D’aucuns disent qu’ils sont hideux. D’autres les trouvent fascinants. Mais une chose est sûre, les bracelets Olongapo ne laissent personne indifférent. On les aperçoit très rarement, mais une fois que l’on en a vu un, on ne peut pas l’oublier. Mais outre leur design si particulier, ces bracelets possèdent une histoire très intéressante, sur fond de guerre du Vietnam et de marins américains en goguette. Voici donc l’incroyable histoire des bracelets Olongapo.

Direction l’Asie du Sud-Est dans les années 60

Pendant les années 1960, en pleine guerre du Vietnam, les États-Unis établissent certaines de leurs plus grandes bases militaires à l’étranger, et notamment aux Philippines. Subic Bay, non loin de Manille, est un centre stratégique pour la marine américaine, offrant des services de réparation de navires, mais aussi de fourniture de matériel de transport et de démolition sous-marine pour les unités spécialisées. Et quand ils ne sont pas déployés au Vietnam, les marins américains passent leur temps libre dans les environs de Subic Bay. Dans les années 60 et au début des années 70, la ville d’Olongapo est l’endroit à la mode. Avec des milliers d’Américains visitant la ville chaque soir, Olongapo est animée par une vie nocturne intense, faite de bars, de clubs et de musique live.

Une conception basique mais efficace …

Et c’est dans ce lieu hétéroclite et animé que naissent les bracelets dits “Olongapo”. Leur véritable origine reste assez floue, et particulièrement mal documentée. Mais on peut estimer que les premiers exemplaires apparaissent vers 1965. Ils sont d’une conception extrêmement basique, se composent de deux plaques de métal recourbées pour épouser la forme du poignet, et qui s’attachent grâce à un système basique de fermoir. Certains racontent même que les premiers bracelets étaient faits avec des cuillères tordues. Toujours est-il que leur construction en acier inoxydable offrent une résistance à toute épreuve. Conçus comme un bracelet rigide, ils avaient très peu de parties mobiles qui peuvent se détériorer au fil du temps. De plus, ils supportent mieux  le climat chaud et humide du Sud-Est asiatique que le cuir, le tissu ou le caoutchouc.

… et étonnamment confortable.

On pourrait croire que les bracelets Olongapo sont inconfortables, de part leur construction rigide. Mais en réalité, ils sont ajustés à chaque poignet, et offrent donc un confort assez surprenant (une fois que l’on s’est habitué à leur forme). Certains affirment même que ces bracelets, grâce à leur poids, améliorent l’équilibre de la montre sur le poignet, par rapport aux bracelets en tissu ou cuir.

Des possibilités de personnalisation infinies

Mais outre ces aspects pratiques, ce qui distingue vraiment les bracelets Olongapo, c’est leur design unique et leurs possibilités quasi-infinies de personnalisation. Les artisans d’Olongapo peuvent créer toutes sortes de motifs, blasons ou écussons, gravés ou embossés, allant du numéro d’unité au nom du navire sur lequel le propriétaire sert. Mais les plus demandés sont bien entendu les images liées au monde marin : trident, casque de plongée, ancre marine, et même la mascotte des unités de démolition sous-marine, Freddy the Frog. Certains modèles sont même peints. Les créations sont libres et permettent toutes les fantaisies. Bien entendu, ces pièces, plutôt voyantes et brillantes, étaient proscrites sur les champs de batailles, où la discrétion est de mise. Mais dans les rues d’Olongapo, elles font fureur et deviennent vite à la mode.

Une Rolex Submariner avec un bracelet Olongapo !

Les artisans d’Olongapo peuvent adapter leurs bracelets à n’importe quel boîtier mais étant donné l’omniprésence des marins de l’US Navy, on les retrouve surtout sur des montres de plongée de l’époque, comme par exemple des Benrus Type I, des Seiko Turtle, et autres Eterna Kontiki. Pour les plus fortunés, ces bracelets équipent des Tudor Submariner et même des Rolex Submariner ! Tout est une affaire de goût, mais il faut reconnaître que ces bracelets imposants se marient plutôt bien avec des montres aux dimensions généreuses.

Et aujourd’hui ?

Les véritables bracelets Olongapo d’époque peuvent encore être trouvés aujourd’hui sur le marché de l’occasion. Et leur conception simple et robuste est souvent une garantie d’un excellent état de conservation. Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! En effet, certains artisans philippins perpétuent cette “tradition” et continuent de fabriquer ces bracelets devenus iconiques. À commander sur internet, ou à aller chercher sur place, comme un vrai marin de l’US Navy des années 60 !