C’est sans aucun doute l’horloger indépendant japonais le plus en vue du moment. Talentueux, perfectionniste, il allie une approche très personnelle – voire individualiste de l’horlogerie – à une vision plus large à l’échelle de son pays. Portrait de Hajime Asaoka, la figure de proue de l’horlogerie indépendante japonaise.

Un designer avant d’être un horloger

Hajime Asaoka naît en 1965 dans la préfecture de Kanagawa au Japon. Et contrairement à François-Paul Journe ou à Kari Voutilainen, dont nous avons déjà dressé les portraits, il ne suit pas un cursus horloger. En fait, Asaoka est avant tout un designer. Il termine ses études de design à l’université des arts de Tokyo en 1990 à l’âge de 25 ans et ouvre son propre studio de design deux ans plus tard, le Hajime Asaoka Design Office. Et c’est à travers son travail de designer qu’il se familiarise avec les codes horlogers. À partir de 1997, il commence sa formation horlogère, d’abord comme un hobby. Pour cela, il s’appuie notamment sur la bible des horlogers, le livre de George Daniel, Watchmaking. Il s’équipe progressivement, et en 2005 il réalise sa première “pièce” : une montre avec un boîtier de sa propre fabrication, dans lequel il emboîte un mouvement Citizen.

Horloger autodidacte de génie

Fort de ce premier “succès”, Asaoka décide de se consacrer pleinement à l’horlogerie, et de passer aux choses sérieuses. Voire même très sérieuses. Asaoka se lance dans la construction d’un tourbillon. Projet ambitieux ou complètement déraisonnable, pour un horloger somme toute assez inexpérimenté ? Mais Asaoka persiste et ses efforts payent : en 4 ans, il produit trois prototypes, avant de sortir sa première montre en 2009 : la Tourbillon 1. Cette montre fait sensation et le propulse sur le devant de la scène japonaise. Et pour cause : il s’agit ni plus ni moins que du premier tourbillon japonais ! En un mot, sa carrière d’horloger est véritablement lancée. Et, en guise de reconnaissance internationale, Asaoka est accueilli en 2015 comme membre de la prestigieuse Académie Horlogère des Créateurs Indépendants, où il figure aux côtés de son unique compatriote, Masahiro Kikuno.

Un style unique inspiré par l’Art-Déco

Asaoka l’a bien compris, un horloger indépendant doit savoir se démarquer avec un style personnel et une identité forte. Ainsi, fort de son passé de designer, Asaoka va puiser l’inspiration dans le style art déco (1910-1940), mais aussi chez d’autres horlogers, comme Albert Potter, un horloger américain installé à Genève à la fin du XIXe siècle.

Un homme multi-marques

Hajime Asaoka est à la tête de sa propre marque, simplement nommée “Hajime Asaoka”. Au catalogue, on retrouve 4 modèles : Tsunami, Tourbillon Pura, Project T Tourbillon et Chronograph. Il s’agit de montres entièrement réalisées à la main, et dont l’excellence et l’exclusivité justifient des tarifs très élevés (entre 90 000 et 130 000$).

En 2018, Asaoka lance la marque Chrono Tokyo, comme une alternative plus abordable à ses montres fabriquées à la main. Celles-ci ne sont disponibles que dans les boutiques japonaises “Tic Tac” et sont limitées à 50 exemplaires par série. Au total, 450 montres Chrono Tokyo sont produites. comprenant à la fois des modèles à 3 aiguilles et des chronographes, avant que la marque ne soit dissoute en 2021.

En raison de la forte demande internationale, Asaoka ajoute en 2019 une nouvelle corde à son arc : la marque Kurono Tokyo. Au départ, il s’agit de rééditions de modèles Chrono Tokyo, mais des modèles uniques avec cadrans spéciaux sont dévoilés dès 2020. Le succès étant au rendez-vous, la production est élargie, avec notamment plusieurs séries limitées : 288 exemplaires du modèle Anniversary Green « Mori », 68 du Chronographe 1, 200 du Grand Akane et 500 du Chronographe 2.

Enfin, comme s’il n’était jamais rassasié, Asaoka lance en 2024 un nouveau projet : la renaissance de la défunte marque japonaise Takano, avec un premier modèle baptisé Château Nouvelle Chronometer.

Une vision à la fois très personnelle et collaborative

Dans son travail pour ses montres éponymes, Asaoka fait tout lui-même. Il réalise tout, décide de tout, et garde le contrôle sur sa montre de A à Z. Ainsi. Le résultat final est véritablement le fruit de son travail et de sa vision. “Ma marque repose entièrement sur ma vision subjective de créateur”, déclare-t-il. Mais d’un autre côté, l’horloger s’engage dans une démarche de partage et de transmission, pour promouvoir l’horlogerie indépendante japonaise. Pour cela, il fonde le Precision Watch Tokyo Group avec Jiro Katayama, fondateur de la marque Otsuka Lotec. Ensemble, ils se fixent deux objectifs : mettre en avant le savoir-faire japonais, mais aussi former les horlogers nippons de demain. Excellence et transmission. Voilà de bonnes bases sur lesquelles bâtir l’horlogerie indépendante japonaise !

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