John Fitzgerald Kennedy est certainement l’une des figures les plus marquantes des années 60. Homme politique et président des États-Unis au destin tragique, il est aussi un amateur enthousiaste d’horlogerie. Des montres marquées par des histoires incroyables, témoignages de ses relations avec ses amis politiques, mais aussi avec ses conquêtes féminines. Alors revenons ensemble sur les montres qui jalonnent la vie de JFK.
Une Bulova offerte par une admiratrice de la première heure
La première montre que nous vous présentons est une Bulova, une maison horlogère américaine, fondée à New-York en 1875 par Joseph Bulova. La montre est offerte à JFK le 10 Novembre 1941, alors qu’il n’a que 24 ans. Et c’est une femme, séduite par le beau jeune homme, qui lui offre, lors d’un diner mondain organisé au 15 Dupont Circle (Washington DC) par l’éditrice du Washington Times-Herald, Cissy Patterson. La montre présente un boîtier en forme de tonneau, de 36mm par 22mm. Il est plaqué en or rose, tout comme le bracelet extensible qui l’accompagne. Le cadran rose pâle possède des chiffres arabes dorés, des aiguilles glaive bleuies, et une petite seconde à 6h, entouré d’un motif en tonneau, qui fait écho à la forme du boîtier. La pièce centrale du bracelet est une plaque, gravée des initiales « JFK« . Cette Bulova est animée par le calibre mécanique Bulova 8AE à remontage manuel, qui s’articule autour de 17 rubis. Cette montre, pourtant modeste, est restée l’une des préférée de JFK. Après son décès, elle est offerte à l’un des plus fidèles membres de son équipe. Cette montre est ensuite vendue aux enchères en 2013, par la maison de vente RR Auction, au New Hampshire, à l’occasion des 50 ans de l’assassinat de JFK, pour un montant resté secret.
L’Omega ultra-plate dite « Stockdale watch »
Le 20 Janvier 1961 est un jour capital pour JFK : c’est le jour de son investiture en tant que 35ème président des États-Unis d’Amérique. Et à cette occasion, il choisit de porter une montre Omega. Un modèle ultra plat, avec un boîtier carré en or jaune 18K. Cette montre lui est offerte un an plus tôt par son ami Grant Stockdale, un homme d’affaires américain, alors que JFK est encore en pleine campagne présidentielle contre Nixon. Le plus étonnant dans cette montre réside sans doute dans sa gravure, au dos de la boîte : « President of the United States John F. Kennedy from his friend Grant« . Un texte prémonitoire, visionnaire, ou porte-chance…qui sait ? Peut-être pour toutes ces raisons, cette Omega devient l’une des montres fétiches de JFK, qui lui donne le sobriquet affectueux de « Stockdale watch« . Après le décès de JFK, cette montre est entrée dans la collection de Robert White, la plus grande collection d’objets liés à JFK. Puis elle est rachetée par Omega pour 350,000 dollars, et exposée depuis 2005 au Musée Omega de Bienne. Enfin, en 2008, une édition commémorative de cette montre est produite en série limitée à 261 exemplaires. Pour la petite histoire, Grant Stockdale a lui-même connu une mort peu ordinaire : le 2 Décembre 1963, soit à peine 10 jours après l’assassinat de JFK, il meurt d’une chute du 13ème étage du building Dupont, à Miami. La police conclut à un suicide, alors qu’aucune lettre de suicide ne vienne étayer cette thèse. Intriguant non ?
La Rolex Day-Date offerte par Marilyn Monroe
Peut-être que la montre la plus connue de JFK est celle qu’il n’a jamais portée : la Rolex Day-Date offerte par Marilyn Monroe, pour son 45ème anniversaire, en 1962. L’histoire raconte que Marilyn fait passer cette montre au président, via son aide de camp Kenneth O’Donnell. Mais lorsque JFK voit la montre, gravée au dos du message « Jack, with love as always, from Marilyn, May 29th 1962« , accompagnée d’un poème suggestif, il demande à O’Donnell de s’en débarrasser. Peu étonnant, sachant que JFK souhaite rester le plus discret possible à propos de sa relation avec la sulfureuse pin-up. Mais O’Donnell, au lieu de suivre les ordres de son patron, décide de garder la montre. Deux mois plus tard, Marilyn meurt, officiellement d’une overdose. Une autre mort suspecte dans l’entourage de JFK, diront certains… Enfin, en 2005, cette montre est vendue aux enchères par la maison de ventes Alexander de Greenwich, pour « seulement » 120,000 dollars. Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! Car en comparant les numéros de série, on découvre plus tard que cette fameuse Rolex Day-Date daterait en fait de 1965 ! Soit 2 ans après la mort de JFK. Il pourrait donc s’agir d’une arnaque, destinée à gonfler le prix de la vente. Et la « vraie » montre dans tout ça ? En fait, elle n’apparaît que sur un seul cliché, miraculeusement rescapé de l’atelier du photographe après une perquisition des services secrets. Prise le soir du fameux « happy birthday mister president« , on y voit alors JFK, son frère Robert et Marilyn, tenant dans sa main une montre, comme si elle s’apprêtait à l’offrir. On ne sait rien de cette montre, que l’on devine à peine sur la photo. Mais on peut supposer qu’elle est ensuite bel et bien détruite par l’aide de camp O’Donnell, comme lui a demandé son patron de président. Ainsi, Kenneth O’Donnel, mort en 1977, de maladie, a sans doute emporté avec lui le secret de cette montre fantôme.
La Nastrix offerte par les « Evangelines »
Le nom Nastrix ne vous dit peut-être rien, mais il s’agit pourtant d’une marque horlogère implantée à New-York, qui importe ses montres de Suisse, jusqu’à la fin des années 70. Le succès est au rendez-vous et en 1946, Nastrix importe jusqu’à 1000 montres suisses par jour ! Des montres de grande qualité, mais qui n’auront pourtant pas laissé de trace indélébile dans l’histoire horlogère. C’est donc bien une Nastrix qui sera offerte par le couple Evangeline et David Bruce, en 1963. Le couple « Evangelines » tient ainsi à remercier le président américain pour avoir nommé David ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni. Le dos de la boîte est même gravé : « To Président John F. Kennedy from the Evangelines 1963« . La montre est un modèle automatique en or jaune 14K, dont le mouvement comporte la bagatelle de 57 rubis ! Mais cette montre est également étanche, et JFK la prend tous les matins, pour aller faire ses longueurs dans la piscine de la Maison Blanche. Après l’assassinat de JFK, quelques mois plus tard, la montre revient logiquement à sa veuve, Jackie Kennedy. Quelques années passent, pendant lesquelles la montre prend vraisemblablement la poussière au fond d’un tiroir. Mais elle réapparaît le 20 Octobre 1971 : Jackie l’offre à son nouveau mari, l’armateur milliardaire grec Aristote Onassis, pour leur 3ème anniversaire de mariage. Elle y fait même ajouter une nouvelle gravure, entre les cornes : « FALJ« , pour « For Ari Love Jackie ». Un geste qui n’a cessé de surprendre les observateurs, tant il est étonnant qu’une femme offre une montre de son ancien mari à son nouveau. L’histoire aurait pu s’arrêter là…mais à la mort d’Onassis en 1975, Jackie récupère une nouvelle fois la montre Nastrix. Et elle l’offre à l’ancienne secrétaire de JFK, Mme Lincoln. Cette dernière, vend à son tour la montre à Robert White, le plus grand collectionneur d’objet liés à JFK, et qui avait déjà acquis son Omega ultra-plate (voir plus haut). Enfin, en 2009 (soit 6 ans après la mort de Robert White), la montre refait surface une dernière fois à une vente aux enchères : la maison de ventes Antiquorum de Genève l’attribue pour 143,000€ à un acheteur anonyme.
La Tank Louis Cartier portée le jour de son assassinat
La dernière montre de JFK, celle qu’il porte le jour tragique de son assassinat le 22 Novembre 1963, est une Cartier Tank « Louis Cartier ». Sa femme Jackie lui offre en 1957 pour leur 4ème anniversaire de mariage. La montre est gravée de leur date de mariage au dos (13 septembre 1953). L’histoire raconte que Jackie donne cette montre Cartier à l’ancienne secrétaire de JFK après sa mort.
La Cartier Tank de Jackie
Enfin, penchons-nous sur une dernière montre. Pas une montre de JFK à proprement parler, mais plutôt une montre de sa femme, Jackie Kennedy. Il s’agit là aussi d’une Cartier Tank, mais son histoire est toute différente. Elle est offerte à Jackie par son beau-frère, le prince Stanislas « Stas » Radziwill, le 23 Février 1963. Elle commémore une longue marche de 50 miles (80km) à laquelle le couple présidentiel participe sur la plage de Palm Beach, pour encourager les Américains à faire de l’exercice. Le dos de la montre est gravé : « Stas to Jackie, 23 feb 1963, 2:05AM to 9:35PM« , indiquant ainsi la durée de la marche. La montre est en or jaune 18K, et mesure 20mm de largeur par 28mm de longueur. Au poignet de Jackie Kennedy, elle devient le devient le symbole du chic français des années 60. Enfin, cette Tank réapparait en 2018, pour être vendue aux enchères par la maison Christie’s : elle est attribuée pour 380,000 dollars à …Kim Kardashian ! Et quand on sait que depuis, la starlette américaine a été cambriolée à Paris, on peut même imaginer que l’histoire rocambolesque de cette montre n’est peut-être pas finie.