À force de passer du temps sur notre site, vous l’avez bien compris : nous aimons les marques françaises, les jeunes entrepreneurs et les projets Kickstarter. Lorsque nous avons entendu parler de Benjamin Chamfeuil, un jeune designer bordelais en préparation de son propre projet de montre avec un lancement sur la fameuse plateforme américaine, nous nous devions de le rencontrer. Quoi de plus facile que de sortir de chez-soi et de marcher quelques centaines de mètres pour y arriver…Bordeaux est une petite ville ! Inspirée du passé naval et sous-marinier de Bordeaux, la marque Vasco a un parti-pris : les cadrans 24 heures. Nous voyons déjà certains d’entre-vous nous dire « mais c’est un mouvement à quartz » ! Certes, mais tout comme les taureaux voient rouge devant un toréador, nous voyons rose dès qu’un jeune français prend une bonne initiative dans le fabuleux monde de l’horlogerie. Nous avons donc passé un peu de temps avec Benjamin afin d’en savoir plus sur ce projet qui a tout de même atteint son objectif de 12 000€ en moins de 48 heures.

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Ludovic : Bonjour Benjamin et toutes nos félicitations pour l’atteinte de ton objectif sur Kickstarter. Peux-tu te présenter en quelques lignes ?

Benjamin : Merci beaucoup Ludovic ! Oui, c’est arrivé assez vite finalement, et il nous reste encore plus de 30 jours avant la fin de la campagne. Pour me présenter, pendant cinq ans, j’ai mené de beaux projets d’innovation dans l’agence de design You&Me dont j’étais l’un des fondateurs et associés. Aujourd’hui, je suis un designer indépendant tout juste trentenaire, enseignant et entrepreneur.

Ludovic : Avais-tu déjà dessiné des montres pour d’autres marques ? Peux-tu nous citer quelques-uns de tes clients ?

Benjamin : Très peu. Ma seule expérience s’est déroulée dans le groupe Décathlon où j’ai eu la chance de travailler sur différents modèles de montres grand public destinées à la marque Newfeel. Celle-ci souhaitait cibler une population plus jeune et urbaine. J’ai beaucoup appris de cet objet, et c’est au fil du temps que je m’y suis de plus en plus intéressé.

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Ludovic : Où et comment est né le projet Vasco ?

Benjamin : Vasco est né d’une rencontre avec Aurélien Cram (alias Horel), un ami amoureux des montres et qui en a fait son métier à Bordeaux. Au fil de discussions passionnées, il y avait un intérêt particulier sur un type de montre et peu représenté sur le marché : les 24h. Le nom Vasco est apparu plus tard : facile à prononcer dans toutes les langues, évocateur d’une histoire maritime dans le monde entier, et enfin, un clin d’œil aux montres 12h et à Vasco De Gama, décédé un 24 décembre 1524, soit un 24/12/24. (De là à prévoir la fin des montres classiques ? ^^ )

Ludovic : La première version a vu le jour en 2013 mais n’a pas fonctionné ; que s’est-il passé depuis ?

Benjamin : Plusieurs questions se sont posées. Où étaient les erreurs ? Les points forts ? Il y a eu beaucoup d’interrogations autour de ce projet et nous les avons aussi posées à ceux qui avaient participé au projet, de près ou de loin. Les sondages ont conclu que la singularité venait des 24h et non des disques. Ou encore que le prix public importait plus que l’origine du produit. Ces retours nous ont poussés alors à faire des choix radicaux sans pour autant renoncer à la nature de notre marque : ce qui se traduit par une meilleure lecture de l’heure pour les non-initiés avec une montre 24h à double-aiguille et un modèle mono-aiguille plus minimaliste pour les adeptes de ces mouvements d’une journée. Mais nous avons gardé notre boîtier, des matériaux de qualité et des finitions travaillées (acier 316L sablé, verre saphir, fond vissé).

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Ludovic : Peux-tu nous expliquer le design de la montre ?

Benjamin : Justement, l’esthétique est assez minimaliste. Le boîtier a été dessiné sur un diamètre de 40mm (ni trop gros, ni trop petit) mais avec une épaisseur assez conséquente par rapport aux montres actuelles (DW, Archibald, etc.) car nous souhaitions sentir l’objet sur notre poignet. Des arrêtes fines mais marquées soulignent une ligne continue entre la carrure et les cornes. Le boîtier n’est alors qu’une seule pièce, et à la lumière, cette particularité est très visible. Quelques détails viennent également souligner ces différents éléments : le traitement de l’acier très minéral, légèrement sablé, la gravure « Vasco » sur le côté gauche, ou encore la couronne biseautée qui reprend la ligne du boîtier.

Ludovic : Le format 24 heures est plutôt rare, pourquoi l’avoir choisi ?

Benjamin : Au fil des rencontres avec des passionnés, on est tombé sous le charme de certaines montres 24h utilisées par les sous-mariniers pour s’orienter dans le temps. Et c’est grâce à cette histoire que tout a pris sens : notre nom, notre identité, notre montre 24h. Avec du recul, les montres 24h sont rares et en même temps, elles sont si logiques si on se pose une question simple : combien de temps dure une journée ?

Ludovic : Les bracelets sont en cuir de taureau, c’est très atypique. Qu’est-ce qui t’a amené vers ce choix de matière ?

Benjamin : Pour être assez terre-à-terre, c’est la qualité de la peau du taureau qui m’a convaincu. Elle était très souple et agréable au toucher. Je ne voulais pas d’un cuir dur pour la première série, je voulais qu’il s’accorde parfaitement au poignet dès le premier contact. De plus, c’est un cuir qui vieillit très bien, français et vraiment unique selon la partie de peau utilisée.

Ludovic : Selon toi, à quoi ressemblera le porteur d’une montre Vasco ?

Benjamin : Les contributeurs au projet viennent de 18 pays différents, et ont pour l’instant des profils tout à fait singuliers. Je n’ai qu’une seule devise pour notre marque : young, wild and free. Chacun peut s’y reconnaître, et c’est plus un état d’esprit, une volonté de s’ouvrir au monde.

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Ludovic : Qu’est-ce qui te plaît le plus dans le fait de fabriquer tes propres collections ?

Benjamin : Mon métier de base, c’est d’être designer de produits. Ce que j’aime, c’est toute la conception d’un objet jusqu’au jour où je croise une personne dans la rue qui porte une de mes créations. Avec Vasco, tout a été vraiment conçu de A à Z. Ce qui, je crois, devient de plus en plus rare aujourd’hui, surtout au prix auquel on propose la montre. Nous avons modélisé, prototypé et testé tous les éléments de la montre pour avoir la forme et le rendu que l’on souhaitait, du traitement des arrêtes du boîtier jusqu’à la forme de la boucle, des aiguilles, de la couronne, des cadrans, etc. C’est cette liberté de créer qui me plaît. Et d’autant plus lorsque je vois que beaucoup adhèrent au projet.

Ludovic : Comment vois-tu le futur de ton entreprise ? Quel est ton objectif ?

Benjamin : À court terme, c’est de réussir la campagne Kickstarter avec un maximum de financement. Plus le financement sera important, et plus je pourrai travailler différentes déclinaisons, différents cadrans, etc. À moyen terme, si on pérennise la marque avec une collection par an, ce sera une bonne chose. Mais pour le moment, on est en plein marathon donc on garde le cap ! ☺

Ludovic : À force de voir les campagnes de financement, la question se pose : est-ce facile de créer sa propre marque de montres ?

Benjamin : Je vais répondre de manière très bateau mais je crois surtout que ça dépend de la personne qui crée la marque et de l’histoire qui va avec. On a vu avec plusieurs marques françaises et financées sur Kickstarter (William L. 1985, Laruze Paris, Klokers, Akrone ou notre marque Vasco ) que nous sommes tous totalement différents : des parcours aux modèles, aux prix, aux mouvements et à la cible. Mais je crois que nous avons tous en commun la passion des montres et beaucoup de patience car une campagne, c’est très long.

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Ludovic : Quels conseils aurais-tu pour ceux qui hésitent à se lancer dans la même aventure ?

Benjamin : Ce n’est pas à prendre à la légère car tout se décide en amont, pendant et après le financement. Et même en prévoyant les moindres détails, il reste toujours un doute sur la suite du projet et son efficacité sur le client, car avant tout, c’est lui le seul maître à bord. Je suis d’ailleurs en train de tout noter à propos de cette expérience dans un journal de bord que j’espère faire partager par la suite.
Si vous êtes passionné et bon communicant, alors cette aventure peut être très riche humainement et évidemment financièrement. Il ne faut pas hésiter à bien s’entourer, bien chiffrer et réaliser des prototypes le plus abouti possible.

Ludovic : La campagne est encore en cours. As-tu un mot à transmettre à nos lecteurs ?

Benjamin : Il reste un mois pour financer ce projet de montre 24h française. Si le projet vous plaît, n’hésitez pas à le partager autour de vous et ensemble, on pourra faire de cette aventure une belle marque de montres atypiques. Plus on sera nombreux à soutenir le projet, et plus nous irons loin.

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