Les certifications chronométriques sont souvent mises en avant par les fabricants pour attester de la précision et de la fiabilité de leurs montres. Mais quelle est, aujourd’hui, la vraie valeur de ces labels ? COSC, METAS, Poinçon de la Vipère, etc. Autant d’organismes et de critères différents, que nous allons vous détailler, pour tout savoir sur les certifications chronométriques.

Précision et fiabilité : une nécessité en horlogerie

Pour apprécier la véritable valeur de la précision et de la fiabilité d’une montre, il faut remonter quelques décennies – voire quelques siècles – en arrière, à l’époque où la mesure exacte du temps était une nécessité absolue. Navigateurs traversant les océans, pionniers de l’aviation, grands explorateurs des terres inconnues…tous dépendaient de leur montre ou de leurs instruments pour calculer leur position exacte. Une donnée capitale pour le succès de leur mission…et leur survie. Aujourd’hui, fort heureusement, la précision chronométrique des montres n’est plus aussi critique. Nous avons tous, dans notre poche, un smartphone capable de donner une heure bien plus exacte. Mais l’essentiel n’est pas là. Comme souvent en horlogerie, le plus important n’est pas ce que la montre fait, mais ce qu’elle est capable de faire. Et les certifications chronométriques sont là pour rappeler la précision exceptionnelle que votre montre est capable d’afficher. Mais il y a un autre aspect à ne pas négliger : le prestige. À travers ces certifications, les maisons horlogères veulent prouver leur savoir-faire, leur capacité à régler finement leurs mouvements, et à produire des pièces répondant aux standards les plus élevés. Ce n’est ni plus ni moins qu’un gage de qualité. Maintenant que le décor est planté, faisons un petit tour d’horizon des différentes certifications chronométriques que l’on peut rencontrer.

Le COSC : Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres

Contrôle : mouvement seul
Tolérance : -4/+6 secondes par jour
Mesure : 15 jours dans 5 positions différentes et sous 3 températures

Le COSC (Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres) est sans nul doute la certification horlogère la plus connue. Il est créé en 1973 par 5 cantons suisses (Genève, Neuchâtel, Berne, Vaud et Soleure), soutenus par la Fédération de l’Industrie Horlogère Suisse. Il repose sur un réseau de laboratoires indépendants, et n’est affilié à aucune marque. Le COSC délivre la certification officielle de « chronomètre ». Mais celle-ci présente trois particularités importantes : d’une part, elle ne concerne que les montres suisses. D’autre part, il ne certifie que le mouvement seul, et non la montre finie. Enfin, c’est la seule certification à pouvoir s’appliquer aux mouvements à quartz, pour lesquels les critères sont moins nombreux mais les tolérances beaucoup plus serrées. De nombreuses marques désirent apposer la fameuse mention « chronomètre » sur leurs cadrans. Parmi elles, on retrouve bien entendu Rolex et Breitling, les deux plus gros clients, mais aussi TAG Heuer, Zenith, Tudor, etc.

Le Poinçon de la Vipère de l’Observatoire de Besançon

Contrôle : montre emboîtée
Tolérance : -4/+6 secondes par jour
Mesure : 15 jours dans 5 positions différentes et sous 3 températures.

Le Poinçon de la Vipère est attribué par l’Observatoire de Besançon depuis 1897. Son nom vient de la tête de reptile, apposée directement sur la face visible du mouvement. Durant presque un siècle, le Poinçon de la Vipère était un symbole d’excellence horlogère. Mais la fameuse crise horlogère des années 70 est passée par là, et les activités horlogères de l’Observatoire de Besançon furent arrêtées. Puis, au début des années 2000, à la faveur du renouveau des montres mécaniques, la vipère reprend vie. Côté technique, ce poinçon n’est pas en reste : 15 jours de tests, 5 positions successives sous 3 différentes températures, pour attester de la précision et de la fiabilité d’une montre, selon la norme ISO 3159. Du point de vue chronométrique, le Poinçon de la Vipère est l’équivalent français du COSC, et il délivre lui aussi la certification « chronomètre ». Mais il se distingue de son homologue suisse dans la mesure où il certifie la montre finie et emboîtée, et non le mouvement seul.

La certification METAS Master Chronometer

Contrôle : montre emboîtée
Tolérance : 0/+5 secondes par jour
Mesures: 10 jours dans 6 positions différentes, sous 2 températures et sous un champ magnétique puissant

La certification METAS (Metrology and Accreditation Switzerland) est délivrée par l’Institut Fédéral Suisse de Métrologie. Cet organisme indépendant opère dans plusieurs domaines (acoustique, magnétisme, rayonnement, mesures chronométriques, etc). Il est le seul à pouvoir délivrer la certification « Master Chronometer » à une montre. Tout comme le COSC, le METAS ne concerne que les montres suisses. D’ailleurs, cette certification ne commence qu’après une première certification du mouvement par le COSC. Mais elle va beaucoup plus loin, et propose des critères bien plus complets et exigeants. Tout d’abord, elle concerne la montre emboîtée, et non plus le mouvement seul. De plus, la tolérance de précision est réduite de moitié, passant de -4/+6 à 0/+5 sec par jour. Ensuite, l’étanchéité est vérifiée jusqu’à la valeur indiquée de la montre. Enfin, la résistance aux champs magnétiques les plus puissants est vérifiée, jusqu’à 15’000 Gauss (soit 15 fois plus que la fameuse Milgauss de Rolex). Ainsi, grâce à ces normes très strictes, les montres certifiées METAS bénéficient d’une garantie de 5 ans. Détail important : dans un souci de transparence, tous les résultats de chaque montre certifiée METAS sont accessibles sur Internet via un numéro de série. La première montre certifiée METAS fut l’Omega Globemaster, sortie en 2015. Depuis, Omega certifie tous ses nouveaux modèles « Master Chronometer ».

La certification Superlative Chronometer de Rolex

Contrôle : montre emboîtée
Tolérance : -2/+2 secondes par jour
Mesure : 24 heures, dans 7 positions statiques et en mouvement

Lancée en 1950 par Hans Wilsdorff, et renforcée en 2015, la certification Superlative Chronometer est propre à Rolex. La marque à la couronne a développé une série de tests très pointus, portant sur la montre emboîtée, pour aller au-delà de la certification « chronomètre » délivrée par le COSC. Ici, la tolérance à la précision est infime : -2/+2 sec par jour seulement ! D’autres critères, comme l’étanchéité ou la réserve de marche sont eux aussi vérifiés. À l’issue de ces tests, la montre peut arborer la mention « Superlative Chronometer Officially Certified » sur son cadran.

Le Poinçon de Genève

Contrôle : montre emboîtée
Tolérance : 1min par semaine, soit environ 8 secondes par jour

Le Poinçon de Genève est l’une des certification horlogères les plus anciennes du monde. Il est institué par la Société des Horlogers de Genève et le Conseil d’État en 1886. Il atteste de l’excellence d’une montre emboîtée, aussi bien en terme de précision que d’étanchéité ou de finition. De par son niveau d’exigence très élevé, il concerne seulement les marques de haute horlogerie, et très peu de maisons peuvent se targuer d’arborer ce label. On le retrouve notamment sur les montres Vacheron Constantin, ou sur certains modèles de Cartier.

Le Poinçon Patek Philippe

Contrôle : montre emboîtée
Tolérance : -3/+2 secondes par jour pour les mouvements dont le diamètre est supérieur à 20mm et -2/+1 sec par jour pour les tourbillons

En 2009, Patek Phlippe décide de ne plus appliquer le Poinçon de Genève et de créer son propre poinçon, affirmant ainsi son indépendance au sein de la haute horlogerie. Le Poinçon Patek Philippe certifie la montre emboîtée dans son état final et dans plusieurs domaines : précision, étanchéité, esthétique, etc. Les exigences sont à la hauteur de la réputation de la marque, avec notamment une précision de -3/+2 sec par jour pour les mouvements dont le diamètre est supérieur à 20mm et de -2/+1 sec par jour pour les tourbillons. De plus, avec le Poinçon de Genève, c’est l’un des rares labels à prendre en compte la finition de la montre : ébavurage, polissage, décoration, etc.

La certification « Master Control 1000 hours » de Jaeger-LeCoultre

Contrôle : montre emboîtée
Tolérance : non communiquée
Mesure : 1000 heures

En 1992, Jaeger-LeCoultre lance sa propre certification « 1000 heures » avec le modèle Master Control. Depuis, tous les modèles de la marque doivent passer ce test de certification, et ainsi arborer fièrement la mention « Master Control 1000 hours » sur leur fond de boîte. Il s’agit d’une série de tests très exigeants portant sur la montre emboîtée, et se déroulant pendant 1000 heures, soit environ 6 semaines. Précision, étanchéité, résistance aux chocs, aux changements de températures et aux champs magnétiques…tout y passe pour garantir un niveau de performance digne de la Grande Maison. On ne peut que regretter le manque de transparence de la marque vis-à-vis des normes exactes de ces tests.

La norme Grand Seiko

Contrôle : mouvement seul
Tolérance : -3/+5 secondes par jour
Mesure : 17 jours, dans 6 positions différentes et sous 3 températures

La norme Grand Seiko est, comme son nom l’indique, une série de critères que tous les mouvements mécaniques de la marque doivent respecter. Il s’agit d’une norme interne à Grand Seiko, et qui n’est pas validée par un organisme indépendant. Néanmoins, le niveau d’exigence est très élevé, et la tolérance de précision est plus serrée que pour les certifications « chronomètres ».

La certification Qualité Fleurier

Prérequis : COSC
Tolérance : Contrôle : montre emboîtée
Précision : 0/+5 secondes par jour

La certification Qualité Fleurier est mise en place en 2001 par quatre maisons horlogères voisines de la ville de Fleurier, dans le canton de Neuchâtel : Chopard, Parmigiani Fleurier, Bovet et Vaucher Manufacture. Un label très exigeant, qui impose notamment que la montre soit 100% fabriquée en Suisse. Les tests portent bien entendu sur la chronométrie, l’étanchéité, la résistance de la montre aux chocs et aux champs magnétiques, mais également sa fiabilité (via un cycle de vieillissement simulé) ou encore son niveau de finition. La certification Qualité Fleurier ne se déroule que sur des montres dont les mouvements ont préalablement été certifiés COSC, pour ensuite en réduire de moitié la tolérance de précision. À l’issue de cette série de tests, la montre pourra arborer la mention « Qualité Fleurier » sur son cadran.

L’Observatoire Wempe de Glashütte

Contrôle : montre emboîtée
Tolérance : -4/+6 secondes par jour
Mesure : 15 jours dans 5 positions différentes et sous 3 températures.

L’Observatoire de Glashütte est le 3ème et dernier organisme à pouvoir officiellement certifier une montre « chronomètre ». Situé sur les hauteurs du village saxe, berceau de l’horlogerie allemande, l’observatoire était abandonné depuis plus de 60 ans. Mais en 2005, il est restauré par la marque Wempe, qui y installe même ses lignes de production. Ainsi, sous l’égide de l’Office Régional de Thuringe pour la Protection des Consommateurs, et l’Office de Poids et Mesures du Land de Saxe, Wempe crée le seul organisme de contrôle allemand capable de délivrer la certification « chronomètre », conforme à la norme ISO 3159. De plus, tout comme le Poinçon de la Vipère délivré par l’Observatoire de Besançon, cette certification concerne la montre emboîtée, et non le mouvement seul. Néanmoins, il faut garder à l’esprit que l’Observatoire de Glashütte travaille sous la houlette de Wempe, et ne peux donc pas prétendre être totalement indépendant.