La Seamaster est l’un des best-seller d’Omega depuis plus de 70 ans. Héritage militaire, design régulièrement réactualisé, performances techniques de premier ordre et marketing efficace, revenons sur ce qui fait le succès de la plongeuse d’Omega.
Naissance de la Seamaster
La Seamaster est la plus ancienne collection d’Omega. Lancée en 1948 pour célébrer les 100 ans de la maison de Bienne, elle trouve ses origines dans le modèle WWW des fameuses Dirty Dozen. La première Seamaster s’appuie en effet sur les principales caractéristiques de cette field-watch : solidité, lisibilité et fiabilité. Avec un diamètre de 34mm, boîtier rond et dessin assez épuré, elle reprend largement le design de la WWW, tout en la rendant plus habillée. Son nom « Seamaster » vient de son étanchéité accrue par rapport aux standards de l’époque, grâce à l’utilisation d’un joint torique innovant, au niveau de la couronne.
Un grand virage avec la Seamaster 300
1957 marque un tournant crucial dans la carrière de la Seamaster. Cette année-là, Omega sort la fameuse trilogie : Railmaster CK2914, Speedmaster CK2915 et Seamaster 2913. Ces trois montres sont conçues pour exceller chacune dans leur domaine de prédilection. La Railmaster doit pouvoir résister aux champs magnétiques des chemins de fer, la Speedmaster doit pouvoir mesurer des intervalles de temps le plus précisément possible, et la Seamaster 300 doit pouvoir accompagner les plongeurs dans toutes leurs activités sous-marines. Le système de couronne vissée ayant été breveté par Rolex 4 ans plus tôt avec la sortie de la Submariner, les ingénieurs d’Omega ont donc dû trouver une autre solution pour garantir l’étanchéité de la montre. Ils inventent alors la couronne Naiad, montée sur ressort, qui se compresse à mesure que la profondeur augmente. Une solution idéale pour les grands fonds, mais qui, paradoxalement, se révèle moins efficace à faible profondeur.
Pour la petite histoire, la Seamaster de 1957 a été commercialement nommée « Seamaster 300 », alors que son étanchéité n’était certifiée que jusqu’à 200m ! Les mauvaises langues parleront d’une stratégie marketing un peu trompeuse, tandis que Omega se défend en répondant que les instruments de l’époque n’étaient tout simplement pas capables de prouver l’étanchéité de 300m. La vérité se trouve sans doute un peu entre les deux… Autre changement par rapport à la version de 1948, la Seamaster 300 est désormais animée par un mouvement automatique : le calibre 501. Articulé autour de 19 rubis, il oscille à 19’800 oscillations par heure, et offre une réserve de marche de 46 heures, ce qui est excellent pour l’époque. On retrouve notamment ce calibre dans les Omega Constellation, l’autre best-seller de l’époque.
La Seamaster 300 de 1957 va poser les bases pour toutes les plongeuses de la marque pour les décennies à venir, avec notamment des éléments de design très forts, comme les index triangulaires, les aiguilles en flèche ou la trotteuse lollipop, que l’on retrouve encore dans la gamme actuelle. Elle sera suivie par une seconde génération en 1964. Cette nouvelle Seamaster renouera avec le passé militaire du modèle en équipant les poignets des plongeurs de combat de la British Royal Navy.
La quête des profondeurs
Dire qu’Omega est obsédé par la quête des profondeurs relève du doux euphémisme. Dès 1955, la première Seamaster bat un record au poignet du plongeur Gordon McLean, en Australie, à 62,5m de profondeur. En 1970, Omega sort la célèbre « Ploprof ». Spécialement conçue pour les plongeurs professionnels (d’où son nom), elle affiche un design totalement inédit, ainsi que des dimensions hors norme : 54mm de diamètre pour 15mm d’épaisseur, et un poids 175g pour le boîtier à lui tout seul. Mais le plus impressionnant reste son étanchéité : 600m !
D’un point de vue technique, la prouesse est vraiment remarquable. Là encore, Omega se démarque de son rival de toujours, Rolex. Alors que la marque à la couronne s’est associée à Doxa pour mettre au point une valve à hélium, Omega résout le problème en concevant un boîtier étanche à ce gaz, dont les molécules si fines posent tant de soucis en gonflant lors des remontées à la surface. Véritable outil de plongeur, la Ploprof n’en reste pas moins un objet de design absolument à part. Avec son aiguille orange surdimensionnée, ses protège-couronne massifs taillés dans la masse, et son énorme bouton-poussoir rouge pour libérer la couronne, elle possède une identité très forte qui a su séduire au fil des années un public bien plus large que les seuls plongeurs.
Seulement 2 ans après la Ploprof 600, Omega repousse encore les limites technologiques avec la Seamaster 1000, surnommée « The Grand ». La montre, étanche à 1000m, adopte un design plus consensuel, et sera même portée par le Commandant Cousteau lui-même. Mais elle ne sera produite qu’à quelques centaines d’exemplaires, ce qui explique qu’elle soit moins connue du grand public. Dans les années 60-70, pour tester l’étanchéité de ses montres à des profondeurs extrêmes, Omega avait recours à un procédé à la fois simple et terriblement exigeant. Les montres étaient attachées au sous-marin « Beaver Mark IV », l’engin d’exploration sous-marine de l’IUC (International Underwater Contractors). Une fois remontée à la surface, la montre était minutieusement décortiquée et scrutée dans les moindres détails.
En 2016, Omega plonge de nouveau dans les eaux profondes et sort la Ploprof 1200. La montre reprend le design de la Ploprof 600, mais en doublant son étanchéité ! Elle est équipée d’un mouvement co-axial, fleuron des calibres automatiques de la marque. Enfin en 2019, Omega met un point final à sa quête des profondeurs. La marque présente une montre expérimentale, baptisée « Omega Seamaster Planet Ocean Ultra Deep Professional ». Matériaux inédits, technologies de pointe et procédés exclusifs, Omega n’a reculé devant rien pour concevoir ce modèle unique. Reprenant la même méthode que dans les années 60-70, l’Ultra Deep est attachée au Bathyscaphe « Limiting Factor », pour une plongée au plus profond des Fosses des Mariannes. Elle atteindra la profondeur vertigineuse de 10928 mètres sous la surface des océans. Record absolu.
La montre de James Bond
Comment parler de la Seamaster sans parler de James Bond ? Bien sûr, les connaisseurs répondront que le plus célèbre des agents secrets portait au départ une Rolex Submariner, puis des montres à quartz dans les années 80. Mais depuis 1995 et l’épisode Goldeneye, c’est une Omega Seamaster qui accompagne James Bond dans toutes ses aventures. Et l’espion ne s’en cache pas, comme dans la célèbre scène du train dans Casino Royale : « – Rolex ? – Omega. – Beautiful … ». L’agent 007 porte régulièrement une Seamaster Diver 300 qui, pour les besoins des films, a vu sa valve à hélium prendre de nouvelles fonctions : rayon laser, détonateur…
Le lien historique entre la Seamaster et l’armée Britannique n’est pas étranger au choix de ce modèle. D’autant plus que la montre affiche une très grande polyvalence, autant à l’aise en pleine course poursuite que sous la manche d’un smoking. Chaque nouveau film – ou presque – donne lieu à une nouvelle édition limitée, ce qui permet à Omega d’entretenir le lien qui l’unit à la franchise 007. Au risque parfois de perdre un peu la notion de « édition limitée ».
La collection actuelle
Le catalogue de la Seamaster est très épais, c’est le moins que l’on puisse dire. En effet Omega a décliné sa plongeuse en de très nombreuses versions. L’Aqua Terra, étanche à 150m, est un parfait exemple de montre sport-chic extrêmement polyvalente. Viennent ensuite les Diver 300 et Planet Ocean 600, plus étanches et plus sportives. La collection Heritage regroupe des modèles d’inspiration vintage, mais également des montres moins connues, comme la Ploprof, la Bullhead ou la Railmaster (même si cette dernière n’a pas franchement de lien avec l’univers maritime). La Seamaster accueille de nombreuses complications (GMT, chronographe …) et adopte différents matériaux (acier, or, titane …). Sans compter les – très – nombreuses éditions limitées qui paraissent presque chaque année (Jeux Olympiques, James Bond, Masters de Golf, Coupe de l’America…). Il y en a donc pour tous les goûts, certes, mais on pourrait tout de même reprocher un certain manque d’homogénéité à l’ensemble, qui y perd en lisibilité. À noter que toutes les Seamaster sont désormais animées par les calibres automatiques co-axiaux, qui sont devenus la marque de fabrique des Omega modernes.
Une carrière à succès
Avec une carrière de plus de 70 ans, la Seamaster est sans conteste l’un des modèles phareS d’Omega. Contrairement à une Submariner dont le design est resté globalement le même, la Seamaster a beaucoup évolué. Au cours des décennies, Omega a su développer la montre, la diversifier et l’actualiser pour en faire une plongeuse absolument incontournable. Certes, on peut parfois se perdre un peu dans la collection pléthorique de la Seamaster. Mais la plongeuse d’Omega reste aujourd’hui une valeur sûre, aussi bien en terme de design que de qualité horlogère, portée par un héritage et des records qui lui assurent une légitimité incontestable. Un best-seller qui n’est pas prêt de prendre sa retraite.
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mars 9, 2021
Bel article très(fort)bien documenté,belle découverte en ce qui concerne la plongeuse »The Grand »1000 m,portée par le Cdt Cousteau et une véritable série limitée.Personnellement,je n’en avais jamais vu auparavant:très rare, donc vaut certainement une véritable fortune(sic).
En revanche toutes les autres,soit-disant des séries limitées(J.O et J.Bond)à plusieurs milliers d’exemplaires(plus de 3000)frôlent le ridicule pour une marque prestigieuse au même titre que Rolex.Ils devraient plutôt mettre en avant leurs exploits technologique:le balancier co-axial(cité ici) et associé à d’autres marques la mise au point du ressort spiral au silicium conférant à leurs montres une exceptionnelle résistance au magnétisme et une précision presque digne des montres au quartz.Une très belle référence!
Merci pour cet article.