Voici un test pas comme les autres. Aujourd’hui, nous allons nous focaliser sur le processus plutôt que sur la montre. C’est une première à bien des niveaux, d’une part car nous allons pour la première fois assembler une montre, mais également tout vous expliquer au fur et à mesure. Il y a maintenant sept ans, nous avions participé à un atelier organisé par Objectif Horlogerie et durant lequel nous avions démonté puis remonté un mouvement. Avec le DIY Watch Club, on passe à une autre étape, seul mais bien guidé.
DIY Watch Club : la montre mécanique en kit
Le concept est simple : assemblez vous-même une montre mécanique. L’idée est excellente, même si un peu osée vu les dégâts pouvant être causés par l’utilisateur. Mais l’équipe du DIY Watch Club a bien fait les choses et a aussi prévu de quoi corriger le tir si vous échouiez à la première tentative. En soi, ce n’est pas sorcier, cela a même l’air assez simple. Mais méfiez-vous, certaines étapes sont sacrément délicates et vous feront apprécier le travail de votre horloger. Pour notre part, nous avons choisi le kit « All Black GMT Diver » avec le « DWC Tool Set » proposé à 340$ (hors taxe) : une montre étanche à 20 ATM avec cadran sandwich, un mouvement GMT signé Seiko, un bracelet en silicone, ainsi qu’un kit complet d’outils. Vu le prix, c’est presque une aubaine.
Etape 1 – Découverte des composants, outils et protections
C’est une étape satisfaisante : déballer tout le contenu de la mallette pour en découvrir tout le contenu. Boîtier, mouvement, cadran, rehaut et aiguilles sont soigneusement emballés dans de petites boîtes avec une mousse protective. Le reste trouve sa place dans une mallette plutôt bien organisée avec plus d’outils qu’il ne vous en faudra : tournevis de précision, brucelle à pointe fine, loupe d’horloger avec porte-loupe, ouvre boîtier pour fonds vissés, couteau ouvre boîtier pour fonds clipsés ainsi que des outils à poser et à retirer les aiguilles. C’est sans oublier les doigtiers de protection pour éviter de tâcher les pièces et de prévenir de l’oxydation causée par le contact avec les doigts, de la pâte rodico et une cheville en bois pour enlever les poussières et les traces de doigts, ainsi qu’un petit sous-main en cuir pour servir de support de travail. Une fois le kit déballé, on pose son smartphone sur le support fourni pour suivre les vidéos explicatives, on protège ses doigts et c’est parti !
Etape 2 – Ouverture du fond de boîte
Le boîtier de la montre est livré fermé avec la couronne directement vissée dans celui-ci, ce qui lui permet de rester hermétique durant le transport et ainsi de ne pas contaminer l’intérieur des pièces, notamment de la poussière. Il faut donc utiliser l’ouvre fond de boîte en ajustant la molette pour que les pointes viennent bien se caler dans deux des six encoches du fond, puis simplement dévisser tout en appliquant suffisamment de pression – mais pas trop – afin d’éviter de glisser et ainsi de faire une énorme rayure ! Une fois le fond ouvert, il suffit de retirer le joint d’étanchéité puis de le placer dans la pochette en plastique fournie, de retirer le cercle d’emboîtage puis de détacher le rehaut. C’est probablement l’étape la plus simple de toutes !
Etape 3 – Remplacement de la couronne
Avec la première prise en main du mouvement vient certaines précautions. C’est un ensemble composé de pièces très fragiles, notamment le balancier et l’échappement. En gros, tout ce qui est mobile ne doit pas être touché, la masse y comprise car il ne faut pas y appliquer de pression. Des règles de base auxquelles il y toujours penser au risque d’endommager le mouvement de manière irréversible. Vu que les mouvements neufs sont livrés avec une tige montée avec une couronne temporaire, il faut la retirer pour la remplacer. Une pression sur une pièce bien précise juste au-dessus de la platine (base du mouvement) permet de déverrouiller le système qui la retient et ainsi de la retirer. Il suffit ensuite d’insérer la couronne définitive doucement en effectuant de petites rotations jusqu’à entendre un « clic ».
Etape 4 – Installation du cadran et du cercle d’emboîtage
Avant d’installer le cadran, il faut installer le ressort de friction de la roue des heures, une petite pièce en métal ressemblant à une petite rondelle pliée, qui se posera autour de l’axe central sur la roue des heures. Vu que la montre que nous avons eu en main était dotée d’un cadran sandwich, celui-ci est composé de deux parties. Les pieds de la partie supérieure traversent donc les trous de la partie inférieure pour venir se loger dans les trous dédiés sur la bague d’espacement, la partie en plastique qui entoure le mouvement. Ces pieds sont à redresser à l’aide de la brucelle afin de pouvoir parfaitement les loger dans les trous dédiés en appuyant doucement et progressivement, tout en s’assurant que l’axe central reste bien au centre du cadran. Attention, la surface du cadran est extrêmement fragile, nous en avons fait l’expérience ! Les petites tâches se nettoient, mais les rayures irréversibles arrivent très rapidement. Il faut donc le manipuler sur le pourtour ou depuis ses pieds uniquement. Finalement, on insère le mouvement surmonté du cadran dans le cercle d’emboîtage qui maintient le tout.
Etape 5 – Pose des aiguilles
Voici l’étape la plus éprouvante et de loin. À ce stade, autant faire une petite pause et prendre un bon café car la route risque d’être longue et périlleuse. Sur le papier, l’opération est simple : on installe les aiguilles de la plus basse à la plus haute, soit aiguille du GMT, des heures, des minutes et des secondes. Plus on avance, plus il faut être précis car plus le support rétrécit. À chaque fois, on attrape l’aiguille avec la brucelle, dans le bon sens et l’on vient la déposer sur l’axe pour qu’elle soit d’une part bien calée et surtout bien alignée avec les index. Après un contrôle d’alignement en tournant la couronne, on procède à leur fixation via un outil à poser les aiguilles, l’embout à utiliser étant différent selon la taille de l’axe. Un seul mauvais geste et l’axe des secondes sera plié et endommagé de manière irréversible. Heureusement, le DIY Watch Club fournit deux sets d’aiguilles car c’est une étape délicate et les aiguilles prennent facilement des micro-rayures vu que les tentatives sont nombreuses. Le plus difficile reste l’installation de la trotteuse, du moins si vous découvrez comme nous que votre micro-motricité n’est pas aussi bonne que vous le pensiez. Couplez cela avec la loupe à utiliser avec un seul oeil ouvert, à quelques centimètres à peine d’un axe mesurant un maigre 2/10ème de millimètre, tout en tenant une petite aiguille avec un outil que vous n’avez pas l’habitude de manier et que vous devez relâcher une fois positionné, sans bouger d’un iota… Bref, vous avez compris ! Pour ces 4 aiguilles, il nous aura fallu une bonne heure, dont 40 minutes pour la trotteuse. On comprend mieux pourquoi les manufactures ont des outils pour éviter tout ça !
Etape 6 – Nettoyage du boîtier et des pièces
À ce stade, le pire est derrière nous et on comprend vite que la fin est proche. Le nettoyage, c’est un moment agréable que l’on veut faire durer et pour lequel on a envie de se permettre de prendre le temps. C’est l’occasion également de se familiariser avec plusieurs instruments, dont le soufflet d’horloger, cette petite poire soufflante qui permet d’évacuer la poussière, le rodico, cette pâte à modeler conçue pour le nettoyage à la main comme appliquée sur une cheville en bois, aussi utilisable seule pour les marques tenaces. En règle générale, la pâte ainsi que la cheville en bois suffiront. Il est aussi important de toujours s’assurer que les marques ou les poussières sont bien à l’extérieur afin de minimiser les opérations à l’intérieur du boîtier. En dernier recours, vous pourrez utiliser les petits chiffons micro-fibres fournis (sauf pour le cadran), en prenant soin d’en utiliser un pour l’extérieur, et l’autre pour l’intérieur. L’idée étant de ne pas contaminer en décontaminant !
Etape 7 – Pose du rehaut et installation du mouvement
Tout comme le cadran, le rehaut où figure l’échelle de minuterie et faisant le lien avec le verre, est doté de pieds qui viennent se loger dans des trous spécifiques du cercle d’emboîtage. Une fois positionné et après une légère pression, nous pouvons ajuster l’alignement en bougeant la couronne vers le haut/bas, en se basant sur les points cardinaux. Tout comme pour l’étape 3, nous allons devoir retirer la couronne afin de pouvoir emboîter le mouvement. Cette fois-ci, n’oublions pas que les aiguilles sont installées et que le rehaut aussi, il faut donc être minutieux pour procéder à la même opération tout en tenant le tout entre les doigts. C’est pour le coup un peu plus ardu, mais incomparable avec ce que nous avons vécu avec les aiguilles ! Le cercle d’emboîtage comporte une petite excroissance qui s’alignera avec une encoche dans le boîtier. Sans toucher le mouvement et uniquement en pressant sur le cercle d’emboîtage, le plus horizontalement possible, nous pouvons positionner l’ensemble au fond en essayant de bien aligner le tout afin que la tige de couronne soit bien droite. En la remettant en place, nous entendons le même clic que tout à l’heure.
Etape 8 – Fermeture du fond de boîte
À ce stage, c’est une formalité : nous l’avons ouvert plus tôt, le refermer est un jeu d’enfant. Pour que la montre soit étanche, il ne faut surtout pas oublier le joint d’étanchéité que nous avions mis dans une petite pochette afin de ne pas le contaminer. En le poussant doucement dans l’encoche prévue et en s’assurant qu’il est bien positionnée à 360°, nous pouvons refermer le fond de boîte. Les pointes de l’outil ont déjà le bon écartement vu que nous ne l’avons pas réutilisé. Il ne reste donc qu’à bien visser le fond avec fermeté mais sans en faire trop.
Etape 9 – Pose de l’insert de lunette
C’est la touche finale : la lunette est déjà fixée au boîtier, il ne reste donc plus qu’à positionner l’insert de lunette. Pour cela, il suffit de retirer le film de protection à l’aide de la brucelle, puis de prendre la lunette en main pour venir la placer sur la lunette. La surface adhésive suffit à tenir le tout en place, l’important étant seulement de bien aligner le repère triangulaire avec l’index à midi. Et voilà, nous avons assemblé notre propre montre !
Etape 10 – Pose du bracelet
Ce n’est pas vraiment une étape mais plutôt une formalité que beaucoup d’entre-vous connaissez bien. Qui dit amateur de montres dit aussi amateur de bracelets. Vous avez donc votre outil avec pointeau et fourchette pour changer de monture. Même pas besoin ici, le bracelet est doté de pompes rapides pour un assemblage sans outil et en quelques secondes à peine. On aurait presque préféré avoir affaire à des pompes traditionnelles histoire d’aller jusqu’au bout.
Notre avis sur le DIY Watch Club
C’est un concept très cool, c’est certain. C’est aussi une expérience très enrichissante qui mérite bien deux heures de votre temps. Ce peut être la bonne porte d’entrée dans le monde des Seiko mods, certaines pièces étant compatibles. Attention cependant, c’est également une belle leçon faisant prendre conscience qu’horloger est un véritable métier et que la moindre erreur peut s’avérer très coûteuse. Finissons avec la montre qui n’est pas en reste. Vu son prix et sa fiche technique, le rapport qualité/prix proposé par le DIY Watch Club est très satisfaisant. C’est une belle idée de cadeau qui excitera n’importe quel passionné d’horlogerie, sans compter que pour une cinquantaine d’euros, vous pourrez avoir une masse oscillante avec une gravure personnalisée.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site officiel du DIY Watch Club.