Après l’Eterna Kontiki, l’IWC Portugieser ou encore la Cartier Santos, nous poursuivons à vous raconter l’histoire des montres mythiques avec la Breguet Type 20. Ou plutôt devrait-on dire la Type 20 / XX, tant les deux variantes de ce modèle sont indissociables. Une montre d’aviateur à l’histoire passionnante et à la carrière incroyable. Voici donc l’histoire de cette icône signée Breguet.

Une commande du Ministère de la Défense et un cahier des charges très précis

L’histoire commence au début des années 1950, où le Ministère français de la Défense a une demande un peu particulière. Pour équiper ses pilotes, il veut une montre chronographe, qu’il baptise lui-même Type 20. Mais le cahier des charges est très précis. Côté esthétique, la montre devra posséder un boîtier d’environ 38mm, un cadran noir avec 2 compteurs à 3 et 9 heures, capable de totaliser 30min, des chiffres arabes, et être lisible en toute circonstance grâce à l’emploi de matière photo-luminescente. Et côté mécanique, le ministère demande un mouvement à remontage manuel précis à  8 secondes par jour maximum, doté d’une réserve de marche de 35 heures minimum, et pouvant endurer plus de 300 cycles marche-arrêt-remise à zéro. Mais, en plus de la fonction chronographe habituelle, le ministère insiste pour que le mouvement soit équipé de la fonction « retour-en-vol ». Une complication assez rare, inventée en 1936 par Longines, mais particulièrement utile aux aviateurs. En effet, elle permet de remettre à zéro et de relancer instantanément le chrono par une simple pression du poussoir à 4h, au lieu de faire la manipulation habituelle : arrêt, puis remise à zéro, puis redémarrage.

La Type 20, ou plutôt les Type 20

Parmi les maisons horlogères ayant proposé leur modèle, quatre sont retenues : Breguet, Auriscote, Vixa et Dodane (qui vendra des Type 20 sous son propre nom ou sous d’autres noms, comme Chronofixe ou Airain). Mais c’est Breguet qui remporte le gros lot, avec environ 50% de la commande totale. Ainsi, il n’y a pas une, mais plusieurs Type 20. Et c’est aussi pour cela qu’aujourd’hui encore, le nom « Type 20 » n’est pas associé seulement à Breguet – même si c’est de loin la marque la plus connue -, et que d’autres marques sont tout aussi légitimes pour employer ce nom.

Ainsi, entre 1954 et 1960,  Breguet va fournir au Ministère de la Défense plus de 2500 montres Type 20, réparties entre l’Armée de l’Air (environ 2000 exemplaires), l’Aéronavale (500 exemplaires) et le CEV Centre d’Essais en Vol (80 exemplaires). On peut d’ailleurs remarquer que Breguet a su livrer ces montres très rapidement (quelques mois à peine après avoir remporté l’appel d’offre). Et ce, grâce à une autre entreprise fondée par la famille Breguet : Breguet Aviation. La fabrique d’avions, créée en 1911, est alors présidée par Louis Breguet, descendant d’Abraham-Louis Breguet (le fondateur de la maison horlogère), et qui entretient toujours des liens très étroits avec la maison horlogère. D’ailleurs, les pilotes de Breguet Aviation étaient eux-mêmes équipés depuis 2 ans de modèles similaires au Type 20.

Les Breguet Type 20 « rescapées »

Les Breguet Type 20 sont donc des montres de dotation, destinées uniquement aux pilotes militaires. Et la procédure stipule qu’en fin de carrière, le pilote doit rendre son matériel à l’administration militaire, montre comprise. Celle-ci sera alors détruite. Alors comment expliquer que certaines Type 20 se soit retrouvées dans la vie civile ?  La réponse est à la fois simple et floue. Il y a bien entendu des Type 20 qui ont su passer à travers les mailles du filet, de manière « détournée ». Mais il y a aussi des Type 20 « rescapées ». En effet, il est de coutume que les pilotes ayant réalisé des exploits ou ayant survécu à des situations très délicates (comme l’éjection de leur avion) puissent conserver leur équipement… et donc leur montre. Ainsi, certaines Type 20 aux histoires rocambolesques ont pu rejoindre la vie civile pour une retraite bien méritée, et pour le plus grand plaisir des collectionneurs.

La Breguet Type XX, la variante civile

Dès le début des années 1960, Breguet se rend compte du potentiel commercial d’un tel chronographe. Et en parallèle des Type 20 réservées aux pilotes militaires, Breguet propose une variante « civile », baptisée Type XX, qui devient rapidement un best-seller de la marque, et un pilier du catalogue pour les 30 prochaines années. Dès lors, les appellations Type 20 et Type XX vont co-exister.

Quatre générations de Type XX

On peut distinguer 4 générations de Type XX. La 1ère génération de Type XX est produite dans les années 1950 et 1960, et se calque sur la Type 20 militaire, avec son boîtier en acier brossé et ses cornes légèrement galbées. Côté mécanique, la Breguet Type XX s’appuie le calibre 22 de Valjoux, auquel la fonction retour-en-vol est ajoutée, devenant alors le Valjoux 222. Le boîtier, quant à lui, est réalisé par Mathey-Tissot. La 2ème génération est produite dans les années 1970-1980 et voit l’introduction d’une lunette en bakélite et d’anses droites plus larges.

Puis la production de Type XX est arrêtée entre 1985 et 1995, alors que Breguet est au plus mal à cause de la crise du Quartz. La 3ème génération de Type XX est inaugurée en 1994, et se divise en 2 catégories : l’Aéronavale (sans date) et la Transatlantique (avec date à 6h). Cette génération est équipée du calibre 582 (sur base de Lemania 1378 sans date ou 1372 avec date), et propose 3 compteurs. Elle reste au catalogue jusqu’en 2020 et le retrait de la référence 3820. Enfin, en 2023, Breguet dévoile une 4ème génération de Type 20 / XX au diamètre qui se voit légèrement augmenter, puis équipée du calibre manufacture 728/7281.

Visiter le site officiel de Breguet.