Chez Omega, tout le monde connaît la Speedmaster et la Seamaster. Les plus affûtés des connaisseurs connaissent également la Railmaster, qui complète la fameuse Trilogie de 1957. Mais peu connaissent la Flightmaster, une montre spécifiquement pensée pour les pilotes. Design atypique, dimensions hors-normes, fonctionnalités innovantes et carrière trop courte, voici les ingrédients de cette montre à part. Alors sans plus attendre, décollons, prenons de l’altitude, et penchons-nous sur l’histoire de l’Omega Flightmaster.
Une montre professionnelle au cahier des charges exigeant
La Flightmaster voit officiellement le jour en 1969. Et dès le début, l’objectif d’Omega n’est pas de concevoir une montre inspirée de l’aviation, mais bel et bien montre spécifiquement étudiée pour être utilisée en vol par les pilotes d’avion. Une montre pour les professionnels, au même titre que la Speedmaster ou la Seamaster. Ainsi, le cahier des charges est à la fois exigeant et précis : un cadran coloré avec indicateur AM/PM avec minuterie motif racing, une fonction chronographe avec totalisateur de 12 heures, une aiguille indépendante pour un second fuseau horaire et une lunette tournante interne.
Un design unique
Évidemment, cette accumulation de fonctions a une conséquence évidente sur la configuration de la montre : 7 aiguilles, 5 cadrans, 3 couronnes et 2 poussoirs ! Et pourtant, la Flightmaster est un excellent exemple de lisibilité, dans la plus grande tradition aéronautique. L’une des solutions retenues par Omega est l’utilisation d’un code couleur, que l’on retrouve à la fois sur les aiguilles, les sous-cadrans, mais aussi sur les poussoirs ou couronnes associés. Le gris pour la fonction horaire, le bleu pour le 2ème fuseau horaire, le rouge et le jaune pour le chronographe puis le noir pour le réglage de la lunette interne tournante. Ainsi, que ce soit au niveau du cadran ou même au niveau des couronnes et poussoirs, la Flightmaster est une montre très colorée ! Mais son design unique ne s’arrête pas là. Il repose également sur un boîtier ovale très particulier, dit « pilote », typique des années 70. On le retrouve d’ailleurs sur la Speedmaster Mark 3, sortie en 1971. Ce boîtier possède aussi des dimensions hors-normes, surtout pour l’époque : 42mm de diamètre, 45mm de corne à corne, et 14.65mm d’épaisseur. D’autant plus que, visuellement, l’absence de cornes a tendance à accentuer son aspect massif, inhabituel pour l’époque.
Une carrière très (ou trop) courte
Ce design atypique, et, avouons-le, clivant, est peut-être l’une des raisons de l’échec commercial de la Flightmaster. Une montre pétrie de qualités horlogères, avec un vrai caractère, un ADN « professionnel » et un look unique. Mais elle n’a sans doute pas réussi à sortir de l’ombre de la Speedmaster, boostée par ses exploits spatiaux. Au final, la Flightmaster est produite entre 1969 et 1977, date à laquelle Omega la retire définitivement du catalogue. Une carrière très courte qui, associée à un volume de production annuelle assez faible, explique la rareté de ce modèle. En effet, on estime qu’Omega a produit environ 37,500 exemplaires de Flightmaster en 8 ans. Aujourd’hui cependant, force est de constater que la Flightmaster a gardé tout son charme des 70s, et offre une alternative à la fois originale et légitime aux chronos vintage que l’on croise habituellement.
Les 4 références de la Flightmaster
Il existe 4 références de Flightmaster : 3 en acier (les références ST, pour steel) et une en or (référence BA).
1. La référence ST 145.013 (acier)
C’est la 1ère génération de Flightmaster. Elle est équipée du Calibre 910 à remontage manuel, dérivé du fameux calibre 861 qui équipe la Speedmaster. Cette référence se distingue par son compteur 24H vert et noir placé à 9h. Par conséquent, la montre n’a pas de trotteuse, et reste « figée« , même lorsqu’elle fonctionne. Pour les pilotes, cela peut représenter un doute quant au bon fonctionnement de la montre. Et c’est l’une des raisons qui mènera à la référence suivante.
2. La référence ST 145.026 (acier)
Cette 2ème génération reçoit le calibre 911, dérivé du 910, toujours à remontage manuel. Ainsi, le compteur 24H à 9h est remplacé par une trotteuse, comme sur la Speedmaster. Esthétiquement, la montre perd sa touche de vert, et les 3 compteurs sont désormais tous noirs.
3. La référence ST 145.036 (acier)
La 3ème génération ressemble fortement à la 2ème génération. Elle ne se distingue que par un verre différent : il est désormais monté via des manchons, plutôt que via des gorges. La conséquence directe est que la 145.036 est 1mm plus épaisse que la 145.026, avec un profil à 15.65mm.
4. La référence BA 345.0801 (or jaune)
Il s’agit de la version en or jaune massif. Ce qui en fait un véritable poids lourd : 250g ! Elle est produite en série limitée à 200 exemplaires, dont le premier est attribué au roi Hussein de Jordanie. Elle est équipée du calibre 910, comme la référence 145.013 (1ère génération), et possède un compteur compteur 24H gris et noir.
La Flightmaster CK2914 FAP
Pour la petite histoire, le nom Flightmaster est déposé par Omega en 1957. Et on le retrouve dès 1958 sur les cadrans de pilotes péruviens ! En effet, la Fuerza Aérea del Peru (FAP), l’Armée de l’Air Péruvienne, passe commande pour des Railmaster référence CK2914 pour équiper ses pilotes. Mais elle a une demande assez particulière : remplacer le nom Railmaster sur le cadran par « Flightmaster ». Depuis, ce modèle très particulier, baptisé Flightmaster CK2914 FAP est devenu une pépite très recherchée par les amateurs d’Omega vintage, et s’arrache à prix d’or. Ainsi, les toutes premières Flightmaster sont bel et bien des montres de pilotes, même si elles n’ont rien à voir avec les Flightmaster des années 70.
La Flightmaster dans l’espace
Enfin, même si elle ne peut pas prétendre à une carrière spatiale aussi étoffée que la Speedmaster, la Flightmaster a quelques excursions extra-atmosphériques à son actif. Et la plus notable d’entre elles se fait en Juillet 1975 lors d’une mission Apollo Soyuz, au poignet de l’astronaute Alexei Leonov, qui porte alors la Flightmaster de 2ème génération référence 145.026.