C’est une marque encore confidentielle mais qui fait parler d’elle car chaque pièce qui sort de leur atelier affiche une finition irréprochable. Ensuite, c’est aussi une ode au savoir-faire horloger chinois, qui n’est pas des moindres quand on sait que la majorité de l’industrie s’y approvisionne et que certaines usines ont de quoi faire pâlir certains ateliers suisses. Aussi et c’est une question de goût, mais nous avons un penchant pour les montres en acier à bracelet intégré. Et quand Atelier Wen a collaboré avec seconde/seconde/, nous avons tellement aimé le résultat que nous voulions mettre la main sur un modèle de la collection Perception. C’est enfin chose faite et voici notre avis.

Atelier Wen : l’excellence franco-asiatique

C’est là qu’était notre première surprise : ses fondateurs sont français. L’un s’appelle Robin Tallendrier, il a étudié à Londres et a quitté la finance pour créer Atelier Wen. L’autre, c’est Wilfried Buiron, il est né à Hong-Kong, a étudié à Pékin et c’est entrepreneur dans l’âme. Deux amis fascinés par la culture chinoise, passionnés d’horlogerie et avec pour volonté commune de vouloir célébrer cette culture, mais pas que. En travaillant avec certains des meilleurs artisans chinois, ils voulaient changer la perception du monde vis-à-vis du savoir-faire de ce pays. Pour y arriver : aucun compromis, matériaux d’exception et fabrication traditionnelle. En ponctuant chaque garde-temps de clins d’oeil culturels chinois, les deux compères livrent une esthétique contemporaine de ce que devrait être l’horlogerie de l’Empire du Milieu. Et jusqu’à maintenant, après une nomination au prestigieux GPHG, ils prouvent que leur vision était juste. Sans compter que jouer sur un marché de 1.4 milliard de personne avec une croissance toujours aussi forte, c’est un pari plus que judicieux !

Les points forts

Premier effet « waouh » en découvrant l’écrin de la montre, une superbe boîte en bois laqué qui se déplie en trois parties avec une étui rond en cuir. Un détail d’une qualité rare qui ne laisse pas de marbre. Ensuite, en prenant la montre en main, c’est sa finesse de 9.4mm qui surprend, encore plus quand on voit la profondeur du cadran, guilloché à la main par Cheng Yu Cai, le seul maître guillocheur chinois. Un métier d’art devenu rare car les cadrans guillochés faits avec une machine à rosace ne voient le jour qu’au sein des grandes maisons. Ici, c’est un motif écailles de poisson dans une teinte bleu glaciale, découpée au niveau des index et surmontée d’un rehaut agrémenté d’un motif traditionnel chinois imbibé de Super-LumiNova X1 qui surprend agréablement la première fois dans la pénombre, tout comme les aiguilles feuilles plaquées en rhodium pour un éclat saisissant. Revenons sur le boîtier qui mérite une plus grande attention. D’abord de par sa matière, de l’acier 904L, chose rare (sauf chez Rolex) plus résistant à la corrosion et à l’oxydation que le 316L pour plus de longévité et surtout un polissage plus éclatant, ce qui se remarque sur les chanfreins et surtout sur la lunette concave. Sa carrure elle, s’inspire des pagodes chinoises tandis que les entrecornes s’élèvent au centre à la manière des toits des fameuses structures chinoises. Continuons avec le fond de boîte, semi-transparent, frappé d’un lion de pierre comme on en trouve devant les temples et grands monuments, affichant un grand sourire sombre lorsque la masse s’y aligne. Le bracelet n’est pas en reste, également façonné en acier 904L avec des maillons centraux hexagonaux comme les toits et fenêtres de l’architecture traditionnelle chinoise, allant de 22mm au boîtier jusqu’à 18mm sur la boucle doublement spéciale. En effet, l’emblème de la marque est un bouton-poussoir permettant un micro-ajustement équivalent à un demi-maillon, sur simple pression comme un fermoir Rolex Glidelock, puis est doté d’une lame glissante afin de permettre à la main de s’y glisser sans encombre (les petits poignets apprécieront). Et pour finir, n’oublions pas de mentionner le verre doublement bombé coiffant le tout qui est revêtu de 10 couches d’anti-reflet histoire d’être jusqu’au-boutiste.

Ce que l’on regrette

Après tant d’éloges, chose plutôt rare pour nous, les points faibles risquent d’être difficile à trouver. Comme toujours, c’est une question de goût alors essayons de nous concentrer sur ce qui peut demeurer objectif. Parlons mouvement, car avec un tarif franchissant la barre des 3,000€, on a le droit de se montrer exigeant, même si certaines de nos marques préférées, à savoir Laventure (à ses débuts) ou encore Kurono Tokyo, ont misé sur une mécanique simple mais sans compromis sur le reste, gonflant inévitablement la facture de leurs pièces. Atelier Wen se devait de choisir un motoriste chinois et son choix s’est tourné vers Dandong/Peacock, peu connu dans les pays occidentaux. Cette manufacture à la pointe leur a personnalisé un mouvement nommé calibre SL1588 avec une réserve de marche poussée de 38 à 41 heures, dépourvu de complication de date, et légèrement plus fin à la manière d’un ETA 2892. Dépourvu de fonction stop-seconde pour les férus de réglage, ce mouvement chinois est pourtant décoré de côtes de Genève, traité au rhodium, doté de vis bleuies à la flamme, d’un rotor en tungsten et réglé sur 5 positions pour atteindre une déviation quotidienne de +/-10 secondes. Sur le papier, c’est bien, mais personne n’en connaît la fiabilité ni la durabilité. Cela peut aussi poser des difficultés pour les horlogers locaux en cas de problème post-garantie. Cela pose aussi la question du SAV, car même si Atelier Wen est distribuée dans quelques points de vente, il n’y en a aucun en France et un seul en Belgique. Espérons donc qu’un détaillant fasse surface dans l’hexagone. Pour remédier à cela, la marque garantit ses montres pendant 5 ans et assure de faciliter l’expérience de ses clients en couvrant les frais de transport. Si quelqu’un a déjà vécu la situation, un retour en commentaire serait très apprécié.

Notre avis sur cette montre Atelier Wen

C’est une montre tout bonnement bluffante et à bien des aspects. De l’attention à chaque détail aux clins d’oeil à une culture qui nous est peut-être trop étrangère, en passant par la qualité de chaque composant, Atelier Wen fait fort. Après, si l’on compte les taxes et potentiellement le passage aux douanes, c’est une montre dont le prix final avoisine les 3,700€, soit presque le prix d’une Tudor Black Bay. Ce n’est donc pas anodin, surtout pour une tocante rendant hommage au savoir-faire chinois qui a trop souvent mauvaise presse et à raison vu comment certaines marques peu scrupuleuses en font usage. Mais si vous avez une passion pour ce pays, y avez vécu ou recherchez quelque chose de radicalement différent, mais en toute subtilité, difficile de ne pas considérer cette Perception. Encore faut-il apprécier le guillochage ou l’esthétique globale de cette montre, mais c’est clairement notre cas. Et vous, qu’en pensez-vous ?

CARACTÉRISTIQUES – ATELIER WEN PERCEPTION

Boîtier : Acier inoxydable 904L
Dimensions : 40mm de largeur x 9.4mm d’épaisseur
Étanchéité : 100 mètres (10 ATM)
Cadran : Guilloché gris, bleu ou saumon
Mouvement : Automatique
Calibre : Dandong SL1588
Bracelet : Acier inoxydable 904L
Boucle : Papillon
Prix : 3,031€ HT

Plus d’informations sur le site d’Atelier Wen.