Quand on pense à un horloger partenaire de la Marine Nationale française, on pense le plus souvent à Breguet, dont le fondateur fut nommé Horloger de la Marine Nationale par le roi Louis XVIII, ou à Tudor, avec notamment sa Pelagos FXD Marine Nationale. Mais une marque française peut se targuer d’accompagner la Marine française depuis plus de 150 ans : Auricoste. Une collaboration prestigieuse et exigeante, qui est au cœur de l’ADN de la marque. Voici donc l’histoire d’Auricoste, la maison horlogère de la Marine Nationale.

Peinture d’un 3 mâts de la Marine Nationale au XIXème siècle

Émile Thomas, le premier fondateur

L’histoire commence en 1854, à Paris. Émile Thomas fonde alors l’horlogerie Thomas, dans le VIIIème arrondissement. Il jouit d’une excellente réputation, et il est rejoint en 1864 par Antoine Redier, un autre horloger de talent, connu pour être l’inventeur du réveille-matin. Les deux hommes produisent des pièces de grande qualité, qui attirent de nombreux amateurs d’horlogerie. Et parmi ces clients, il y a Georges-Ernest Fleuriais, officier de la Marine Nationale Française, et membre du Bureau des Longitudes à l’Observatoire de Paris. Ce dernier, enthousiasmé par les montres Thomas, convainc les deux hommes de présenter leurs produits aux services de la Marine et au Bureau de l’Observatoire. Les montres Thomas se montrent à la hauteur des exigences de la Marine, et c’est alors le début d’une collaboration qui durera plus de 150 ans. Quelques années plus tard, Émile Thomas pourra même se targuer du titre honorifique de « Horloger de la Marine et de l’Observatoire ».

Travaux sur le Champ-de-Mars pour l’Exposition Universelle de Paris en 1900

1889-1900, Joseph Auricoste reprend le flambeau

Joseph Auricoste naît à Mende en 1880. Il est le fils d’un homme politique français, et fait ses classes à l’École d’Horlogerie et Mécanique de Précision de Paris. L’histoire officielle de la marque indique que Joseph Auricoste reprend la boutique d’Émile Thomas en 1889… mais il a alors 9 ans, et l’on peut raisonnablement penser que les archives de l’époque manquent quelque peu de précision. Néanmoins, l’année 1900 marque un tournant pour les deux hommes. Émile Thomas remporte la médaille d’or à l’Exposition Universelle de Paris pour une montre-bracelet, tandis que Joseph Auricoste finit major de sa promotion à l’École d’Horlogerie, qui compte justement parmi ses membres du Conseil de Direction un certain Émile Thomas. Ce dernier voit alors en Auricoste son digne successeur. La même année, Auricoste reprend l’horlogerie Thomas, qu’il renomme Auricoste. La marque Auricoste est née, et Émile Thomas se retire des affaires. Il sera fait Chevalier de Légion d’Honneur en 1909.

Mise en service du porte-avions Arromanches en 1946

1900-1950, Auricoste se développe tous azimuts

Joseph Auricoste est un horloger très doué, mais c’est aussi un excellent homme d’affaires. Ainsi, il fournit des horloges à l’Élysée, au Sénat, et à la Banque de France (certainement grâce à la réputation de son père), mais également aux armées, à l’approche de la Première Guerre mondiale, avec environ 30.000 chronographes commandés. Entre les deux guerres, Joseph Auricoste développe et diversifie son activité, allant des montres-bijoux pour dames fortunées aux chronographes sportifs destinés aux pistes d’athlétisme, en passant par des instruments de mesure, comme des baromètres. Mais Auricoste s’illustre surtout comme fournisseur d’horloges pour les bâtiments de la Marine Nationale, en équipant notamment le croiseur lourd Tourville (1925) et le cuirassé Richelieu (1935). Au sortir de  la Seconde Guerre mondiale, Joseph Auricoste est élu au Conseil de la Société Chronométrique de France. Ainsi, il participe, avec l’aide de son fils Pierre, à la reconstruction de la Marine Nationale et de sa branche aérienne, l’Aéronavale. Il prend alors sa retraite, auréolé de la médaille de Chevalier du Mérite Maritime, et passe le flambeau à son fils Pierre, qui perpétue la tradition maritime d’Auricoste. Les années suivantes, la marque équipe les porte-avions Arromanches (1946) et le Lafayette (1951).

Le modèle Auricoste Type 20 de 1954 (à gauche) et la version civile des années 1960 (à droite)

1954, l’année de la Type 20

1954 est une année charnière pour Auricoste. Cette année-là, le Ministère Français de la Défense passe un appel d’offre pour une montre très spécifique, la célèbre Type 20. Les montres Auricoste sont sélectionnées par l’armée, aux côtés de Breguet, Vixa et Dodane. Ainsi, 2000 chronographes Auricoste Type 20 sont livrés, la plupart équipant les pilotes de l’Aéronavale. Cette commande marque une étape importante pour Auricoste, car elle ancre encore un peu plus son statut d’Horloger de la Marine, tout en prouvant que la marque est capable de maîtriser une complication aussi délicate que le retour-en-vol. Et l’immense carrière de la Type 20, qui s’étale sur plus de 30 ans, en est la meilleure publicité.

Le porte-hélicoptères Jeanne d’Arc (R97) dans le port de New York en 1986

1950-1980 : une collaboration militaire très (trop ?) étroite

Durant les décennies suivantes, les systèmes horlogers Auricoste équipent de nombreux bâtiments de la Marine Nationale. Par ordre chronologique, on peut citer les porte-avions Foch (1961) et Clémenceau (1963), le porte-hélicoptères Jeanne d’Arc (1964), la frégate anti-sous-marine Tourville (1975), des avisos (petits navires de guerres légers et rapides), ou encore des Sous-marins Nucléaires d’Attaque SNA comme le Rubis ou le Perle. Pendant 30 ans, la collaboration entre Auricoste et la Marine Nationale est très étroite, au point qu’Auricoste se concentre de plus en plus sur cet unique client, quitte à délaisser le marché civil. Un choix gratifiant en terme de prestige, mais discutable d’un point de vue marketing, car les chiffres des ventes s’effondrent en même temps que les commandes militaires. Et au début des années 1980, l’entreprise est au plus mal. Pierre Auricoste doit alors mettre la clef sous la porte, et tous les équipements sont vendus aux enchères.

Fabrice Guéroux (à gauche), expert horloger, et Claude Tordjmann (à droite)

1980-2010, une nouvelle ère, sous Claude Tordjmann

En 1980, la marque Auricoste est rachetée par Claude Tordjmann, un homme d’affaires déjà omportateur des chronographes Hanhart pour la France. Il s’associe à Pierre Auricoste pour relancer la marque, en repartant de zéro. Ensemble, ils renouent les contacts avec la Marine Nationale, et les commandes repartent. Mais Pierre Auricoste décède peu de temps après, et Tordjmann est désormais seul aux commandes d’Auricoste. La reconstruction de la marque est lente et fastidieuse. Après de courtes et infructueuses collaborations avec TAG Heuer et Zodiac, Auricoste reprend la production de montres en son nom propre. La marque française équipe même le porte-avions Charles de Gaulle (2001). Mais là encore, le marché militaire se révèle rapidement insuffisant, et la marque est en grande difficulté.

Le modèle Auricoste Spirotechnique 300M, référence A9102

2010 : la marque se ré-ouvre enfin au grand public

Comprenant que le salut de la marque passe par une démocratisation de sa clientèle, Claude Tordjmann décide de produire des modèles pour le grand public. En 2010, avec l’aide de son fils, il sort des versions modernes du chronographe Type 20 et de la plongeuse Spyrotechnique, et dévoile un nouveau modèle baptisé Type 52. Le succès est enfin au rendez-vous et ces nouveaux modèles permettent à la marque de reprendre des couleurs.

Le modèle Auricoste Type 52 FlyBack 42mm, référence A52NP

Auricoste aujourd’hui

Aujourd’hui, le catalogue Auricoste s’articule autour de chronographes (Type 20, Type 26 et Type 52) et de plongeuses (SM300 Scuba Master et Spyrotechnique). L’ADN de la marque est toujours là, avec une omniprésence de la Marine Nationale française et de l’Aéronavale. D’ailleurs, la marque est toujours officiellement « Horloger de la Marine Nationale« . On peut remarquer également un modèle « Déminage », créé en collaboration avec les Démineurs de la Sécurité Civile de France. Difficile de prédire l’avenir de la marque, mais Auricoste possède de précieux atouts à faire valoir, hérités des années de collaboration avec la Marine Nationale : un héritage et une légitimité incontestables, des designs iconiques, et une compréhension très fine des besoins des professionnels. Avec de tels arguments, gageons qu’Auricoste saura convaincre de nombreux amateurs d’horlogerie, aussi bien sur terre que sur mer.

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