Nous sommes fin janvier 2024, et une actualité attire particulièrement notre attention : une expédition menée par l’Américain Tony Romero pense avoir retrouvé la trace de l’avion d’Amelia Earhart, disparu en plein Océan Pacifique en 1937. Un nom qui résonne chez tous les passionnés d’aéronautique, et une histoire passionnante se déroulant pendant l’âge d’or de l’aviation. L’occasion pour nous de dresser le portrait de cette femme hors-norme, pionnière de l’aviation, et de la montre qui l’accompagna lors de ses exploits.

Amelia Earhart, pionnière de l’aviation

Amelia Earhart, également connue sous le nom de Lady Lindy, est née le 24 Juillet 1897 dans le Kansas, aux Etats-Unis. Dès son plus jeune âge, elle fait preuve d’un caractère fonceur, et s’engage comme aide-soignante à Toronto, durant la Première Guerre mondiale, alors qu’elle a à peine 19 ans. Au sortir de la guerre, alors qu’elle prépare ses études de médecine, elle se découvre une passion pour l’aviation, lors d’un baptême de l’air en 1920. Dès lors, elle mettra toute son énergie (et ses économies) pour voler, et acquière même un biplan jaune vif, surnommé le Canary.

Une succession de records, avant une fin tragique

En 1922, elle bat un premier record du monde, en étant la première femme à voler à l’altitude de 4300 mètres (soit un peu plus de 14.000 pieds). Par la suite, elle devient la première femme à effectuer en 1928 la traversée de l’Atlantique, tout d’abord en tant que passagère du trimoteur Fokker F.VIIb/3, piloté par Wilmer Stultz, puis en solitaire en 1932, à bord d’un Lockheed Vega. Une première mondiale et un véritable exploit, réalisé en presque 15 heures de vol. Enfin, en 1935, Amelia Earhart devient la première femme à rallier Hawaï à la Californie en solitaire. Malheureusement, en 1937, Amelia Earhart s’abime en plein Océan Pacifique, au large de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, alors qu’elle tente, avec son navigateur Fred Noonan, de réaliser un tour du monde par l’Est. Une fin tragique, teintée d’un certain mystère car, jusqu’à aujourd’hui, nous n’avions aucune trace de son appareil, un Lockheed Electra 10-E.

Et l’horlogerie dans tout ça ?

Mais revenons à ce qui nous intéresse le plus : l’horlogerie. Amelia Earhart, comme tous les aviateurs, choisit avec soin la montre qui l’accompagne lors de ses vols. Et à l’époque, une marque est particulièrement investie dans l’aviation : Longines. La manufacture au sablier ailé a notamment équipé Charles Lindbergh lors de la première traversée de l’Atlantique en avion, en 1927, à bord de son fameux Spririt of St Louis. Et c’est donc tout naturellement que Amelia Earhart s’équipe également d’une Longines. Un modèle chronographe mono-poussoir à deux compteurs, à la fois lisible et fiable, qu’elle porte lors de ses deux traversées de l’Atlantique. Mais alors, comment cette montre a-t-elle pu passer à la postérité, puisque l’avion repose encore et toujours par 5000 mètres de fond ? C’est là que tout l’histoire prend un surprenant virage…

Une montre mythique sauvée presque par hasard

À partir de 1932, Amelia Earhart se rend compte qu’elle a besoin de tenues plus habillées, pour les occasions plus formelles qui se multiplient, grâce à sa nouvelle notoriété. C’est ainsi qu’elle rencontre H. Gordon Selfridge Jr, propriétaire d’un célèbre magasin de luxe à Londres, avec qui elle se lie d’amitié. Celui-ci admire la pilote, et lui offre une montre qu’elle portera lors de son vol fatal en 1937. Et Amelia Earhart de lui rendre la pareille, en lui offrant son chronographe Longines. Et c’est ainsi que le chrono Longines est « sauvé ». Depuis, le chronographe porte à son dos l’inscription : « this watch was worn by Amelia Earhart on her two transatlantic flights and presented by her to H.G.S. Jr just before her death » (cette montre fut portée par Amelia Earhart lors de ses deux vols transatlantiques et donnée à H.G.S.Jr juste avant sa mort). H.G.S. Jr faisant référence à H. Gordon Selfridge Jr, bien entendu.

La montre d’Amelia Earhart poursuit sa carrière…jusque dans l’espace !

Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! En plus d’être une pilote émérite, Amelia Earhart est une l’une des membres fondatrices et la première présidente du groupe des Ninety-Nines, une association de femmes pilotes venant de 35 pays et regroupant plus de 5500 membres. Ainsi, lors d’une cérémonie en hommage à Amelia Earhart en 1963, Gordon Selfridge donne la montre à Fay Gillis Wells, une autre femme pionnière de l’aviation et membre fondatrice des Ninety-Nines. Puis la montre est vendue aux enchères pour financer des projets aéronautiques dans la ville natale d’Amelia, et achetée par Joan Kerwin, qui est ni plus ni moins que la présidente des Ninety-Nines. Mais il était écrit que cette montre accomplirait un dernier exploit. Et en 2010, elle est prêtée à Shannon Walker, astronaute et membre de Ninety-Nines, qui la porte pour son vol jusqu’à la Station Spatiale Internationale, à bord de la fusée Soyuz TMA-19. Revenu sur terre sain et sauf, le chronographe Longines peut enfin prendre sa retraite, après une carrière unique. Véritable montre emblème des Ninety-Nines, ce garde-temps à l’histoire exceptionnelle repose désormais dans une vitrine du musée des Ninety-Nines, à Oklahoma City.

Rendez-vous ici pour visiter le site officiel des Ninety-Nines.