C’est une catégorie de montres relativement sous-représentée dans le monde de l’horlogerie. Certes, les plongeuses ou les montres de ville ont plus la cote, mais les « field watches » font littéralement partie de notre histoire. Elles ont une place à part sur le marché et font écho à notre mémoire collective, à un passé aussi dévastateur que constructeur pour les nations européennes et pour le monde en règle générale. Aujourd’hui, nous faisons un petit bond dans le passé, Timor Heritage Field WWW au poignet.

À propos de Timor Watch Company

Dans le monde des micro-marques, faire renaître une ancienne marque horlogère est un graal. Les maisons mortes sont nombreuses, notamment à cause des ravages de la crise du quartz dans les années 80, mais aussi parce que les entreprises ne sont pas éternelles. C’est le cas de Timor dont les racines remontent à 1923. Fondée à La Chaux-de-Fonds par M. Bernheim et M. Luthy, la marque s’était donnée pour mission de fabriquer des montres de qualité, construites pour résister aux épreuves du quotidien. Les fondateurs avait particulièrement mis l’accent sur le contrôle qualité, chaque pièce étant scrupuleusement contrôlée avant de quitter la manufacture. Rapidement exportées à travers l’Europe, les montres Timor se sont construites une belle réputation dans les années 30, notamment en France, Allemagne et Grande Bretagne. La marque avait d’ailleurs conçu une montre pour les non-voyants, équipée d’un verre articulé s’ouvrant sur un cadran jonché de chiffres en braille.

Aux débuts de la Seconde Guerre mondiale, l’armée britannique avait acheté des montres à plusieurs marques afin d’équiper ses troupes combattant à l’étranger. Ces pièces qui suivaient des directives nommées ATP (Army Trade Pattern) étaient pour la plupart des montres grand public modifiées; Timor fut l’une des rares marques à concevoir un tout nouveau modèle pour l’occasion. Durant la guerre, une nouvelle spécification plus stricte vit le jour, connue sous le nom de W.W.W. que 12 sociétés produisirent, créant la légende des Dirty Dozen. Timor en faisait bien évidemment partie. En 2019, la société fut réenregistrée au Royaume-Uni pour redonner vie à ce modèle iconique.

Boîtier

Nul besoin de chercher bien loin, cette Heritage Field WWW dit tout dans son nom : c’est une réédition de la Timor qui fit partie des Dirty Dozen. Elle conserve son diamètre d’origine, soit 36.5mm, puis son entrecorne de 18mm. Quel que soit le type de mouvement qui s’y loge, l’épaisseur demeure la même : 11mm. Elle reprend tous les codes de l’époque, du boîtier microbillé pour limiter l’apparence de micro-rayures à sa couronne non marquée. Les gravures du fond de boîte ont été stylisées, tout en conservant l’acronyme WWW signifiant « Wrist-Watch-Waterproof ». Avec une étanchéité de 5ATM me direz-vous, ce n’est pas si étanche que cela, mais pour l’époque, c’était significatif. Globalement, c’est un design et une finition tellement simples que le résultat ne pouvait qu’à la hauteur de nos attentes.

Cadran

Le cadran lui, est également un pur produit Dirty Dozen. Il suit toutes les directives de l’époque : fond noir, douze chiffres arabes, seconde déportée à 6 heures et logo « broad arrow » à midi pour faire écho à la couronne d’Angleterre. On y retrouve également des marquages luminescents par sauts de 5, tout comme sur les aiguilles, grâce à l’application de SuperLumiNova beige au rendu vert la nuit. Ce n’était pas le cas des autres montres produites par les 11 autres manufactures, mais le fond du compteur de petite seconde affiche une texture vinyle. Le tout est coiffé d’un verre saphir légèrement bombé. Difficile de trouver des points faibles tant le design a été éprouvé et tant il est ancré dans l’histoire. Une fois de plus, tout est bien fait et en parfaite harmonie avec le boîtier.

Mouvement

Vu les origines de la montres, imaginer autre chose qu’un mouvement suisse à l’intérieur aurait relevé du blasphème. Et vu que la marque voulait proposer un garde-temps à moins de 1000 euros, seuls quelques motoristes pouvaient faire l’affaire. C’est bien évidemment pour Sellita que la balance a penché. Au vu de la présence d’une petite seconde, la marque a logiquement jeté son dévolu sur le calibre SW260 (ou le SW216 à remontage manuel). Tout comme le célèbre SW200, ce mouvement automatique oscille à 28’800 alternances par heure et propose une réserve de marche de 41 heures (ou 45 heures pour la version à remontage manuel) ainsi que tout le confort moderne (stop-seconde, remontage à roulement à billes, date à correction rapide et amortisseur de chocs). En version standard, il offre une précision de -12/+12 secondes jour. Une fois de plus, la marque coche la bonne case.

Bracelet

Le cahier des charges d’époque stipulait que la montre devait être équipée d’un bracelet, les marques ayant opté pour du tissu ou du cuir de cochon. De nos jours, la logique veut qu’une montre field soit montée sur un bracelet NATO, option choisie par la marque. Heureusement ici, Timor n’a pas opté pour un simple nylon, souvent connoté bas de gamme, mais a sélectionné un nylon façon ceinture de sécurité. Outre ses propriétés plus solides, ce choix apporte plus de douceur, de brillance, mais aussi un plus beau rendu étant donné que le fil et les coutures sont plus fins. La boucle elle, affiche un look résolument plus moderne avec un ardillon rectangulaire, des découpes également plus délicates à faire sur le nylon. Celui-ci mesure 18mm de largeur avec une coupe droite, logique, et une finition sablée sur la boucle ainsi que sur les passants.

Ecrin

C’est souvent à ce niveau que l’on voit toute l’attention portée par une marque sur ses créations. Tandis que la montre est livrée dans écrin noir mat rectangulaire assez chic, le tout protégé dans une boîte cartonnée, celle-ci étant livrée avec de petites attentions bienvenues. Tout d’abord un petit manuel d’utilisation présentant également l’histoire de la marque et de la montre, mais aussi une enveloppe noire matte avec une fermeture japonaise à cordon comportant un certificat d’authenticité ainsi qu’une pièce commémorative en acier. Avec un petit trou, cela aurait fait un superbe porte-clés ! C’est très complet et surtout bien exécuté.

Notre avis sur cette montre Timor

Parlons avant tout de l’éléphant dans la pièce : oui, l’Hamilton Khaki Field est quasi-imbattable dans le créneau des montres militaires. C’est certes une réédition de la « Hack » de 1969, montre de dotation de l’armée américaine, mais ce n’est pas une Dirty Dozen. Cette histoire est exclusivement réservée à un petit groupe dont Timor fait partie. Longines, IWC, Omega et Jaeger-LeCoultre ont oublié ce bout d’histoire, et les autres marques sont mortes pour la plupart. C’est pourtant ce qui a provoqué notre coup de coeur en découvrant cette montre, notamment son respect du cahier des charges de l’époque. C’est ensuite l’excellent travail de la marque qui scellé le tout. Notre humble avis : pour 950€, c’est une belle option qui mérite considération.

Montre Timor Heritage Field WWW Automatic / Caractéristiques

  • Boîtier : Acier inoxydable 316L / Finition sablée
  • Largeur : 36,5mm
  • Longueur : 45,5mm
  • Épaisseur : 11mm
  • Entrecorne : 18mm
  • Photoluminescence : Oui / SuperLumiNova
  • Type de verre : Verre saphir bombé
  • Fond de boîte : Plein
  • Mouvement : Automatique / Calibre Sellita SW260 (ou SW216)
  • Réserve de marche : 38 heures
  • Bracelet : NATO en nylon
  • Boucle : Ardillon
  • Résistance à l’eau : 5 ATM / 50 mètres
  • Garantie : 2 ans
   DISPONIBLE ICI   /  950€