Aujourd’hui, je partage avec vous le compte-rendu d’une interview très spéciale. Une rencontre pas comme les autres qui m’a procuré une immense satisfaction. Comme pour chaque interview, c’est toujours un moment privilégié, enrichissant intellectuellement mais surtout humainement. Et quand Panerai m’a proposé de m’entretenir avec Mike Horn, c’était un véritable privilège que j’ai immédiatement accepté. D’une part car c’est un homme hors du commun, et d’autre part car j’ai dévoré plusieurs de ses livres il y a plus de 10 ans maintenant. Des livres que j’ai recommandés et même offerts à des proches tant leurs récits sont inspirants. Avec Mike, nous avons donc parlé de son parcours, mais surtout de montres et du rôle qu’elles ont joué dans sa vie et ses aventures.

Ludovic : En quelques mots, qui est Mike Horn ?

Mike : Écoute, Mike Horn, c’est quelqu’un qui fait ce qu’il aime et qui essaye de faire ce qu’il fait bien. Après, c’est aussi peut-être quelqu’un qui va apporter quelque chose à notre monde au travers de l’inspiration pour les jeunes et des projets environnementaux. Je gagne un peu d’argent avec ça et puis je vis heureux. Je pense que je suis un peu comme tout le monde. Ce que je fais, ce n’est pas nécessairement ce que les autres veulent faire et c’est peut-être la seule différence. Je prends un petit peu plus de risques dans mon travail en fait !

Ludovic : Quand as-tu commencé à t’intéresser aux montres ?

Mike : Les montres représentaient toujours une grande partie de ce que je faisais comme explorateur. Et ça fait bien 32 ans maintenant que je fais ça professionnellement. Ça a commencé avec une marque de montres qui s’appelait Sector. C’était une marque italienne qui faisait tout son marketing sur les sports extrêmes. Ils m’ont appelé un jour en disant qu’ils voulaient faire une publicité en sautant d’une cascade et en battant un record du monde, et j’ai tout de suite dit oui. C’est comme ça que la relation avec ce monde a vraiment commencé. Je suis resté quelques années chez Sector, c’était à l’époque avant Instagram, Facebook et tout ça. On partait pour faire des choses qu’on voulait vraiment faire et c’était payé par une marque de montres. C’était un rêve pour un explorateur. Et après, naturellement, en repoussant un peu les limites, chez Sector, on a eu une équipe comme la Team Red Bull, qui comptait une trentaine d’athlètes. On cherchait tellement les extrêmes qu’il y avait aussi pas mal de risques qui étaient pris. Quelques athlètes ont eu des accidents assez graves et certains sont décédés. C’est justement là où j’ai décidé d’arrêter ce sponsoring dans le monde de l’extrême parce que ça nous poussait indirectement à ne plus réfléchir. C’est aussi là où j’ai reçu un prix en 2001 à Monaco , comme un Oscar dans le monde du sport [Laureus World Sports Awards, NDLR]. C’est un prix chaque année qui sélectionne 7 des meilleurs athlètes au monde dans les catégories femme, homme, sport extrême, sport handicapé, etc.

Ludovic : Te souviens-tu de ta toute première montre ?

Mike : Ah oui, c’était une Omega que mon papa m’avait donnée. Je m’en rappelle très bien. C’était une montre mécanique que je devais remonter tous les jours, parce qu’il y avait un ressort [de barillet, NDLR]. J’étais pas très content parce que c’était à l’époque où Casio sortait sa première montre un peu digitale, et moi j’ai eu une vieille montre, toujours analogique. Mes potes, ils ont eu leur montre digitale qu’ils ne touchaient pas ; ça donnait l’heure, il y avait une petite lumière dedans, ça donnait les dates et tout ça, puis moi j’étais un peu jaloux. Mon papa me disait « mais Mike, écoute, cette montre, elle a moins de chances de casser parce qu’il n ‘y a pas de batterie, il y a une ressource d’énergie et c’est fait par des êtres humains ». C’était là où aussi j’ai commencé à les regarder, parce que mon papa aimait refaire les vieilles voitures et j’étais beaucoup avec lui. Il m’a dit « tu verras, quand tu as une montre mécanique c’est bien mieux qu’une montre digitale parce que tu as une montre pour la vie ». Et après, en fait, j’ai eu davantage de relations avec les montres mécaniques que les montres digitales.

Ludovic : Tu as grandi, étudié et fait l’armée dans les forces spéciales en Afrique du Sud. Pourquoi avoir décidé de t’expatrier à Zurich en Suisse ?

Mike : L’Afrique du Sud était boycottée à cause de l’Apartheid. C’était une époque difficile parce que mon papa, qui était joueur de rugby, ne pouvait jamais jouer internationalement. Moi, qui étais un athlète aussi, qui voulais participer aux Jeux Olympiques et tout ça, on ne pouvait jamais participer, tout simplement à cause du boycott. En fait, la Suisse, Israël et l’Angleterre étaient les trois pays qui n’ont pas boycotté le pays à l’époque. Et quand j’ai voulu quitter l’Afrique du Sud après l’université et mes services militaires, puis quand j’ai commencé à travailler un petit peu, je ne pouvais pas aller où je voulais. Je ne pouvais aller qu’en Israël, en Angleterre ou en Suisse. Je ne voulais pas vraiment aller en Angleterre. Moi, je suis un bourg [de « Johannesburg, NDLR], un Sud-Africain qui est Africain et pas Anglais. Ça veut dire que nous, on a un peu fait la guerre contre les Anglais. Et moi, je ne voulais pas trop aller chez eux. Après, Israël, c’était possible, mais je sortais de la guerre et il y avait encore un conflit entre Israël et la Palestine donc ce n’était pas là où je voulais aller non plus. La seule solution en fait, c’était la Suisse. J’étais à l’aéroport et puis je disais « je monte dans le premier avion où il y a de la place » et le premier avion partait pour Israël. Je prends ma place et en fait la place était vendue à quelqu’un d’autre parce que j’avais acheté un billet « stand-by ». Tu es là et si la place se libère, tu peux sauter dans l’avion. Mais la place ne se libérait pas et puis l’avion est parti pour Tel Aviv. Et une heure plus tard il y avait un avion pour Zürich. J’ai acheté la place en « stand -by », parce que c’était moins cher à l’époque, puis une place s’est libérée et c’est comme ça que j’ai atterri en Suisse, c’est rigolo.

Ludovic : Arrivé là-bas, tu organises rapidement tes premières aventures à commencer par la Cordillère des Andes au Pérou. Qu’est-ce qui t’a poussé à vouloir entreprendre ce premier périple ?

Mike : Pour moi si tu veux, c’était juste la dernière frontière qui n’était pas encore explorée, qui était relativement accessible et pas chère. Tu peux partir en Amérique du Sud et vivre avec deux fois rien là-bas. Tu as les plus belles montagnes, la nature, la jungle, la mer et tout ce qu’il faut. Parce que le sport extrême en Europe, ça avait bien évolué. Il y avait un moment où à travers de ce qu’on faisait, il fallait aller voir ailleurs pour faire rêver les gens. Et l’Amérique du Sud, pour moi, était vraiment quelque chose d’exotique, quelque chose de peu connu aussi par les gens. Quand on part faire une expédition, on ne peut pas partir aux endroits connus. On doit partir dans l’inconnu et c’était ça l’Amérique du Sud. L’Amazon et la jungle pour moi, c’était un truc de fou. Je rêvais d’attraper des crocodiles, des serpents de 12 mètres de long, de nager avec des piranhas, c’était vraiment sauvage pour moi. C’est pour ça que  j‘ai décidé de partir là-bas.

Ludovic : Les « petits » défis s’enchaînent jusqu’au pari fou de vouloir réaliser le tour du monde par l’équateur, un trajet de 40 000 kilomètres sur 17 mois sans transport motorisé. Comment est né ce projet «Latitude Zéro » ?

Mike : Après l’expédition que je faisais dans les Andes et puis au Pérou, j’ai décidé de descendre l’Amazone à la nage. 7000 kilomètres en partant avec rien. J’étais à Manaus avec les forces spéciales du Brésil, qui a formé les Américains pour la guerre au Vietnam, et j’étais là pour apprendre comment rester en vie. Quand je suis reparti au Pérou, parce que la source de l’Amazone est au Pérou, après 6 mois de nage, je suis arrivé dans l’embouchure de l’Amazone qui fait 321 kilomètres de large. Tu ne vois pas la berge et tu n’as aucun repère. Tu es au milieu de la mer et la seule manière pour savoir où j’étais, c’était de goutter l’eau. Et quand j’ai goûté de l’eau salée, je savais que j’étais dans l’Atlantique. De là, il faut nager presque 10 jours pour arriver sur la berge ! Quand j’ai goûté cette eau salée et que je savais que j’étais au Sud de l’Équateur, je me suis dit que c’était dommage de ne pas continuer à travers l’Atlantique, puis à travers l’Afrique et retourner à mon point de départ. C’était à ce moment-là, quand j’ai fini l’Amazone, que je me disais qu’avec la connaissance que j’avais, ma prochaine expédition, ce serait Latitude Zéro.

Ludovic : Peu de temps après ton retour, tu es devenu ambassadeur de Panerai, enchaînant les expéditions extrêmes avec leur soutien. Connaissais-tu la marque avant de travailler avec elle ?

Mike : Oui, je connaissais un peu parce que c’était une marque pour les plongeurs de la marine italienne. Et quand on est dans ce petit milieu à l’époque, dans les forces spéciales, on regarde ce que les autres font et ce qu’ils font bien. Parce que quand tu pars pour faire la guerre, tu essaies de mettre tous les savoir-faire que tu peux de ton côté pour faire mieux que ton ennemi de l’autre côté. C’est comme ça que tu vis beaucoup plus longtemps. Et puis, mon papa et ma maman étaient aussi des professeurs dans le système d’éducation. Et quand tu as un père et une mère qui sont professeurs, ils t’apprennent à lire, à t’informer et tu as accès à beaucoup d’informations. À l’époque, c’était pas Google mais les bibliothèques. Donc j’ai toujours été intéressé dans ce que les forces spéciales portaient comme montre ou comme instrument parce que c’était ce que je voulais utiliser. Et je savais que les plongeurs italiens utilisaient Panerai comme instrument. C’était pas une montre à l’époque, c’était un panneau, une grosse boussole ronde qui pouvait facilement se lire parce que dès qu’on est dans l’eau un peu trouble, notre vision est limitée. Et puis quand on a une facilité pour utiliser nos instruments comme les skis, les chaussures, la tente, la montre et tout le reste, ça doit être utile. C’est comme ça que je savais que Panerai existait.

Ludovic : Peux-tu nous raconter comment est né ce lien avec cette maison horlogère et ce qu’elle t’apporte dans tes aventures ?

Mike : En 2001, quand j’ai reçu un prix de sport extrême à Monaco, il y avait un certain monsieur Johann Rupert qui était dans l’audience et qui est aussi le patron du groupe Richemont. À l’époque il avait acheté Panerai et il portait une Panerai au poignet. J’ai reçu le prix et ils ont montré quelques images sur un grand écran de l’expédition Latitude Zéro que j’avais faite autour du monde en suivant la ligne de l’Équateur. Après, il y avait une petite « after party » et tout le monde était là. Il est venu vers moi, a enlevé sa montre et l’a mise autour de mon poignet puis a dit « à partir d’aujourd’hui tu ne vas que porter une Panerai parce que Panerai partage la même philosophie que toi ». Et c’est comme ça que notre relation a commencé. Ce n’était pas du sponsoring mais plutôt une philosophie d’exploration qu’on partageait.

Ça m’apporte la direction et puis aussi la confiance que j’ai dans une marque de montres. Si on prend par exemple une autre marque qui sponsorise un acteur, est-ce que cet acteur a vraiment besoin de cette montre comme un instrument de navigation ? Pas vraiment. C’est quelqu’un qui est payé pour dire qu’il la porte. Moi, je ne suis pas payé pour porter les montres. Je suis plutôt quelqu’un qui les teste. Après, quand ils font des séries limitées pour moi, elles sont limitées tout simplement parce que tout le monde n’a pas besoin d’une montre comme ça. Je ne suis pas une bonne affaire pour Panerai (rires), parce que je suis peut-être trop spécialisé et ce n’est jamais une grande campagne de marketing qui leur permettra de vendre 40 000 montres. C’est plutôt une exclusivité qu’on a au travers de ce que je fais et des produits qu’ils me donnent comme instrument de navigation.

Ludovic : Cette collaboration a en premier lieu donné naissance à l’Arktos en 2004. En quoi cette montre t’a-t-elle aidé dans ton expédition sur le cercle polaire ?

Mike : J’ai voulu aller au Pôle Nord de nuit parce que je voulais aller faire l’expédition autour du cercle polaire. On ne peut pas amener un instrument de navigation comme une boussole au Pôle Nord, parce qu’on est au Nord des champs magnétiques et une boussole tourne en rond. Les cristaux liquides des GPS gèlent aussi à -18°C, ça veut dire que l’écran gèle puis devient noir et on ne voit pas vraiment l’indication. Il faut être à l’intérieur d’une tente chauffée pour que ça donne vraiment la position où tu es. C’était justement là où Panerai m’a dit qu’on pouvait faire une montre utilisant l’heure comme système de navigation. Parce si tu as l’heure locale, vu que le soleil est toujours à la même place à la même heure, tu peux savoir exactement où tu vas. Et c’est là où avec Panerai, notre relation a évolué comme instrument de navigation plutôt qu’une montre qui donne l’heure.

Ludovic : Panerai a depuis développé d’autres montres-outils pour toi. Peux-tu nous en parler ?

Mike : Pour la dernière montre Pole2Pole qui a été faite pour moi, c’était très important d’avoir une montre qui s’illumine bien la nuit, parce que je traversais le Pôle Nord en hiver. Et pendant l’hiver, il n’y a pas de lumière. C’est à dire que dès que tu as un masque, déjà, il y du givre qui se forme à l’intérieur et tu ne vois pas très clair. Tu vois un peu flou et au moment où tu enlèves ton masque pour regarder l’heure et la position des étoiles ou du soleil, tu ne peux pas rester 3 minutes en essayant de voir quelle heure il est. Ça veut dire que c’était une montre qui s’illuminait bien et qui me permettait de voir clairement l’heure. C’était aussi une montre sur laquelle les champs magnétiques n’ont pas d’influence sur son fonctionnement et où la partie des rouages est bien isolée de l’extérieur. C’est à dire que l’huile qu’on met pour qu’elle fonctionne dans des conditions normales à la maison, ça ne peut pas être la même huile que pour -50 à -60°C, parce que l’huile gèle et ta montre perd du temps. Après, les contractions et l’expansion du métal doivent être calculées, parce que dès que t’as un rouage ou un roulement qui diminue en diamètre, ta montre perd du temps parce qu’elle ne fonctionne pas normalement. Et si le travail en amont qui te donne l’heure n’est pas étudié pour les -50° ou même les jours à -70°C en Antarctique, tu ne peux plus faire confiance à ta montre. C’est vraiment quelque chose qui a été fait pour moi.

Ça a commencé avec la première North Pole en 2006 et puis le même concept a été pris pour Arktos. Après, ils ont fait un lubrifiant sec, pas une huile. Je pense que c ‘était un charbon qui lubrifiait et qui ne gelait pas. Ensuite, on a commencé à regarder où je devais mettre ma montre, parce que si je la mettais avec moi dans mon sac de couchage, qu’il fait -60°C à l’extérieur mais il fait -15°C dans mon sac de couchage, cette différence de température est énorme sur une montre. Ça veut dire qu’on savait très bien que pour avoir une montre stable, on doit toujours la laisser un peu à l’extérieur de la tente. Comme ça, l’huile ne devient pas plus fluide ou trop givrée.

Ludovic : Parlons aussi de la Panerai Submersible Mike Horn Edition qui donnait la chance aux 19 acheteurs de faire un stage sur la banquise avec toi. Vu le prix (39 000€), on ne les imagine pas vraiment comme des aventuriers. Alors, comment s’est déroulée cette expérience ?

Mike : Quand les gens ont acheté la montre, ils n’achetaient pas une montre, ils voulaient acheter l’expérience. Parce que aujourd’hui, personne ne peut venir avec moi. Quand on est un athlète professionnel, on passe beaucoup d’heures tout seul. Pour l’entraînement ou la la préparation, on a très peu de temps pour socialiser. C’est un peu au travers de Jean-Marc [Pontroué, CEO de la marque, NDLR] et Panerai qu’un jour on a décidé de le faire. Parce que j’ai reçu beaucoup d’emails quand les gens ont commencé à acheter des montres qui étaient faites pour Arktos, pour le Pôle Nord de nuit ou pour le Pole2Pole, qui me disaient « On veut partager une aventure avec toi. On porte ta montre, mais maintenant il nous manque l’expérience ». Et en fait tu as 100% raison, des gens qui peuvent dépenser 50 000 ou 100 000€ dans une montre, ce ne sont pas nécessairement des gens qui peuvent résister à -30 ou -40°C, dormir dans une tente, partir avec des chiens de traîneau et tout ça. Mais après, c’est aussi partir qui fait vraiment partie de cette expérience. C’est d’être en contact avec eux en leur disant comment on va faire pour résister au froid, comment on va s’habiller, comment il faut s’entraîner. Ça devient une mission pour eux. Comme pour moi qui prépare mes expéditions, je donne comme un menu de ce que tu dois faire pour apprécier ce qu’on va faire. Et si tu ne fais pas ça, tu vas morfler, tu vas tout rater et puis tu vas pas avoir du plaisir. T’as dépensé de l’argent pour rien et t’aurais mieux fait de ne pas acheter la montre. Mais le moment où tu achètes cette expérience, la montre c’est comme une médaille que tu as achetée et que tu peux avoir à la fin. Et j’étais vraiment très étonné par l’engagement des gens. Parce que c’est une montre qui est chère et qui n’est pas accessible à tout le monde. C’est une montre qui attire peut-être plus les gens qui aiment les bijoux et les « fashion shows » que les explorateurs. Mais j’étais complètement bluffé par leur engagement vis-à-vis de la préparation pour cette expérience.

Et bientôt, on part au Bhoutan. Ils ont fait une montre superbe et je suis sûr que tout ceux qui ont acheté la montre pour l’expérience au Pôle Nord, ils ont réservé les montres pour aller au Bhoutan avec moi. Ça veut dire qu’en fait, ils mordent dans cette aventure et la montre est secondaire. C’est une super expérience parce que t’as des chinois, des japonais, des brésiliens, des sud-africains, des français. Et ce mélange de cultures, quand on partage l’aventure et que tout le monde a froid ensemble, c’est là où tu vois vraiment que pour arrêter la guerre, il faudrait qu’on mette Poutine, Zelensky ou les israéliens, tout le monde à -50°C où ils sont traités pareil, et tu verras quand ils vont devenir amis, tout ce pourquoi on se bat aujourd’hui n’aura plus d’importance.

Ludovic : Selon toi, pour les passionnés d’aventure, s’il fallait choisir une seule montre Panerai, ce serait laquelle ?

Mike : Pour moi c’est une Submersible. N’importe quelle Submersible parce c’est une montre qui est plus robuste qu’une Luminor ou une Radiomir. C’est une montre qui n’est pas comme un tourbillon, qui peut éventuellement prendre des chocs ou des impacts. Je ne parle pas de mon corps, je parle juste de mes connaissances et de mes expériences. La Submersible, c’est l’ADN de Panerai et c’est une montre que j’ai déjà utilisée dans la montagne comme coinceur. C’est indestructible ! Donc si quelqu’un doit acheter une montre pour l’accompagner dans ses aventures – je ne sais pas si c’est bien pour Panerai – mais c’est la Submersible. C’est ma préférée, c’est un bon choix que je valide !

Ludovic : Et à part partir à l’aventure, as-tu d’autres passions dans la vie ?

Mike : Oui, je fais plusieurs choses. Je suis aussi coach de performance dans les équipes de rugby. J’ai été avec l’équipe d’Allemagne de foot en 2014 quand ils ont gagné la Coupe du Monde au Brésil. J’étais avec l’équipe de rugby de l’Afrique du Sud, avec l’équipe de cricket de Londres, et j’adore partager la philosophie que tout est possible seulement à travers la manière de penser. Mais ça date parce que c’était aussi mes études car j’ai fait des études sur les blessures sportives et la psychologie du sport. C’est-à-dire que j’applique juste ce que je faisais quand j’avais 22 ans et que j’ai appris à l’université.

J’ai aussi commencé une startup en hydrogène parce que j’ai vu notre planète se dégrader. J’ai commencé à vouloir jouer un rôle plus actif mondialement sur notre empreinte carbone. Cette startup a commencé à Grenoble où je faisais une étude sur l’hydrogène et sur les piles à combustible dans la mobilité. Aujourd’hui, après 3 ans, j’ai eu des résultats. Des investisseurs sont venus pour soutenir mes idées et on a créé une usine qui va produire dans une ancienne usine Alstom à Belfort. Je dois engager 700 ingénieurs et on va fabriquer des piles à combustible. J’ai eu du soutien européen et pour ça, j’ai de l’espoir pour le futur de notre planète. Parce que si on peut changer aujourd’hui les moteurs thermiques par des piles à combustible – on ne parle pas de batterie, on parle de d’hydrogène comme vecteur de propulsion – on part sur le bon chemin. Donc je suis là-dedans, aujourd’hui, au centre de R&D à Grenoble avec 130 ingénieurs qui bossent tous les jours. On a eu 100 millions d’euros d’investissements, donc ça prend aussi pas mal de temps. Maintenant il faut qu’on livre notre première pile à combustible à l’hydrogène pour arriver à la décarbonisation de notre planète en 2030. La société s’appelle INOCEL.

Ludovic : Un petit mot pour la fin ou le conseil de vie le plus précieux que tu pourrais donner ?

Mike : Pour moi, tout commence par croire en toi-même. Et quand je dis croire en toi-même, c’est croire en qui tu es vraiment, pas qui tu n’es pas. Beaucoup de gens veulent être comme les autres, mais on est qui on est . Et puis, la personne la plus facile à être, c’est soi-même. Je sais que la société d’aujourd’hui nous force à vouloir être comme les autres, à gagner autant d’argent et que tout est comparé. Mais si j’ai un vrai conseil à donner aux gens, c’est de restituer. Tu as une valeur à apporter, crois en tes compétences et même si tu ne sais pas faire, fais-le. Agrandis tes savoir-faire parce que l’information est gratuite aujourd’hui. Et quand tu peux ajouter beaucoup de choses dans ta caisse à outils, c’est là où tu deviens fort. C’est là où tu peux t’en sortir dans les moments difficiles. Si tu veux être comme les autres, tu ne vas jamais arriver à devenir qui tu es vraiment et tu vas vivre malheureux. Quand tu es qui tu es, c’est là où tu seras heureux dans la vie.

Un grand merci à Panerai grâce à qui cet entretien a été possible. Merci également à vous tous qui nous lisez depuis maintenant 10 ans et sans qui cette rencontre n’aurait jamais eu lieu.