L’Eterna KonTiki fait partie de ces montres qui racontent une histoire. Et quelle histoire ! Anthropologie, traversée des océans et radeau de fortune, tout y est. Sans oublier un fidèle garde-temps, solidement accroché aux poignets de ces marins d’un autre genre. Voici donc l’histoire rocambolesque de l’Eterna KonTiki, ou comment l’expédition d’une bande de scientifiques un peu loufoques a donné son nom à une montre devenue iconique.

Une question d’anthropologie

Tout commence avec une question : est-ce que les îles du Pacifique Sud ont pu être peuplées par des populations venant d’Amérique du Sud ? Une hypothèse accueillie froidement par la communauté scientifique du début du XXème siècle. Et pourtant, son plus fidèle défenseur, l’aventurier et anthropologue autodidacte norvégien Thor Heyerdahl, y croit dur comme fer. Pour lui, tout coïncide : les courants marins, les vents dominant d’Est, les traits physiques des polynésiens, leurs caractéristiques biologiques, et même une vielle légende inca ! Celle-ci raconte qu’un chef indien, nommé Kon-Tiki Viracocha, aurait navigué du Pérou vers le soleil couchant sur un grand radeau de balsa, un arbre local. Alors quand l’archéologue Herbert Spinden lui lance un défi : « bien sûr, vous pouvez très bien essayer vous-même de naviguer du Pérou aux îles Pacifique sur un radeau de balsa », Heyerdahl ne se démonte pas. Bien au contraire ! Il monte aussitôt une expédition, avec pour but de démontrer, par l’exemple, la véracité de son hypothèse.

Une traversée périlleuse

Heyerdahl rassemble rapidement tout ce dont il a besoin : bois de balsa, instruments de mesure, équipement radio, mais aussi sacs de couchage, rations de survie, crème solaire et boîtes de conserve. Il réunit également un équipage autour de lui. Cinq hommes, choisis pour leur « grand courage », et pour leur capacités utiles à l’expédition. Même si, à y regarder de plus près, les « capacités » en question peuvent apparaître un peu minces. Le commandant en second est ingénieur en thermodynamique, tandis que le seul membre d’équipage à avoir une expérience maritime est en fait un ami d’enfance de Heyerdahl qui a servi 5 ans dans la marine marchande. Suivent deux anciens militaires opérateurs de radiotélégraphie, et un anthropologue. Sans compter qu’aucun d’entre eux n’a de véritable expérience en mer. Pas franchement le genre d’équipage que l’on imaginerait affronter les vagues du Pacifique à bord d’un radeau de bois. D’aucun considèrent même qu’il s’agit d’une mission suicide. Comme pour conjurer le sort, Heyerdahl baptise son radeau le Kon-Tiki, en hommage au chef indien qui avait soit-disant fait le voyage avant lui. Finalement, faisant fi de tous les oiseaux de mauvais augure, le radeau prend le large le 28 Avril 1947. Et contre toute attente, il atteint le récif corallien de l’atoll de Puka Puka, dans l’archipel des Tuamotu, après 101 jours de traversée.

L’Eterna Kontiki entre dans la légende

Mais revenons au sujet qui nous intéresse vraiment : l’horlogerie. Car Heyerdahl a tout prévu de ce côté-là. Conscient que le succès de sa mission dépend également de ses instruments, il ne néglige pas l’importance de fournir à son équipage une montre à la hauteur du défi. Un garde-temps suffisamment précis, capable de résister aux éléments, et bien entendu étanche. Le choix se porte sur une montre de la marque suisse Eterna, qui jouissait déjà d’une solide réputation en terme de fiabilité et robustesse. « Heyerdahl est tout simplement allé demander au patron d’Eterna, Rudolf Schild-Comtesse, des montres parfaitement résistantes à l’eau pour lui et ses coéquipiers », raconte Jean-Jacques Weber, PDG de Templus, la société qui distribue aujourd’hui Eterna en France. Et les montres Eterna n’ont pas déçu : « Malgré l’humidité permanente, le sel, les chocs et les diverses autres agressions, les montres avaient parfaitement fonctionné durant la traversée et permis de calculer quotidiennement le cap du radeau », précise Weber.

Une carrière à succès

L’exploit est commémoré sous toutes ses formes, du livre au film, en passant par les produits dérivés en tous genres. Et 11 ans plus tard, en 1958, Eterna dévoile enfin une montre baptisée Eterna KonTiki. Une montre simple et robuste, avec un boîtier acier de 37mm de diamètre, une couronne surdimensionnée, et de larges index triangulaires, rappelant les « flottants » des bateaux, ces triangles permettant d’afficher les signaux maritimes. Le fond de boîte est gravé d’un radeau, en hommage à l’embarcation de fortune qui a porté Heyerdahl et son équipage sur 4300Nm, soit presque 8000Km. Le succès commercial est au rendez-vous et Eterna décline ensuite la montre sous d’autres formes : plongeuse, chronographe, GMT… La KonTiki se bâtit rapidement une solide réputation, et fut même choisie par certaines forces armées, comme les commandos israéliens, dans les années 1970.

Depuis 1958, la collection KonTiki reste le pilier du catalogue Eterna. Elle est aujourd’hui proposée en plusieurs diamètres (44, 42, 38 et 36mm), en acier ou bronze, équipée de mouvement automatique ou quartz. D’une manière assez étrange, c’est pourtant sa petite soeur, la Super-KonTiki qui domine le catalogue; espérons donc que la marque ira piocher dans ses archives pour rééditer l’icône que nous vous avons présentée. Pour la petite histoire, une 2ème expédition a même vu le jour en 2006. Un nouvel équipage, mené par Olav Heyerdahl (le petit-fils de Thor) navigue à bord d’un radeau en balsa baptisé KonTiki II, identique à celui de 1947, et relie de nouveau le Pérou aux îles du Pacific Sud en 72 jours. Et aux poignets de ces marins peu ordinaires, des montres Eterna KonTiki, bien entendu.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site d’Eterna.