Le verre d’une montre est un élément souvent passé sous silence. Et pour cause : son but est littéralement de se faire oublier, pour laisser l’utilisateur profiter au mieux du cadran. Et pourtant ! Il y a beaucoup de choses à dire sur les verres de montre. Les matériaux, les formes, les traitements anti-reflets… Alors voici un petit tour d’horizon des différents types de verre de montre afin que tout soit un peu plus clair.

Le bon verre, pour la bonne montre

Tout d’abord, penchons-nous sur une question essentielle : comment les fabricants de montres choisissent-ils le verre qu’ils vont utiliser pour un modèle ? Comme souvent, la réponse est une histoire de compromis. Et ici, les 3 principaux critères sont : le coût, l’esthétique et la performance du matériau. Comme nous le verrons par la suite, chaque type de verre possède ses propres avantages et inconvénients, et il convient de trouver la meilleure formule pour chaque montre. Un verre acrylique pour une montre vintage ? Un verre minéral pour une montre moderne polyvalente ? Un verre saphir pour une montre sportive haut de gamme ? Ainsi, le choix du verre doit être cohérent avec la montre, tant au niveau de son prix, que de son style et de son utilisation.

Le verre acrylique

Le verre acrylique, également connu sous le nom de plexiglas, est un type de plastique transparent. Utilisé pour la première fois dans les montres dans les années 1930, il est fabriqué à partir de polyméthacrylate de méthyle (PMMA). Ce matériau est moulé et ensuite découpé à la forme désirée. Le processus de fabrication est relativement simple et peu coûteux, ce qui explique son utilisation répandue à l’époque. Malgré son faible coût, le verre acrylique propose une clarté très satisfaisante, avec une transmission de la lumière de l’ordre de 92%. Mais sa dureté laisse à désirer, à seulement 500 sur l’échelle de Vickers.

Le verre acrylique offre plusieurs avantages. Tout d’abord, il est très bon marché, ce qui peut permettre de proposer une montre moins chère. De plus, il est très léger, ce qui contribue à rendre la montre plus agréable à porter. Ensuite, il est plus résistant aux impacts que les autres types de verre, se fissurant moins facilement. Enfin, il est facile à polir. Les rayures peuvent être effacées relativement facilement grâce à des produits peu onéreux comme le Polywatch, redonnant ainsi au verre son aspect initial. Au rayon des inconvénients, le verre acrylique est très sensible aux rayures. Et il peut jaunir avec le temps et l’exposition aux UV, altérant sa clarté. Enfin, en ce qui concerne les formes de verre acrylique, on retrouve des verres bombés, souvent utilisés sur des montres vintage, et des verres plats, plus communs pour des montres modernes bon marché.

Le verre minéral

Le verre minéral est fabriqué en traitant thermiquement du verre ordinaire pour améliorer sa résistance. Ce traitement, appelé « trempe thermique », consiste à chauffer le verre à une température élevée avant de le refroidir rapidement, augmentant ainsi sa dureté. Introduit dans les montres dans les années 1970, il est devenu populaire en raison de sa durabilité accrue. En ce qui concerne la clarté, le verre minéral offre une transmission de la lumière légèrement inférieure à celle du verre acrylique, de l’ordre de 90%, mais elle reste constante au fil du temps. Sa dureté est néanmoins meilleure que celle du verre acrylique, à 700 sur l’échelle de Vickers.

Le verre minéral présente de nombreux avantages. Il est plus résistant aux rayures que le verre acrylique, et garde une clarté constante au fil du temps. En revanche, il ne peut être réparé, ni poli en cas de rayure. Dans ce cas, il faut remplacer complètement le verre. Il est également sensible aux impacts importants, et risque de se briser. Le verre minéral se décline en forme plate, pour un aspect moderne et épuré, mais aussi en forme bombée, ce qui donne une esthétique vintage, ainsi qu’une meilleure lisibilité sous certains angles.

Le verre saphir

Le verre saphir synthétique est fabriqué à partir d’oxyde d’aluminium cristallisé. Ce matériau est créé en utilisant un procédé appelé « méthode de Verneuil« , du nom du chimiste français Auguste Victor Verneuil, qui le met au point en 1902. Il s’agit d’une technique où l’oxyde d’aluminium est chauffé à plus de 2000°C sous haute pression, fondu et cristallisé pour former des blocs de saphir synthétique. Ceux-ci sont ensuite découpés et polis pour obtenir le verre final. Utilisé depuis les années 1980, il est prisé pour sa dureté exceptionnelle, avec 2400 sur l’échelle de Vickers. Enfin, le verre saphir a une excellente transmission de la lumière, autour de 99%.

Le verre saphir est sans aucun doute le verre le plus haut de gamme. C’est le plus résistant aux rayures de tous les types de verre, et c’est également celui qui offre la meilleure clarté. En revanche, il est très onéreux à produire, ce qui peut se ressentir sur le prix final de la montre, et il peut se briser sous un choc très fort. Le verre saphir peut être plat, pour un design moderne et une lisibilité optimale, ou sous forme de dôme, pour les modèles les plus haut de gamme, ou pour les plongeuses, car cette forme offre une meilleure résistance à la pression de l’eau.

Le verre hardlex

Le verre hardlex est une marque déposée par Seiko, introduite dans les années 1970. Il s’agit d’un verre minéral renforcé chimiquement pour améliorer sa résistance. Le traitement chimique consiste à plonger le verre dans un bain de sels alcalins à haute température, ce qui renforce sa surface et augmente sa résistance aux rayures et aux chocs. Le verre hardlex a une transmission de la lumière similaire au verre minéral standard, autour de 90%.

Le verre hardlex est plus résistant aux rayures que le verre minéral standard. Il coûte moins cher à produire que le verre saphir, tout en ayant une bonne résistance, offrant ainsi un excellent rapport qualité/prix. D’un autre côté, comme le verre minéral, il ne peut pas être poli ni réparé et doit être remplacé en cas de rayure profonde. Enfin, sa clarté ne peut rivaliser avec celle du verre saphir. Le verre hardlex peut être plat, notamment sur les montres sportives ou les plongeuses de Seiko, ou bombé, pour un look vintage, ou sur des modèles plus classiques.

Les traitements anti-reflets

Les traitements anti-reflets sont parfois appliqués sur les verres de montres pour améliorer la lisibilité en réduisant les reflets indésirables. Le traitement anti-reflets est particulièrement crucial pour le verre saphir, dont la haute clarté et l’indice de réfraction élevé peuvent entraîner des reflets prononcés. En parallèle, les verres acryliques et minéraux peuvent également bénéficier de ce traitement pour améliorer leur performance optique.

Il existe deux principaux types de traitements anti-reflets : simple face et double face. Le traitement anti-reflets simple face est appliqué sur une seule face du verre, généralement la face intérieure. Il permet de réduire les reflets sans compromettre la durabilité du verre. Il est aussi moins coûteux que le traitement double face. En revanche, les reflets sur la face extérieure ne sont pas totalement éliminés. Le traitement anti-reflets double face est appliqué sur les deux faces du verre, intérieure et extérieure. Il offre une meilleure réduction des reflets, améliorant ainsi considérablement la lisibilité sous tous les angles. Mais le traitement sur la face extérieure peut s’user ou se rayer, nécessitant un entretien plus fréquent.