Son nom ne vous dit peut-être rien, mais Daniel Roth est une figure incontournable de l’horlogerie indépendante. Un nom et une marque synonymes d’excellence et d’exclusivité. Et après une période de silence, Daniel Roth revient enfin aux affaires sous la houlette de l’atelier de la Fabrique du Temps de Louis Vuitton. Portrait d’un horloger d’exception.

Un début de parcours chez Audemars Piguet et Breguet

Daniel Roth nait à Nice en 1945, au sein d’une famille passionnée d’horlogerie. Son père tient d’ailleurs une boutique nommée « L’Horloger Suisse », où les montres côtoient les bibles. Il se passionne très tôt pour l’horlogerie, et entre à l’École d’Horlogerie de Nice. À 19 ans, il se dirige vers la Suisse, car comme il l’avoue lui-même : « les plus belles montres sont à la Vallée de Joux« . Il se fait embaucher par Audemars Piguet, qui, à l’époque, ne compte qu’une vingtaine d’horlogers : pivotage, réglage, mouvements extra-plats, complications… Daniel Roth parfait sa formation à la Maison du Brassus pendant 7 ans. Puis il passe chez Breguet, qui est alors en plein renouveau, sous l’impulsion de Jacques et Pierre Chaumet, les fameux joaillers parisiens. Il y restera 14 ans, participant à la reconstruction du prestige de la marque. Enfin, en 1989, Daniel Roth prend une décision qui va marquer un tournant dans sa carrière : devenir indépendant.

La marque Daniel Roth

Sous son propre nom, Daniel Roth développe des montres – et des mouvements – exceptionnels. Il commence avec un tourbillon, baptisé C187, certifié COSC : une première mondiale à l’époque pour une montre-bracelet. Une pièce qui deviendra un des piliers de son catalogue. Suivront le C117, un calendrier perpétuel avec mécanisme de saut instantané développé en collaboration avec Philippe Dufour, et le C147, un chronographe animé par le mouvement Lemania 2310. Et toujours avec ce boîtier à la forme si particulière, baptisée « ellipsocurvex« , qui deviendra la signature stylistique de Daniel Roth, au même titre que les guillochages complexes et les décorations exquises des mouvements. Au rythme de 500 pièces par an, Daniel Roth produit environ 3000 montres jusqu’au milieu des années 1990.

Achats, rachats et autres déboires

Si le génie de Daniel Roth en tant qu’horloger n’est plus à démontrer, il n’en va pas de même pour son sens des affaires. En effet, en 1994, Daniel Roth est forcé de vendre les parts de sa marque éponyme à la famille propriétaire du distributeur The Hour Glass. « Je n’ai pas vendu, ils m’ont pris« ; dit-il avec une pointe d’amertume bien compréhensible. Puis en 2000, c’est la société entière Daniel Roth qui est vendue à Bulgari, en même temps que la marque Genta. Enfin, en 2011, la maison italienne passe sous le giron du groupe de luxe LVMH, qui reprend ainsi la main sur le patrimoine de Daniel Roth.

La renaissance au sein de Louis Vuitton et La Fabrique Du Temps

Le groupe LVMH place Daniel Roth sous la coupe de Louis Vuitton, qui va s’occuper des créations du maître horloger indépendant, à travers une structure dédiée : La Fabrique Du Temps. Située à Genève, il s’agit d’un atelier d’horlogerie, où règne un seul mot d’ordre : l’excellence. Un concentré de savoir-faire de haute horlogerie, qui associe les visions personnelles des horlogers indépendants aux capacités d’une grande maison comme Louis Vuitton. C’est donc dans ce nouveau cadre, propice aux créations les plus exclusives, que Daniel Roth peut désormais exprimer tout son talent. Ainsi, 35 ans après sa création, la marque Daniel Roth renaît, avec pour objectif de produire quelques centaines de pièces par an. « Nous avons à cœur de rester fidèles aux origines de la marque et à la conception artisanale de ses premières montres, car Daniel est un ami de longue date », précise Enrico Barbasini, l’un des maîtres horlogers de La Fabrique Du Temps. « Nous sommes nombreux à admirer son travail. Daniel est une figure majeure de l’industrie et un véritable pionnier de l’horlogerie indépendante contemporaine ». Une promesse alléchante, qui se concrétise à travers une première série baptisée « Souscription« . Un tourbillon, bien évidemment, qui reprend tous les codes de Daniel Roth, et qui fait déjà rêver plus d’un collectionneurs.

Un nom qui mérite sa place parmi les plus grands

À l’instar de George Daniels, Philippe Dufour, Franck Muller, Roger Smith, FP Journe ou encore Roger Dubuis, Daniel Roth fait partie des plus grands horlogers modernes. Et si son nom n’est sans doute pas aussi connu que celui de ses illustres confrères, cela n’est évidemment pas dû à un manque de talent, mais plutôt aux étranges péripéties d’une marque ballottée au milieu d’un business horloger impitoyable. Fleurons de l’excellence artisanale horlogère suisse, les montres Daniel Roth sont de véritables objets d’art, destinées à de rares privilégiés. Des gardes-temps exceptionnels qui ne demandent qu’à revenir en pleine lumière. Et c’est tout ce qu’on espère.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site officiel de Daniel Roth.