Depuis une petite décennie, la mode est au fond de boîte transparent. Et pour cause : grâce à cela, on peut désormais admirer les mouvements de nos belles tocantes. Et quand ces petits bijoux mécaniques sont délicatement finis et finement décorés, c’est un vrai régal pour les yeux. Côtes de Genève, perlage ou anglage… Voici un petit tour d’horizon – non exhaustif – des différentes finitions et décorations des mouvements horlogers.

Des finitions esthétiques… mais pas seulement

 

Il faut d’abord différencier les décorations et les finitions. Car si les décorations n’ont qu’un but esthétique, il n’en est pas de même pour les finitions. En effet, les différentes finitions ont souvent deux objectifs. Le premier est évidemment technique : améliorer le fonctionnement du mécanisme, en éliminant toutes les bavures, défauts d’usinage et autres imperfections. Le deuxième est d’avantage esthétique : les maisons horlogères les plus prestigieuses rivalisent dans ce domaine, pour satisfaire les collectionneurs les plus exigeants. Enfin, on peut remarquer que parmi les grandes marques, seul Rolex s’obstine à cacher tous ces mouvements derrière un fond plein.

Le perlage

Le perlage est l’une des finitions les plus communes. Il désigne un motif décoratif fait d’une multitude de cercles, appelés « perles », qui se chevauchent légèrement. Il peut être composé de centaines de cercles, tous parfaitement alignés. On le retrouve le plus souvent sur les grandes parties plates, comme les ponts ou les platines. Outre son aspect décoratif, le perlage a une autre fonction, beaucoup moins connue : en rendant les surfaces mates, il permet également aux horlogers de travailler sur les mouvement sans être éblouis par les reflets de la lumière.

L’anglage

L’anglage est une finition qui ne concerne pas la surface d’une pièce, mais ses arêtes. Il s’agit de « casser » les arêtes vives entre les flancs et la surface de la pièce, et de créer un chanfrein, le plus souvent à 45°. Par la suite, ce chanfrein est poli pour lui donner un effet brillant. Comme toujours, cette finition n’est pas seulement esthétique. C’est également une manière élégante d’ébavurer les pièces et ainsi d’en assurer le bon fonctionnement, tout en limitant les effets de la corrosion. L’anglage est une technique très coûteuse, souvent réservée aux mouvements les plus haut de gamme.

Le moulurage

 

Le moulurage est utilisé pour les différents trous usinés dans les pièces du mouvement. Cela consiste à créer un chanfrein concave sur les flancs du trou, grâce à une fraise en forme de boule. Le but est d’ébavurer ces flancs, pour éviter d’un copeau de métal ne vienne endommager le mécanisme.

Le poli miroir

Le poli miroir, ou poli noir, est à la frontière entre la finition et la décoration. Il s’agit en fait d’un polissage poussé à l’extrême. Comme son nom l’indique, il reflète parfaitement la lumière, si bien que, selon son orientation, la pièce peut passer du blanc éclatant au noir profond. L’effet est bluffant, mais demande une grande maîtrise, ainsi que de nombreuses heures de travail.

Le soleillage et le colimaçonnage

Le soleillage est une décoration faite de lignes radiales, allant du centre de la surface vers les bords. On la retrouve majoritairement sur les pièces circulaires, telles que les roues ou la masse oscillante. On parle de colimaçonage lorsque les lignes ne sont plus droites, mais courbées. Ces deux décorations, que l’on retrouve également sur les cadrans, apportent de la lumière et du dynamisme à la pièce.

Le sablage et le microbillage

Le sablage et le microbillage sont des procédés qui consistent à projeter d’innombrables grains de sables ou micro-billes à la surface d’une pièce. Ainsi, la texture est modifiée, avec cet aspect mat et légèrement rugueux très caractéristique. Le rendu final dépend des grains employés et de la pression appliquée. Il s’agit d’un procédé industriel, qui ne peut pas être réalisé à la main.

Les côtes de Genève

Les côtes de Genève sont une décoration très répandue. Elles se présentent sous la forme de vaguelettes parallèles, légèrement en relief, et tirent leur nom du Canton qui en avait fait sa spécialité. On les retrouve sur les grandes pièces, comme les rotors, les platines ou les ponts. Esthétiquement, les côtes de Genève offrent des jeux de lumière très flatteurs, et rendent les mouvements plus vivants. Mais cela ne doit pas faire oublier leur but premier : tout comme le perlage, les côtes de Genève étaient d’abord destinées à limiter les reflets pour permettre aux horlogers de travailler sans être éblouis.

Le squelettage et l’ajourage

Squeletter ou ajourer un mouvement est tout un art. Affiner et alléger la matière pour en faire de la dentelle, et jouer avec la transparence. Selon le travail de l’artisan, les pièces prennent les formes les plus variées, pour donner une vraie identité au mouvement ainsi transformé. Arabesque ou lignes tendues, chaque maison développe son propre style.

La gravure et le ciselage

Les pièces d’un mouvement peuvent être gravées par un artisan spécialisé. Dessins, motifs géométriques ou floraux, mais aussi chiffres et lettres … la gravure n’a guère de limite, et peut orner la totalité des pièces d’un mouvement. Le ciselage, quant à lui, est l’inverse de la gravure en creux. Il consiste à créer des reliefs en creusant la matière tout autour.

Le guillochage

Le guillochage est majoritairement utilisé sur les cadrans, mais il peut aussi orner certaines pièces du mouvement, comme la masse oscillante par exemple. Le guillochage est une technique très ancienne qui consiste à créer des lignes et des courbes en enlevant de la matière, pour former un motif répétitif. Les possibilités sont innombrables, et certaines maisons, comme Breguet, ont fait du guillochage leur marque de fabrique.

La galvanoplastie et le plaquage PVD

La galvanoplastie et le plaquage PVD (Physical Vapor Deposition) sont des processus qui consistent à déposer sur une pièce une fine couche de métal. Habituellement, il s’agit de rhodium, de nickel, voire d’or. Là encore, l’objectif est double. D’une part, on recouvre la pièce initiale (en laiton ou acier par exemple) avec un métal plus noble qui gardera son éclat plus longtemps, ou qui lui donnera une autre couleur. Et d’autre part, cette technique limite l’oxydation et la corrosion de la pièce et assure donc une meilleure tenue dans le temps.