Après vous avoir présenté l’histoire d’Universal Genève il y a quelques semaines et plus récemment la biographie d’Hans Wildorf, nous continuons notre épopée historique avec une autre marque emblématique. Lumière sur la prestigieuse maison Breguet.

Portrait d’Abraham-Louis Breguet

Un fondateur hors du commun

La maison de haute horlogerie Breguet a été fondée à Paris en 1775 par Abraham-Louis Breguet. Bien que ce dernier soit né à Neuchâtel en Suisse, il vécut la majeure partie de sa vie en France. Il fût nommé maître horloger en 1784, avant de devenir horloger de la Marine Royale en 1815 – de prestigieux titres – preuve de son incroyable talent. Grâce à ces créations révolutionnaires, il reçut également la médaille d’or à l’exposition nationale des produits de l’industrie à deux reprises, en 1798 et 1802. Chevalier de la légion d’honneur et véritable génie, il a marqué le domaine du temps par ses nombreuses inventions et créations.

Première montre dite « perpétuelle »

Une liste incroyable d’inventions

Il est très courant en horlogerie de voir plusieurs marques revendiquer une même invention. Vous pourrez constater que très souvent, cette invention est le fruit de Breguet. La maison franco-helvétique est l’une des plus inventives de toutes et a donné naissance à une liste incroyable de pièces et de complications. Tout commence dès 1780 avec l’invention de la première montre dite « perpétuelle », c’est à dire automatique, une vraie révolution. Dans la foulée, A-L Breguet développera également le ressort-timbre pour les montres à répétition ainsi que le pare-chute, tout premier dispositif anti-chocs. À la fin du XVIIIème siècle, Breguet va créer entre autre, le calendrier perpétuel, l’échappement naturel sans huile ou encore la montre mono-aiguille alors appelée montre de souscription. Au tout début du XIXème siècle, elle repoussera une fois de plus ses limites et donnera naissance au régulateur à tourbillon.

Régulateur à Tourbillon

La marque de la royauté

La marque est alors très populaire dans les milieux aisés et a compté parmi ses fans le roi Louis XVI, la reine Marie-Antoinette, Napoléon Bonaparte ou encore Winston Churchill. Elle s’est d’ailleurs démarquée grâce à des commandes spéciales de ses clients très prestigieux et exigeants. C’est ainsi que la toute première montre-bracelet de l’histoire verra le jour en 1810, sur demande de Caroline Murat, alors Reine de Naples. Elle s’implantera également à Saint-Pétersbourg où elle recevra le titre officiel d’Horloger de sa majesté et de la Marine impériale russe. Mais cela ne durera que très peu de temps et la branche russe sera contrainte de fermée en 1811, sous la pression du Tsar Alexandre 1er.

Première montre-bracelet de l’histoire

La « Marie-Antoinette » : une légende horlogère

En 1783, c’est un officier des Gardes de la Reine, admirateur de Marie-Antoinette, qui va formuler une requête très spéciale. Il va alors commander pour la reine, un garde-temps des plus luxueux comprenant la totalité des complications et du savoir-faire de l’époque. La fabrication de ce chef d’oeuvre va alors durer près de quatre décennies. Cette montre de poche en or comptera 823 composants offrant entre autres une répétition minute, une équation du temps, un quantième perpétuel et une grande seconde indépendante (prémisse du chronographe). Véritable légende horlogère, elle sera ensuite exposée dans un musée de Jérusalem avant d’être dérobée en 1983. Au début des années 2000, la marque va alors se lancer dans la fabrication d’une reproduction à l’identique. Cette réplique sera achevée en 2007, juste avant que l’originale ne soit finalement retrouvée. Une histoire incroyable et pleine de rebondissements qui a fait parler d’elle durant plusieurs siècles.

Montre à gousset Marie-Antoinette

L’armée de l’air et le Chronographe Type 20

Voici un autre fait marquant de son histoire, plus récent et encore présent dans l’esprit de nombreux adeptes de la marque ainsi que des collectionneurs. En 1950,  le Ministère de la défense et l’armée de l’air vont établir un cahier des charges pour la commande de garde-temps aux spécifications techniques précises, ayant pour but d’équiper les pilotes en mission. Breguet et d’autres marques (Airain, Auricoste, Dodane ou encore Vixa) vont alors répondre à l’appel et donner naissance aux mythiques Chronographes Type 20. L’exigence principale du corps militaire était alors la présence de la fonction « retour en vol » (« flyback » en anglais). Cette dernière facilite et optimise le calcul des trajectoires en permettant de commencer un nouveau chronométrage de façon instantanée lors de la remise à zéro du chronométrage en cours. Ils devaient également offrir une réserve de marche de plus de 35 heures et une précision quotidienne de +/-8 secondes. En 1954, la maison Breguet sera alors commissionnée par l’état français pour produire près de 2,000 chronographes Type 20, aujourd’hui prisés des collectionneurs. Suite au succès de ces montres de mission, la manufacture va commencer la production d’une version civile appelée Type XX,  bien qu’elle ait largement évolué depuis. Elle est toujours produite à l’heure actuelle.

Breguet Type 20 pour l’Armée de l’Air française – 1955

Une passe difficile

La luxueuse maison va pourtant connaître des heures plus difficiles durant les années 1980. Nous sommes alors en pleine crise du quartz et après avoir été reprise par les frères Chaumet en 1970, Breguet va faire faillite en 1987. Cette mauvaise passe ne durera pas très longtemps. Elle sera rachetée la même année par Investcorp, un fond d’investissement, après avoir délocalisé ses ateliers à la vallée de Joux en Suisse. En 1999, elle intègre le florissant Swatch Group, alors dirigé par Nicolas G. Hayek, un changement capital qui sonnera le renouveau de la prestigieuse maison.

Nicolas G. Hayek avec la reproduction de la mythique montre Marie-Antoinette

Breguet aujourd’hui

Grâce à la solidité financière et industrielle du Swatch Group, Breguet a pu retrouver sa place au sein du paysage horloger, en s’appuyant sur sa riche histoire et l’émotion qu’elle dégage. Dès 2003, le groupe bâtit une nouvelle manufacture avant qu’une extension y soit construite en 2006 puis en 2013. De quoi permettre à la marque de perpétuer sa tradition tout en développant sa maîtrise technique et technologique. Tout cela s’est directement traduit par une nouvelle série d’innovations telles que la Type XXII, premier chronographe mécanique doté d’un échappement à 10Hz, ou encore la Classique Hora Mundi, premier garde-temps mécanique équipé d’un fuseau horaire à saut instantané. Un retour aux origines de la marque où l’innovation était primordiale. Et pour transmettre et perpétuer cette riche histoire, 3 musées Breguet ont vu le jour à Paris, Shanghaï et Zurich.

Manufacture Breguet, Vallée de Joux, Suisse

Des détails reconnaissables depuis toujours

Comme toutes les grandes maisons horlogères, Breguet est reconnaissable grâce à des signes distinctifs. Outre ses innovations techniques et les grandes complications qu’elle propose, elle se différencie par de légers détails esthétiques composant sa signature. Le plus célèbre d’entre eux est sans aucun doute les aiguilles Breguet, créées en 1783. Elles sont en acier bleui et arborent une forme de « pomme excentrée et évidée ». Les créations de la marque se distinguent également par le guillochage minutieux de leurs cadrans. Elle fût l’une des premières maisons à utiliser et à populariser le guillochage à la main, pour la texture incroyable et l’élégance qu’il apporte, en maîtrisant de nombreux motifs tel que le clou de Paris, le rayon de soleil ou encore le vieux panier. Les chiffres Breguet à la calligraphie spéciale, les cannelures délicates apposées sur les carrures de boîte sont d’autres empreintes du style Breguet, reconnaissable parmi tous.

Aiguille Breguet

Il s’agit là d’une maison horlogère jouissant certainement de la plus riche et de la plus belle histoire. De par les innovations incroyables qu’elle a développées depuis sa création ainsi que son prestigieu lien avec les plus hautes sphères. Et malgré une légère passe difficile, son intégration au Swatch Group il y a une vingtaine d’années lui a offert les moyens ainsi que l’ambition de perpétuer sa tradition horlogère pour renouer avec ses origines, tout en se tournant fièrement vers l’avenir.

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