C’est l’histoire de l’un des partenariats les plus prestigieux du monde horloger. D’un côté, il y a Rolex, la marque de montres la plus puissante et la plus connue. De l’autre, la COMEX, une société de travail maritime réputée dans le monde entier. Et entre ces deux maisons : une collaboration de presque 30 ans, de laquelle naîtront certaines des montres de plongée les plus désirées par les collectionneurs. Voici donc l’histoire des Rolex COMEX.
La COMEX, pionnière de la plongée (très) profonde
Si l’on ne présente plus Rolex, il faut néanmoins prendre le temps de faire connaissance avec la COMEX. Créée en 1962 à Marseille par Henri Germain Delauze, la Compagnie Maritime d’Expertise, dite la COMEX, se taille rapidement une solide réputation dans le monde de la plongée industrielle et du travail sous-marin. Elle développe notamment un savoir-faire inégalé dans le domaine de l’extraction de gaz et de pétrole à travers le monde. Qu’il s’agisse de construction de pipelines océaniques ou d’exploration sous-marine, la COMEX agit selon le même leitmotiv : permettre à ses plongeurs de faire un travail de très haute qualité, en toute sécurité, et à des profondeurs toujours plus grandes.
Ainsi, il n’est guère étonnant que la COMEX ait décroché certains des records les plus fous de la plongée. En 1969, les plongeurs de la COMEX atteignent la profondeur record de 300m, avant de repousser encore les limites en plongeant à 534m (en mer) en 1988 et 701m (en caisson hyperbare) en 1992. Avec de tels exploits, la légende de la COMEX s’écrit en lettres capitales. Au même titre que la NASA pour la conquête spatiale, la COMEX est le fer de lance de l’exploration sous-marine. Mais au-delà de la performance, ces records mettent en évidence la nécessité pour la COMEX d’avoir un matériel de pointe. Fiable, performant, et innovant. Et c’est là que Rolex entre en jeu.
Rolex et l’univers sous-marin, une histoire d’amour
Depuis la très médiatisée traversée de la Manche par Mercedes Gleitze en 1927, Rolex met en avant ses boîtiers de montres étanches “Oyster” et a fait du milieu aquatique l’un de ses domaines de prédilection. En 1953, Rolex sort la Submariner, qui inaugure le concept de montre de plongée professionnelle. Et à partir de la deuxième moitié du XXème siècle, aux côtés d’autres marques comme Blancpain, Zodiac, Omega, Doxa ou encore Aquastar, Rolex accompagne les plongeurs dans des eaux toujours plus profondes.
1970, début de la collaboration entre Rolex et la COMEX
Il faut attendre le début des années 70 pour voir se dessiner les prémices du partenariat entre Rolex et la COMEX. Sous l’impulsion d’André Heiniger, CEO de Rolex et successeur de Hans Wilsdorf, la marque à la couronne fournit aux plongeurs de la COMEX des montres de plongée. C’est alors le début d’une collaboration très prolifique qui va s’étaler sur presque 30 ans.
La valve à hélium, une innovation intimement liée à la COMEX
Dès le début, Rolex utilise la COMEX comme banc d’essai pour bon nombre de ses technologies de montres de plongée, et des innovations telles que la valve à l’hélium sont le résultat direct du partenariat entre ces deux marques. Il s’agit d’un mécanisme qui permet à la montre de rétablir une pression dans le boîtier équivalente à la pression extérieure lors des remontées de plongée, et ainsi d’éviter que le verre ne saute. Développée en collaboration avec Doxa, cette valve apparaît pour la première fois sur la Doxa Conquistador en 1969, puis sur la Submariner COMEX 5513 l’année d’après, avant d’être installée sur les Submariner COMEX 5514, et enfin sur toutes les Sea-Dweller.
Une collaboration très prolifique
La première montre produite par Rolex en 1970 pour la COMEX est la Submariner réf. 5513, équipée (ou non) d’une valve à hélium. Elle est accompagnée de la Submariner réf. 5514, seule référence produite exclusivement pour la COMEX, qui est ni plus ni moins qu’une 5513 à laquelle on a ajouté une valve à hélium. Puis suivent les Submariner réf. 1680, produite entre 1978 et 1979, et les Submariner réf. 16800, 168000 et 16610, toutes produites sans valve à hélium. En parallèle, Rolex fournit à la COMEX des Sea-Dweller, qui bénéficient d’une meilleure étanchéité (610m ou 1220m selon les versions), notamment grâce à l’emploi systématique de la valve à hélium. Il s’agit des références 1665 (entre 1977 et 1981), 16660 (entre 1980 et 1984) et 16600 (entre 1992 et 1997). Au final, Rolex fournit à la fois des Submariner et des Sea-Dweller à la COMEX de 1970 à 1997 (même si certains lots supplémentaires semblent avoir été livrés entre 2003 et 2004).
Une collaboration qui évolue
Le but des montres produites par Rolex au bénéfice de la COMEX a légèrement changé au cours de la relation. Durant les 20 premières années, les plongeurs de la COMEX considéraient leurs Submariner et Sea-Dweller comme des éléments essentiels de leur équipement de plongée, et presque tous les exemplaires ont été utilisés comme de véritables outils de travail. Cependant, vers la fin du partenariat, les différents modèles COMEX Submariner et Sea-Dweller sont devenus davantage des montres de présentation ou de commémoration, pour les employés de l’entreprise.
Comment reconnaître une Rolex COMEX ?
Les Rolex COMEX se reconnaissent facilement à trois éléments. Tout d’abord, leur imposant logo COMEX sur le cadran. Ensuite, elles possèdent un numéro de référence et un numéro de série gravés à l’intérieur du fond de boîte. Enfin, le numéro COMEX est gravé sur l’extérieur du fond de boîte. Mais, quand on regarde dans le détail, on s’aperçoit que certaines montres COMEX, pourtant tout à fait légitimes, ne présentent pas ces trois éléments. Surtout pour la première série, la Submariner 5513 qui peut avoir ou non un valve à hélium, et ne pas avoir de logo COMEX sur le cadran. Certaines 5513 s’apparentent alors à des Submariner “normales”, à l’exception de leur numéro COMEX gravé sur le fond de boîte.
Des pièces ultra-rares…et ultra-chères !
En un peu moins de 30 ans, Rolex n’a produit que quelques milliers de Submariner et Sea-Dweller pour la COMEX. En fait, on estime que chaque référence n’a connu que 200 ou 300 exemplaires. Ce qui fait des Rolex COMEX des montres extrêmement rares. De plus, la plupart de ces montres ont été utilisées en conditions “réelles”. Elles ont donc subi toutes sortes de péripéties : perdues, endommagées, détruites…rares sont celles qui ont pu atteindre la retraite en un seul morceau. Enfin, il est important de noter que Rolex n’a jamais commercialisé de montre COMEX. Au contraire, elles étaient commissionnées et proposées uniquement à la COMEX et à ses plongeurs. Tous ces éléments contribuent à la rareté extrême des Rolex COMEX… et donc à leur désirabilité. Et la côte de ces véritables “licornes” sur le marché de l’occasion en est le témoin. À titre d’exemple, une Submariner COMEX réf. 5514 s’échange entre 90 000 et 120 000€ !