C’est un véritable OVNI qui nous fait inévitablement penser à MB&F. Pour les fondateurs, Théo Auffret et Guillaume Laidet (entre autres derrière la renaissance de Nivada Grenchen), c’est probablement le plus beau compliment qu’on peut leur faire. Suite à un rebondissement inattendu, la marque a changé de nom, ou plutôt opté de force à prendre le nom de sa première collection. Nous devions mettre la main dessus, pour vous transmettre notre ressenti mais aussi pour répondre à une question de fond : sommes-nous capables de porter une telle pièce ? Voici donc notre revue complète sur cette montre Spaceone !

D’Argon à Spaceone : un voyage inattendu

Nous vous en parlions plus tôt cette année lors de son lancement sur Kickstarter. L’histoire est tellement folle que nous devons nous y attarder, de surcroit quand le modèle que nous avons eu en main en est le témoin direct. La marque s’appelait Argon, un nom presque onirique faisant écho à l’espace comme à la Terre car c’est un gaz répertorié dans le tableau périodique des éléments qui a aussi été détecté près de la nébuleuse du Crabe. Un nom que nous aimions particulièrement mais qui a posé un immense problème, et ce après avoir récolté plus d’un million d’euros sur Kickstarter. C’est une plateforme américaine, les américains aiment les litiges légaux et la marque « Aragon » a sauté sur l’occasion ! Un véritable crève-coeur quand on voit ce que cette marque « horlogère » américaine propose… Ce qui est inouï, c’est que Nivada avait eu le même problème avec Movado au siècle dernier. Un signe ou un nouveau cycle, qui sait. Quoi qu’il en soit, ce voyage est aussi fou que celui proposé par « Spaceone », c’est son nouveau nom, qui vous fait rêver avec ses airs de vaisseau spatial.

Les points forts

Commençons par répondre à notre question de fond : oui, c’est portable et bien plus que ce que l’on pouvait imaginer ! D’accord, la version bleue sur bracelet orange, c’est un peu extrême. Quoi que c’est peut-être l’effet recherché. Derrière son impressionnante largeur de 51.67mm, ce que l’on retient une fois au poignet, c’est plutôt sa « longueur » de seulement 42mm car le plus gros part vers l’intérieur du poignet pour ne créer aucune gêne. Même de l’autre côté avec un creux prononcé pour que la peau ne touche même pas la carrure. Son épaisseur de 17.2mm au point culminant ne choque pas non plus sur le poignet de par sa forme quasi aérodynamique qui s’affine à 4.9mm au niveau de ce que l’on pourrait appeler le protège-couronne (ou réacteur ici). Ce qui est agréable également, ce sont les sortes de sillons ou plutôt galbes inversés qui creusent doucement le boîtier, subtilement sur le dessus et de manière plus radicale sur les côtés et dessous. Et que dire de ce verre « cockpit » hypnotique au travers duquel on lit l’heure ! Tandis que les minutes tournent à la même vitesse que des minutes traditionnelles, l’heure sautante fait bondir le disque pile au moment du passage de la nouvelle heure. Une petite complication qui a son charme. Et le petit disque central faisant office de trotteuse a ce petit je ne sais quoi qui respire la mécanique, comme un rouage qui tourne en permanence.

Ce que l’on regrette

Son plus grand atout est peut-être aussi sa plus grande faiblesse, du moins pour les amateurs d’horlogerie en quête de pièces classiques. Pour les aficionados de pièces vintage, n’en parlons même pas. Le premier défaut de cette montre est évident : la couronne inversée casse les habitudes car elle oblige à tout faire à l’envers si vous tenez à la manipuler avec votre doigté habituel. En gros, les droitiers porteront une montre de gaucher et les gauchers porteront une montre de droitier, c’est inévitable. Ensuite, remarquons qu’avec une si petite fenêtre de lecture, cela pose un petit problème de place pour les minutes : celles-ci sont donc marquées par sauts de 5 et complétées par des interstices de 2 ou 3 minutes. Les créateurs ont fait le choix d’alterner, même si pour le coup c’est très arbitraire. Certes, en horlogerie, il faut être tatillon mais ici on s’en fiche… C’est peut-être fou, mais ce n’est pas ce qu’on lui demande et on comprend le parti-pris esthétique. Autre petit reproche est au niveau du bracelet, plus précisément du brin long : même si sa pointe coupée en biais est très jolie, c’est moins pratique à caler dans le passant. Soit il ressort trop quand on l’insert bien, soit la coupure se voit trop quand on veut éviter ce problème. Dernièrement, dans le noir complet, on ne voit plus rien. Si la conquête spatiale est une course technologique, les marquages photoluminescents ne seraient pas de trop !

Notre avis sur cette montre Spaceone

Difficile d’être divisé : on aime ou on déteste. Nous avons toujours été de grands fans de MB&F et la question s’est toujours posée : si l’argent coulait à flot, est-ce qu’on serait prêt à franchir le pas ? Peut-être, mais c’est pas sûr… Mais avec Spaceone, la question ne se pose plus. Certes, avec des tarifs oscillant entre 1,500 et 1,900€ (hors taxe), ce n’est pas rien, mais c’est rien comparé aux machines de Max Büsser. La marque française ouvre donc de nouvelles perspectives inattendues. Et quand on voit le CV de ses fondateurs, on est totalement rassuré et prêt à franchir le pas sur un coup de tête. Difficile de choisir entre la légèreté du titane ou le prix de l’acier. Le carbone ? Pourquoi pas. En réalité, il faut essayer, mais c’est là que c’est difficile : vous ne pouvez qu’acheter en ligne et les livraisons sont prévues entre décembre 2023 et janvier 2024. Donc si vous aimez, tentez l’expérience, surtout que la majorité des modèles sont limités !

Disponible sur le site officiel de Spaceone.

CARACTÉRISTIQUES – SPACEONE BLUED TITANIUM

Boîtier : titane – finition brossée – 51.67mm de largeur x 42mm de longueur x 17.2mm d’épaisseur – verre saphir « cockpit » – fond transparent – étanchéité de 3 ATM (30 mètres) 

Cadran : fond noir – finition matte – marquages blancs – disques rotatifs pour les aiguilles 

Mouvement : mécanique à remontage automatique – calibre Soprod P024 – fréquence de 28’800 alternances par heure (4Hz) – fonction heures, minutes et secondes – complication d’heure sautante -réserve de marche de 38 heures

Bracelets : caoutchouc noir et orange – coupe de 22/18mm – boucle ardillon en acier traité au PVD bleu

Informations : série limitée – assemblée en France – disponible sur le site officiel – garantie de 2 ans – 1,900€ HT