Une montre sert à donner l’heure. C’est vrai. Mais elle peut donner également de nombreuses autres informations, que l’on nomme des « complications » : date, temps écoulé, réserve de marche ou phase de lune… Petit tour d’horizon – non exhaustif – des complications horlogères incontournables.
Quantième et calendrier
La complication la plus répandue est sans aucun doute la date. Appelée « quantième » en jargon horloger, elle permet d’afficher le jour du mois, dans un guichet situé à 3h, 6h, ou 4h30 dans la plupart des cas. Elle peut être accompagnée de l’affichage du jour de la semaine. On parle alors de double quantième : ce sont les fameux modèles « day-date », chez Rolex par exemple. Le triple quantième affiche le jour, la date et le mois. Mais il ne gère pas la différence entre les mois de 28, 30 ou 31 jours. Il nécessite donc une correction pour tous les mois qui n’ont pas 31 jours. Pour plus de précision, il faut passer au quantième annuel, qui ajoute la gestion des mois en 30 et 31 jours, mais pas celle du mois de février. Ce mécanisme ne nécessite donc qu’une seule correction par an, pour le mois de Février. Vous l’aurez compris, la gestion du mois de Février est la partie la plus délicate de notre calendrier : 28 jours habituellement, et 29 jours une année sur quatre. Le quantième annuel bissextile prend en compte les 28 jours du mois de Février. Il ne nécessite donc qu’une correction tous les 4 ans, pour les années bissextile, d’où son nom.
Le quantième perpétuel, quant à lui, prend en compte toutes les différentes longueurs de mois, y compris les 29 jours de Février pour les années bissextiles. Il ne nécessite aucune correction manuelle… ou presque. En effet, il existe le cas particulier des années séculaires : pour être dite « bissextile », une année séculaire doit être multiple de 400, pour se rapprocher le plus possible de la véritable durée d’une année astronomique, et éviter une déviation trop importante au cours des siècles. Ce qui revient à supprimer trois années bissextiles tous les 400 ans. 1600 est bissextile, 1700, 1800 et 1900 ne le sont pas. Ainsi, certaines montres présentent un quantième perpétuel séculaire, qui prend en compte cette particularité, et demandent une correction tous les 400 ans seulement. C’est le cas de la fameuse Patek Philippe Calibre 89, sortie en 1989.
Chronographe et mesure de temps
La fonction chronographe est un autre grand classique de l’horlogerie. Elle permet de mesurer le plus précisément possible la durée d’un évènement. Habituellement, la lecture se fait via la grande trotteuse centrale pour les secondes, et grâce aux totalisateurs de minutes et d’heures, situés dans des sous-cadrans. Cette fonction chronographe peut être couplée à une mesure supplémentaire, indiquée sur la lunette extérieure : la vitesse pour un tachymètre comme sur la fameuse Omega Speedmaster, une distance pour un télémètre, ou même un rythme cardiaque pour un pulsomètre.
Il existe deux variantes principales au chronographe. La première est le flyback, ou retour en vol en français. Cette complication fut inventée par Longines en 1936. Le flyback permet de lancer une nouvelle mesure de temps instantanément, sans avoir à arrêter puis remettre à zéro le chronographe. À l’origine, cela avait pour but d’aider à la navigation aérienne. Ainsi, le pilote pouvait relancer son chronographe par une simple pression sans avoir à le manipuler, ce qui n’est jamais aisé en plein vol, surtout avec des gants.
La seconde variante du chronographe est la rattrapante. Elle permet la mesure de temps intermédiaires, ou de deux événements simultanés de durée différente, comme lors d’une course avec plusieurs concurrents. La rattrapante désigne en fait la seconde trotteuse, parfaitement superposée à la première. Lorsque l’utilisateur appuie sur le poussoir à 2h, les deux aiguilles partent en même temps. Puis lorsqu’il appuie sur le poussoir à 10h, la première aiguille s’arrête, pour lui permettre la lecture de la durée, tandis que la deuxième continue seule son chemin. Enfin, lorsqu’il a relevé la durée, l’utilisateur appuie de nouveau sur le poussoir et l’aiguille qui s’était arrêtée rattrape l’autre, d’où son nom.
Réserve de marche
Tous les mouvements mécaniques acquièrent leur énergie grâce au remontage, qu’il soit manuel ou automatique. Lors de celui-ci, le barillet emmagasine de l’énergie en comprimant le ressort spiral. Cette énergie est ensuite restituée de façon progressive à travers les différents mécanismes (échappement, engrenages, modules complémentaires…) pour faire fonctionner la montre. À tout moment, l’autonomie restante de la montre ainsi obtenue est appelée « réserve de marche ». Elle est indiquée grâce à une aiguille, un disque voire un curseur, placé sur le cadran (même s’il existe certains modèles avec un indicateur de réserve de marche au dos du boîtier). Cette réserve de marche est en moyenne d’une quarantaine d’heures, mais les mouvements nouvelle génération offrent souvent une réserve de marche d’environ 70 heures, ce qui permet de laisser la montre le vendredi soir et de la reprendre le lundi matin, toujours en marche. À l’heure actuelle, le record est détenu par Hublot avec sa MP-05 LaFerrari et ses 50 jours d’autonomie.
GMT
Le GMT, pour Greenwich Mean Time, est une complication qui permet de lire simultanément l’heure de plusieurs fuseaux horaires. La lecture se fait la plupart du temps grâce à une 4ème aiguille, pointant sur une lunette ou un rehaut gradué sur 24h, ou en 12h si l’on ajoute une indication jour/nuit comme sur la Vacheron Constantin Overseas Dual-Time. Avec l’essor des voyages intercontinentaux au milieu du XXème siècle, cette complication était d’abord destinée aux pilotes d’avion, mais trouva un nouveau public parmi les grands voyageurs jonglant régulièrement avec différents fuseaux horaires. La 4ème aiguille, dite aiguille GMT, peut être liée à l’aiguille des heures, ou bien réglable indépendamment d’elle. On parle alors de « vrai GMT ». L’un des exemples les plus célèbres de montre GMT est sans doute la Rolex GMT Master.
Phase de lune
La mesure du temps a toujours été liée à l’observation des astres, utilisés pour servir de référence absolue. Le lien entre l’horlogerie et les objets célestes est donc tout naturel. Pour illustrer cette connexion, la complication la plus répandue reste la phase de lune. La plupart du temps, cette complication est présentée dans un guichet semi-circulaire, traversé par une lune miniature. Le cycle lunaire dure environ 29.5 jours, et la forme spécifique de ce guichet permet de représenter toutes les phases de la lune, de la nouvelle lune au dernier croissant, en passant par la pleine lune. Retrouvez les plus beaux exemples de cette complication particulière dans notre article sur les 10 plus belles phases de lune.
Complications sonores : alarme et répétition
S’il est relativement facile d’ajouter une fonction sonore à une montre électronique, l’exercice se complique rapidement dès que l’on parle de montre mécanique. Les complications sonores se déclinent en deux grandes catégories. La première est l’alarme. L’utilisateur règle l’heure souhaitée grâce à une 4ème aiguille. Et le moment venu, un petit marteau vient cogner contre la paroi interne du boîtier, pour produire l’alarme et avertir l’utilisateur. Le modèle de montre alarme le plus connu est sans doute la Jaeger-LeCoultre Memovox, sortie en 1951. La deuxième catégorie est celle des répétitions. Il s’agit de montre capable d’indiquer de manière sonore le passage régulier des heures, ou bien l’heure exacte. On parle alors de « répétitions minutes ». Pour cela, elle sonne distinctement les heures, les quarts d’heure et les minutes, sur simple pression d’un poussoir. Le mécanisme comprend deux marteaux, qui cognent sur des fils d’acier, appelés timbres. Ils produisent un son grave pour chaque heure, puis un son medium pour les quarts d’heure, puis un son aigu pour chaque minute. Cette complication, très complexe à mettre en œuvre, produit une petite mélodie, comme une boîte à musique, qui varie d’une marque à l’autre. C’est le seul exemple où une montre peut se distinguer par ses qualités sonores en plus de ses qualités horlogères.
Tourbillon
Même s’il n’offre pas de fonction supplémentaire à la lecture de l’heure, le tourbillon est considéré comme une complication. C’est même l’une de plus prestigieuses, car elle nécessite un savoir-faire et une expertise auxquels seules quelques rares maisons horlogères peuvent prétendre. Le mécanisme de tourbillon fut inventé par le génial horloger Abraham-Louis Breguet en 1801. Il a pour but d’améliorer la précision des mouvements mécaniques en compensant les effets de la gravité. Pour cela, l’ensemble balancier-échappement tourne sur lui-même, pour prendre toutes les positions verticales possibles. La plupart du temps, cette partie du mécanisme est mise en valeur grâce à une ouverture dans le cadran, qui permet d’admirer le tourbillon en mouvement. Il existe également une version plus poussée du tourbillon, appelée gyro-tourbillon. Dans ce cas, l’ensemble balancier-échappement tourne autour de trois axes distincts, au lieu d’un seul pour le tourbillon. Le résultat est tout bonnement époustouflant.
La surenchère des complications
Pour une grande maison horlogère, fabriquer une montre dotée de plusieurs complications est un véritable défi, mais également une preuve d’excellence et de savoir-faire. Et à ce jeu-là, on peut citer deux objets d’exception. Le premier est l’Aeternitas Mega 4, signé Franck Muller. Il s’agit de la montre-bracelet la plus complexe au monde : 36 complications, 1483 composants et 5 ans de recherche et développement. Mais la palme revient à la Vacheron Constantin référence 57260. Une montre de poche qui a nécessité le travail acharné de trois maîtres horlogers pendant 8 ans, pour regrouper 57 complications animées par plus de 2800 composants. Un chef d’œuvre horloger, au sens propre du terme.
Des possibilités infinies
Il existe bien d’autres complications que celles que nous vous avons présentées ici. D’autres variantes, d’autres façons de faire. Et c’est bien là tout le charme de ces complications. Chaque marque, chaque modèle propose sa propre version, selon son identité et son héritage. Une infinité de combinaisons, qui rend chacune de nos montres un peu plus unique.
mars 5, 2022
Super comme info.
Merci beaucoup.
mars 30, 2022
Il aurait été interessant de parler de la seconde morte.
Complication horlogère quasiment complètement abandonnée sur les montres mécaniques, depuis l’essort du quartz.
Marquer la seconde etait et reste une prouesse sur une montre mécanique.
mars 30, 2022
Le sujet viendra ! En attendant, nous voulions nous concentrer sur les plus importantes 😉