Encore un pari réussi pour la marque à la couronne puisque son nom est aujourd’hui connu dans le monde entier.
3. Oyster : la première montre étanche
En 1926, Rolex va révolutionner à jamais l’horlogerie en proposant la première montre-bracelet étanche : la Oyster. Son nom, « huître » en anglais, est assez évocateur. En effet, à l’instar du mollusque, la Rolex Oyster protège son mouvement de la poussière et de l’eau grâce à son boîtier hermétiquement scellé. Pour faire connaître au monde entier cette prouesse technologique, Wilsdorf décide d’offrir un prototype à l’aventurière Mercedes Gleitze, qui sera l’une des premières femmes à effectuer la traversée de la Manche à la nage. Sa performance, Oyster au poignet, contribuera à populariser la montre étanche auprès du grand public.
4. L’invention du mouvement perpétuel
Toujours dans cette dynamique avant-gardiste, Wilsdorf ne s’arrête pas au triomphe de son boîtier étanche. Désireux d’inventer une montre plus précise sans contrainte de remontage, il propose en 1931 la première montre dotée d’un mécanisme d’enroulement automatique produite en série. Un prouesse rendu possible grâce à un système à rotor inventé par Hubert Sarton en 1778 (même si l’invention de la « montre à secousses » par Abraham Louis Perrelet une année auparavant est souvent considérée comme la première montre automatique). Le principe est simple mais fabuleux : utiliser le mouvement cinétique pour actionner un rotor semi-circulaire afin de remonter la montre. Son nom : le mouvement « Perpetual ». Avec ce nouveau brevet, Rolex s’assure de laisser à jamais son empreinte dans l’histoire de l’horlogerie moderne.
5. Rolex aux extrémités de la Terre
Rolex est connue pour ses opérations marketings. Ainsi, la marque à la couronne a su saisir les opportunités de montrer au monde la qualité de ses gardes-temps dans les conditions les plus extrêmes. En 1953, Edmund Hillary accompagné de son équipe atteit, pour la première fois de l’histoire de l’humanité, le sommet de l’Himalaya avec à son poignet une Rolex Oyster Perpetual ayant servi de test pour développer l’Explorer. Sept ans plus tard, l’US Navy déploie un sous-marin à 10 916 mètres de profondeur. À son extérieur est accrochée une Rolex. Contre toute attente, la montre reste parfaitement fonctionnelle et demeure remarquablement précise. Sur le toit du monde ou au plus près du plancher des océans, Rolex est présent !
6. Il faut un an pour fabriquer une montre Rolex
Cela peut paraître difficile à croire mais il faudrait apparement une année pour sortir une montre de l’usine Rolex. Ce délai extrêmement long était annoncé dans une ancienne publicité de la marque, même si c’est invérifiable. Cela est peut-être dû au fait que chaque montre est fabriquée à la main avec seulement, quand cela est nécessaire, l’assistance de machines. Ce pourrait donc être une sorte de cumul des délais de fabrication pour chaque pièce, ce à quoi s’ajouteraient les différents tests liés au contrôle qualité. Vous comprendrez pourquoi la marque à la couronne met autant de temps à fabriquer ses gardes-temps.
7. Rolex possède sa propre fonderie d’or
Si Rolex a fait le choix d’utiliser le meilleur acier du marché pour la conception de ses montres, la firme à la couronne possède également sa propre fonderie d’or et de platine. L’or y est fondu et transformé pour obtenir différents coloris par association de matériaux : jaune, blanc ou encore le fameux or rose breveté par Rolex, l’Everose. La chaîne de production est ainsi minutieusement contrôlée du début à la fin.
8. La collaboration entre Gérald Genta et Rolex
Gerald Genta était un designer de génie à qui nous devons un certain nombre de modèles mythiques comme la très populaire Audemars Piguet Royal Oak. Au cours de sa carrière, Genta a eu l’occasion de travailler avec beaucoup de grandes maisons horlogères, mais peu de gens sont au courant de sa collaboration avec Rolex. À l’issu de cette rencontre naîtra la Rolex Texan, un modèle quartz limité à 1000 exemplaires. Sortie en 1970, soit 2 ans avant la Royal Oak, il est surprenant de constater à quel point les deux montres sont similaires sur certains aspects ! Et sans nul doute, la célèbre Oysterquartz en fut fortement influencée.
9. Rolex a permis de résoudre une affaire de meurtre
L’une des affaires les plus médiatisées de ces dernières années en Grande-Bretagne a été résolue grâce à une Rolex. L’histoire commence en 1966, avec la découverte d’un corps flottant dans la Manche. À son poignet, une Rolex Oyster Perpetual. Les numéros de série inscrits sur la montre ont permis de retrouver le nom de son acquéreur, un certain Ronald Joseph Platt. En poursuivant leur enquête, les policiers se sont aperçus que Ronald, pourtant gisant devant leurs yeux, continuait de vivre normalement dans le pays. L’homme qui usurpait son identité était en fait un des fugitifs les plus recherchés de la planète, le canadien Albert Johnson Walker. Les enquêteurs ont même pu retrouver la date et l’heure de l’assassinat d’après celles arrêtées sur le cadran de la montre (grâce au décompte de la réserve de marche). Encore une prouesse à rajouter au CV de la marque !
10. Rolex, une marque abordable ?
Si aujourd’hui le modèle le moins onéreux de la manufacture suisse est la Rolex Oyster Perpetual (tout de même plus de 4000€), il n’en a pas toujours été ainsi. En effet, avant les années 80, la firme à la couronne proposait des montres bien plus abordables. C’est seulement plus tard, pour répondre à la demande d’une nouvelle clientèle plus aisée, que Rolex a décidé d’envahir le marché de l’horlogerie de luxe. En augmentant le prix de ses montres, Rolex a accru la qualité de sa production en privilégiant des matières premières plus coûteuses.
juillet 21, 2018
Pas mal
juillet 24, 2018
Merci Nicolas !
juillet 22, 2018
Article très intéressant encore une fois. Mais, il semblerait que d’attribuer la paternité de l’étanchéité et du mouvement automatique exclusivement à Rolex soit aller un peu vite en besogne. Peut-être serait-il plus pertinent de considérer Hans Wilsdorf comme un génie de la communication (de la récupération ? )…
https://moonphase.fr/rolex-bubbleback-les-preceptes-du-dispositif-oyster-de-hans-wilsdorf/
Cela n’enlève rien à l’attrait des productions de la marque dont le niveau de désirabilité atteint des sommets !
juillet 25, 2018
L’aspect « fondation » également n’a pas été abordé, ce qui est un peu dommage 😉
août 25, 2018
Bon article, comme j’aimerais en lire d’avantage. Bravo!
Une précision pour ma part: les américains n’ont pas plongés seuls dans la fosse des Mariannes: ils ont été accompagnés par Jacques Piccard qui n’est autre que le co-inventeur avec son père Auguste du sous-marin « Le Trieste » qui a été utilisé pour cette expédition. Rendons à César…
octobre 28, 2021
Bonjour, quelques rectifications si vous me le permettez; Rolex n’a pas fabriqué la première montre étanche, c’est une légende qui a la vie dure, d’autant plus dure que Rolex ne rend pas à César ce qui lui appartient. La Tavanes Watch and Co » submarine » équipait les sous mariniers de la Royal Navy durant la 1ère G.M, était étanche bien avant celle de Wilsdorf ( et autrement plus capée techniquement que la Rolex. (https://www.vintagewatchstraps.com/tavannes.php )
Quant à Mercédès Gleitz, la traversée qu’elle réussit se fit sans tambour ni trompette mais, une rumeur prétendant qu’une rivale avait fait mieux qu’elle, la troubla tellement qu’elle voulut réaliser une » vindication swim « . Ayant entendu cette histoire et ému par le courage de la jeune femme, Wilsdorf lui proposa l’association avec sa montre. Elle échoua à traverser la manche complètement puisqu’à 6 miles nautiques, devant des conditions météos très dures, elle fut remontée dans le bateau d’assistance. Admiratifs devant par sa volonté, les commissaires lui décrétèrent l’attribution d’ une traversée complète. Que serait il advenu si la montre de Wilsdorf avait dû rester 10 kilomètres de plus dans l’eau? nul le sait….(source : https://ishof.org/mercedes-gleitze-(gbr).html). Passionné par l’Histoire, j’effectue souvent mes recherches en ouvrages ou en informations sur des pages anglo-saxonnes bien plus technique et pointues que notre jolie presse française très consensuelle : il n’y a qu’à taper les mots « Mercédès Gleitz » sur Google pour découvrir stupéfait, et un brin écœuré, que tous les articles survolent l’exploit de cette jeune femme pour ne parler que de Rolex et mettre en avant Rolex…..Rolex n’a rien inventé ( Sub, Explorer, GMT, Dayto….) mais a été un génie en comprenant une chose : la communication par dessus tout, et surtout, avant tous. Les légendes ayant la vie dure, la saga Rolex était née….