Dans l’épisode précédent sur les montres de La Calypso et du commandant Cousteau, nous avons abordé trois modèles qui ont marqué cette aventure et qui sont encore aujourd’hui des pièces historiques. Avec ce second épisode, nous continuons avec des pièces non moins exceptionnelles, tant par leur histoire que par leur design ou même leur technicité. À la suite des premières missions de La Calypso, nous entrons dans une ère bien plus axée sur la recherche scientifique pour la protection des océans que sur les recherches de ressources pétrolières ou même la performance pure en plongée. Les outils et les matériels utilisés par le commandant Cousteau sur modernisent et deviennent de plus en plus précis et robustes. Et les montres n’échappent pas à la règle…

L’Omega Seamaster 1000 Professional

L’Omega Seamaster 1000 Professional, référence 166093

Cette montre fut lancée en 1976, bien après qu’elle ait passé préalablement un certain nombre de tests en plongée au sein de la COMEX ou de l’International Underwater Contractors qui attacha la Seamaster 1000 ainsi que la Seamaster 600 Ploprof au sous-marin Beaver Mark IV pour mesurer les effets sur la montre – et notamment de son verre minéral – d’une plongée à une profondeur de plus de 1000 mètres. Et ces tests se sont déroulés avec succès. Le boîtier, fabriqué par EPSA (Ervin Piquerez S.A.) possède une forme dite « tonneau » permettant à la montre de se poser parfaitement sur le poignet avec des stries sur le fond de boîte empêchant la montre de glisser par-dessus une combinaison de plongée. Une autre particularité réside dans le fait qu’elle ait été produite principalement avec une couronne à 9 heures afin d’éviter que cette dernière ne vienne gêner le geste du plongeur. C’était donc une montre conçue pour les gauchers mais destinée aux droitiers !

Albert Falco & Jean-Yves Cousteau avec une Omega Seamaster 1000 Professional au poignet

Son calibre 1012 était une merveille de fiabilité, les 1000 (prototypes) puis les 1002, avant 1973, étaient relativement fragiles en ce qui concerne le système de remontage automatique. Jacques-Yves Cousteau se vit offrir ce modèle par le prince de Monaco qui en commanda cinquante pour les donner aux personnes soutenant, par leur travail et leurs actions, l’Institut et le Musée de la recherche océanographique de Monaco. Le commandant Cousteau reçut le premier modèle et affirma que c’était sa meilleure montre de plongée. Ces modèles avait pour particularité de posséder le cadran « 600 » de la Ploprof, et au cours des missions, d’autres plongeurs de La Calypso tels qu’Albert Falco et Raymond Coll ont utilisé cette même montre. C’est une pièce exceptionnelle n’ayant pas été produite en grande quantité, certains évoquant 500 unités. Leur seul défaut, comme pour l’Omega Ploprof, demeurait les cadrans qui s’abîmaient avec le temps.

La LIP Nautic-Ski

La LIP Nautic-Ski, référence 42605

Cette montre française est une révolution en 1967 car elle devient la première montre de plongée française étanche à 200 mètres. Son boîtier Super Compressor à deux couronnes est, comme pour l’Omega 1000, fabriqué par EPSA avec un diamètre contenu à 36mm. Son verre plexiglas très épais lui donne une robustesse inégalée à l’époque. Son mouvement lui, le calibre R184, est entièrement conçu et fabriqué par LIP à Besançon et capable de maintenir une bonne précision durant plus d’une année. Cette montre avait l’avantage d’avoir une lunette interne mobile permettant de lire les temps de plongée rapidement et sans risque de détérioration des index. De plus, sa lisibilité était facilitée par des index très lumineux, même si la taille de 36mm rendait parfois la lecture difficile sous l’eau.

Une plongeur de La Calypso avec une LIP Nautic-Ski au poignet et Paul Zuena avec son modèle orange rare

Avec toutes ces qualités, l’équipe de la Calypso ne pouvait que l’adopter, notamment Paul Zuena qui possédait un modèle orange du plus bel effet et extrêmement rare aujourd’hui. Cette montre se déclinait en bleu, vert, orange, noir et tricolore. Malgré ses nombreuses qualités cette LIP était assez fragile en mission, son étanchéité n’était pas toujours au rendez-vous et le calibre « Electronic » ne supportait pas la moindre humidité. C’est le lot de nombreuses montres de plongée soumises à des conditions extrêmes… Malgré tout, la Nautic-Ski reste une pièce de qualité et un modèle phare de la maison française.

La ZRC Grands Fonds Série 2

La ZRC Grands Fonds Série 2 des années 1960

Nous n’avons que très peu d’images de cette montre aux poignets des plongeurs de La Calypso, bien qu’elle ait fait partie intégrante de l’équipe. Il semblerait qu’elle ait été simplement testée en vue de la présenter aux services de la Marine Nationale française pour de futures dotations aux plongeurs de Toulon. Elle sera retenue par la Marine Nationale pour accompagner les plongeurs dans leurs missions, qu’elles soient dans le domaine du déminage ou dans les situations de combat. Pour ce modèle, tout débute en 1964, quand la marine de guerre française recherche une montre dont la couronne ne serait pas placée à 3 heures, évitant ainsi les risques de casse. ZRC se saisit de ce projet et décide de créer une montre avec une couronne à 6 heures dans un boîtier monobloc de 37mm ayant également des propriété anti-magnétiques.

Claude Lapeyre, plongeur de La Calypso, avec une ZRC Grands Fonds Série 2 au poignet

Cette montre fut équipée des mouvements automatiques Felsa 4000, ETA 2452 et 2472, et était donnée pour une étanchéité de 30 bars. Elle était parfaitement identifiable grâce a ses aiguilles dites « Magnum » et son cadran laqué de toute beauté. ZRC étant un fabriquant de bracelets, ils ont créé une monture unique possédant deux particularités : des maillons « élastiques » à ressort pour pouvoir la passer sur une combinaison sans changer de bracelet, mais surtout une anse mobile rendant impossible le port de la montre si la couronne n’était pas totalement revissée; c’était la meilleure garantie contre les risques d’entrée d’eau. Bien que son histoire avec l’équipe de Jacques-Yves Cousteau soit assez peu documentée, cette montre est une pièce exceptionnelle de par son design et son histoire.

De l’Omega Seamaster 1000 Professional à la ZRC Grands Fonds, un seul objectif : avoir la montre-outil la plus efficace. Mais l’équipe de La Calypso ne s’est pas arrêtera là… D’autres pièces historiques sont à venir dans l’épisode suivant.