Lorsqu’on parle d’horlogerie suisse, on évoque souvent les grandes maisons comme Rolex, Patek Philippe, ou Audemars Piguet. Mais derrière ces noms emblématiques se cachent des artisans d’exception qui ont contribué à façonner l’histoire de cette industrie. Parmi eux, une maison se distingue particulièrement par son expertise inégalée dans la fabrication de bracelets de montre : Gay Frères.
Les origines : une histoire de tradition et de savoir-faire
Fondée en 1835 par Jean-Pierre Gay et Gaspard Tissot à Genève, Gay Frères est le fruit d’une passion commune pour le travail de précision et la qualité artisanale. À l’origine, la société se spécialise dans le travail de chaîniste, c’est-à-dire la fabrication de chaînes en or et en argent, destinées à la bijouterie et à la joaillerie. Les deux fondateurs, issus de familles d’artisans, mettent en œuvre un savoir-faire minutieux, qui permet rapidement à la maison de se distinguer par la finesse et la solidité de ses créations. De plus, la croissance rapide de l’entreprise est marquée par son adaptation aux besoins de la haute horlogerie. Ainsi, dès la fin du XIXème siècle, Gay Frères commence à diversifier sa production en créant des chaînes pour montres de poche, un segment en pleine expansion à cette époque. La maison réussit à s’imposer grâce à des produits innovants et d’une qualité irréprochable, attirant l’attention des plus grandes maisons horlogères suisses.
Une alliance avec les géants de l’horlogerie
Au fil des décennies, Gay Frères tisse des liens étroits avec les marques les plus prestigieuses. Leur premier grand coup d’éclat survient dans les années 1930 lorsqu’ils commencent à collaborer avec Patek Philippe. Le succès de cette alliance ouvre les portes à d’autres collaborations tout aussi illustres : Audemars Piguet, Vacheron Constantin, Zenith et bien sûr, Rolex.
Une collaboration emblématique avec Rolex
La collaboration entre Gay Frères et Rolex est particulièrement marquante. Elle débute dans les années 1930, une époque où Rolex est en pleine ascension sous la direction visionnaire d’Hans Wilsdorf. C’est durant cette période que les deux maisons unissent leurs forces pour créer des bracelets qui deviendront des icônes de l’horlogerie, fruits d’un travail d’ingénierie et de design exceptionnel.
> Le bracelet Bonklip
Même si Gay Frères n’est pas l’inventeur à proprement parler du bracelet Bonklip, l’atelier genevois en fournit à Rolex dès le début des années 30. Aussi appelé bracelet « bambou » à cause de la forme de ses maillons, ce bracelet d’origine militaire équipe notamment les fameux modèles dit « Bubble back » de Rolex.
> Le bracelet Jubilé
L’une des premières grandes réussites de la collaboration entre Gay Frères et Rolex est le bracelet Jubilé, introduit en 1945 pour célébrer le 40ème anniversaire de Rolex. Conçu initialement pour accompagner la Rolex Datejust, le Jubilé se distingue par ses 5 maillons, gages d’élégance et de confort. Ce bracelet devient rapidement un symbole de sophistication, apprécié autant pour son esthétique que pour sa souplesse au poignet.
Le Bracelet Oyster
Un autre pilier de cette collaboration est le bracelet Oyster. Breveté en 1947 et introduit au catalogue en 1948. Ce bracelet se caractérise par sa robustesse et son design épuré, parfaitement en accord avec la philosophie de Rolex. Plus sportif que le Jubilé, le bracelet Oyster devient l’un des plus emblématiques de la marque, notamment pour ses performances en termes de confort et de durabilité, contribuant ainsi à la réputation des montres Rolex en tant qu’outils fiables et précis.
Modèles mythiques et créations iconiques
Parmi les modèles les plus emblématiques signés Gay Frères, on trouve également le bracelet « Gay Frères Expansion« . Introduit dans les années 1940, ce bracelet extensible s’adapte parfaitement au poignet, combinant confort et esthétique, offrant une flexibilité et une praticité inédites.
Parallèlement à cela, de nombreuses montres iconiques sont équipées de bracelets réalisés par Gay Frères. Et dans le désordre, on peut citer les bracelets intégrés de l’Audemars Piguet Royal Oak et de la Patek Philippe Nautilus, tous deux dessinés par Genta, le bracelet « échelle » du chronographe El Primero de Zenith, ou encore les bracelets en grains de riz si chers à Omega, Longines, ou Heuer dans les années 50-60. C’est bien simple, tous les plus grands noms de l’horlogerie ont fait appelle à cet atelier d’excellence pour la réalisation de leur plus beaux bracelets acier.
L’innovation et la qualité
L’expertise de Gay Frères joue un rôle crucial dans le développement de ces bracelets. Les artisans de la maison innovent constamment pour améliorer le confort, l’esthétique, mais aussi la sécurité des bracelets. Ainsi, dans les années 40, Gay Frères introduit des systèmes de fermoirs plus sûrs et plus pratiques, tels que le fermoir à boucle déployante, qui devient une référence dans l’industrie horlogère.
Un atelier intégré au sein de Rolex
Aujourd’hui, Gay Frères fait partie du groupe Rolex, une acquisition qui a eu lieu en 1998. Cette intégration a permis à Gay Frères de continuer à évoluer tout en préservant son héritage artisanal, et à Rolex de s’assurer les services du meilleur atelier suisse de bracelets. Les ateliers de Gay Frères restent basés à Genève, à quelques encablures du siège de la marque à la couronne.
Des bracelets très recherchés
La réputation de Gay Frères n’est plus à faire. Ils sont synonymes de prestige et de savoir-faire artisanal. Reconnus pour leur qualité exceptionnelle, les bracelets signés Gay Frères sont aujourd’hui recherchés par les collectionneurs du monde entier. Que ce soit dans les brocantes, les ventes aux enchères, ou les boutiques spécialisées en montres vintage, ces bracelets sont souvent des pièces de collection très recherchées. Et pour les reconnaître, il faut pister leur signature traditionnelle « GF », à l’intérieur de la boucle. Alors si au détour d’une brocante, un vieux bracelet acier porte ces initiales, n’hésitez pas !