Une nouvelle année, une nouvelle bonne cuvée. Pour l’édition 2023 du Watches & Wonders, certaines manufactures se sont dépassées tandis que d’autres se sont reposées sur leurs lauriers. Certaines montres ont volé le coeur des amateurs d’horlogerie, des fois de la plus simple des manières. Comme quoi rien ne sert de réinventer la roue – du moins pas tout le temps – pour faire le buzz. Après avoir passé deux journées sur place, voici nos plus grands coups de coeur du salon.
Tudor Black Bay 54
Sans surprise, la petite soeur de Rolex mise sur son best-seller. Pour autant, elle réussit à créer la surprise à plusieurs niveaux, notamment avec la Black Bay 54. Celle-ci fait écho à l’année de sortie de la toute première plongeuse signée Tudor, soit 1954. Mesurant 37,5mm de diamètre, un choix surprenant mais tellement logique, cette nouvelle montre est une réinterprétation du modèle d’origine. Exit la couronne moderne et bonjour la couronne rétro, idem pour la lunette sans graduations sur les 15 premières minutes. La trotteuse « snowflake » disparaît au profit d’une « lollipop », mais l’aiguilles des heures demeure. Le tout est proposé sur bracelet acier, ou sur caoutchouc avec la boucle T-Fit de Tudor, donc un véritable fermoir déployant. Une montre bourrée de charme qui va très certainement faire des ravages ! Découvrez toutes les nouveautés signées Tudor ici.
IWC Ingenieur Automatic 40
Voici une montre qui était très attendue. Malgré la tendance croissante pour les montres à bracelet intégré ces dernières années, IWC ne voulait pas mettre la charrue avant les boeufs. En même temps, on n’a qu’une seule chance de redonner vie à un design signé Gérald Genta. Après 5 années de recherche et développement, la manufacture de Schaffhouse dévoile donc une seule actualité, mais pas des moindres : l’Ingénieur Automatic 40. Une montre parfaite sous tous ses angles, d’un point de vue design, finition et technique. Ses vis s’alignent enfin parfaitement, sa couronne est protégée par deux épaulements, ses cornes épousent mieux le poignet et le bracelet a été retravaillé pour plus de confort. Son boîtier de 40mm de largeur par seulement 10mm d’épaisseur, étanche à 100 mètres, abrite un calibre IWC 32111 offrant 120 heures de réserve de marche. En revanche, à court terme du moins, sa disponibilité sera réduite et son prix démarrant à 12,700€ pourra surprendre. Mais sur le papier, c’est la montre parfaite.
Rolex GMT-Master II
Habituellement, les aficionados râlent parce que la marque à la couronne ne se foule pas assez. Cette année, ils râlent encore parce que la marque en a trop fait. C’est une petite exagération, mais les fans de Rolex ne sont jamais contents. Tandis que la collection Daytona a subi un léger lifting, des cadrans disons loufoques ont vu le jour, tout comme une collection Cellini retravaillée avec un nouveau nom. De notre côté, c’est cette GMT-Master II qui nous a tapé dans l’oeil. D’une part parce que la « Root Beer » au catalogue nous faisait de l’oeil depuis quelques temps, sans pourtant nous convertir, et d’autre part parce que sa lunette noire et grise est tout à fait unique dans l’histoire de Rolex. Le bracelet Jubilee en Rolesor est également une première dans cette collection. En vitrine comme au poignet, cette nouvelle addition pourtant subtile, nous a totalement séduit. Rendez-vous ici pour découvrir toutes les actualité Rolex.
Zenith Pilot Big Date Flyback
Pour Zenith, c’est une collection entièrement redessinée qui voit le jour. La Pilot fait écho au passé de la marque dans le domaine de l’aviation, tout en s’orientant vers l’avenir. Des 3 aiguilles et de la céramique sont au programme, mais c’est surtout ce chronographe Big Date Flyback qui a attiré notre attention. Son boîtier de 42,5mm, étanche à 100 mètres, renferme un calibre El Primero doté de plusieurs innovations en sus de sa fonction de retour en vol : une grande date brevetée avançant de manière quasi-instantanée ainsi que des boutons-poussoirs ultra-fluides. Le tout sur fond à effet de tôle ondulée avec un totalisateur « Rainbow » ainsi qu’un bracelet à effet cordura. Une fois passée au poignet, on ne veut plus l’enlever ! D’autres nouveautés signées Zenith sont à découvrir ici.
Oris ProPilot X Kermit Edition
En débarquant sur le stand d’Oris, à la stupéfaction générale, il y a avait du vert partout. Sur les murs comme dans presque toutes les vitrines, impossible de rater la tête si familière de la grenouille du Muppet Show. Kermit était la star de la maison d’Hölstein. Un véritable pied de nez au grand maître de cérémonie. Difficile de l’interpréter autrement, les fans de Rolex vont être ravis… Techniquement ou même esthétiquement, il n’y a pas grand chose à dire. La plus grande actualité réside dans la signature des droits d’utilisation de la marque avec Disney qui en est propriétaire. Un cadran d’un vert presque absurde, un réhaut vert fluo fou, tout comme le disque de date. Sans compter que tous les premiers du mois, Kermit montre sa trombine, tandis que le reste s’affiche en blanc sur fond vert afin de se fondre dans le décor…et pourtant ça marche ! C’est une façon originale de faire briller la collection ProPilot X ainsi que le calibre 400. Oris n’a pas voulu jouer les petits bras et on salue cette audace !
Frédérique Constant Classic Tourbillon Manufacture
De mémoire, on ne peut pas tout dire. Disons juste que les tourbillons étaient à l’honneur sur le stand de Frédérique Constant. La maison genevoise ouvre donc le bal avec ce tourbillon doté d’un boîtier en or rose mesurant 39mm de largeur. Celui-ci célèbre les 35 ans de la marque ainsi que sa première participation au Watches & Wonders, une étape importante dans l’inconscient collectif, positionnant la manufacture comme une marque de luxe de premier plan. Ce modèle nommé Classic Tourbillon Manufacture est aussi une réinterprétation plus épurée de son tout premier tourbillon sorti en 2008. Avec un tarif de « seulement » 25,995€, cette superbe exécution n’a rien à envier aux plus grandes maisons !
TAG Heuer Carrera Chronograph
Certains semblent avoir été déçus des nouveautés TAG Heuer. Pas nous. Il y avait beaucoup de Carrera, certes, mais c’est aussi la collection phare de la manufacture de Saint-Imier. Tandis que les cadrans ornés de dégradés colorés font leur petit effet, ils ne possèdent pas le charme d’un 39mm coiffé d’un verre « glassbox », surtout en panda inversé. Inspirée de la Heuer 2447 NS sortie au début des années 1970, cette pièce néo-vintage a tout ce qu’il faut, notamment un mouvement automatique de nouvelle génération, le calibre TH20-00 offrant 80 heures de réserve de marche, ainsi qu’une étanchéité de 100 mètres. La masse oscillante prend également une nouvelle forme, plus moderne et reprenant la forme du blason géométrique de TAG Heuer. Simple mais sacrément efficace.
Cartier Santos
La logique aurait voulu que parmi les sorties de Cartier, nous sélectionnions l’une des nombreuses grandes sorties. On pense notamment à la Santos-Dumont XL ou la version Squelette, voire la Tank Normale, l’un des piliers de la marque. Mais c’est cette Cartier Santos qui a attiré notre oeil et qui occupait nos pensées durant tout notre entretien avec l’équipe Cartier. C’est une sélection très subjective, ne l’oublions pas. Les Santos Medium et Santos Large arborent désormais un cadran vert forêt soleillé qui fait encore plus briller cette collection superbement redessinée. Nous allons le dire sans retenue : la Santos de dernière génération est l’une des plus belles réinterprétations que nous ayons vu ces dernières années. Vu que nous aimons énormément le vert, vous comprenez maintenant mieux ce choix. Et puis, une montre de luxe en acier à bracelet intégré, disponible en boutique et à moins de 8000€, ça ne court pas vraiment les rues…
Panerai Radiomir California
Cette année, Panerai voit petit, sans pourtant manquer d’ambition. La manufacture italienne naturalisée suisse revisite (enfin) ses diamètres à la baisse. Ce n’est pas nouveau, mais c’est une volonté qui se confirme, notamment dans la collection Radiomir. Cette fois-ci, la version California – pilier de l’histoire de Panerai – revient en 45mm avec un boîtier en Brunito eSteel, nouveau matériau recyclé avec une finition usée qui donne un air de vécu à chaque pièce. Combiné à un cadran vert dégradé aux aiguilles bleuies animées par mouvement mécanique à remontage manuel doté de 8 jours de réserve de marche, soit la bagatelle de 192 heures, vous obtenez une pièce qui attire le regard. Pour revenir à la taille, n’oublions pas que la Radiomir ne possède pas réellement de cornes, sa longueur est donc très contenue, ce qui rend ses 45mm bien plus portables que vous ne pourriez l’imaginer.
Jaeger-LeCoultre Reverso Tribute Chronograph
Saviez-vous que le design de la Reverso était régi par le nombre d’or ? Ce chiffre magique d’environ 1.1618 symbolisant la beauté et l’harmonie, que l’on retrouve dans la nature, était au coeur du stand de Jaeger-LeCoultre. Pourquoi ? Tout simplement parce que la Grande Maison s’était focalisée sur son modèle iconique, de sa plus simple version à sa plus complexe. Après tout, Jaeger-LeCoultre est expert en grandes complications. C’est pourtant ce chronographe qui a suscité toute notre admiration, avec deux faces aussi opposées l’une que l’autre. D’un côté, un cadran deux aiguilles sur fond soleillé, ultra-classique, et de l’autre un chronographe squeletté, audacieux et pourtant si élégant, avec un totalisateur 30 minutes rétrograde. Une superbe exécution loin des itérations musclées du passé, mesurant seulement 11,14mm d’épaisseur. Incroyable !
A. Lange & Söhne Odysseus Chronograph
Oui, encore un chronographe. Mais quel chronographe ! La maison de Glashütte a dévoilé des versions or rose et platine de sa Zeitwerk, mais la star du show était incontestablement cette Odysseus Chronograph. Difficile de rater la sculpture de près de 4 mètres de haut au coeur du stand de la marque allemande ! Commençons par ce qui fâche : c’est une édition limitée à 100 pièces. En même temps, ce n’est pas une montre pour tout le monde, même si son tarif reste inconnu. Mais pour A. Lange & Söhne, c’est le tout premier chronographe automatique de son histoire. Vous y voyez deux grandes aiguilles, mais ce n’est pas un chronographe à rattrapante. C’est un totalisateur central sur 60 minutes, pour l’aiguille argentée du moins, tandis que la rouge est dédiée aux secondes du chronographe. Celles-ci se remettent à zéro de manière simultanée, avec une juxtaposition parfaite créant un trompe-l’oeil. C’est une tocante qui peut provoquer une fracture de la rétine.
Grand Seiko SBGZ009
Chez Grand Seiko, la vraie star était le Tentagraph, soit le premier chronographe mécanique (et automatique) de la grande maison japonaise. Difficile à croire, mais nous n’avions même pas remarqué ce trou dans le catalogue de la marque. Quoi qu’il en soit, le charme de cette pièce n’a pas opéré. Nous ne sommes pas seuls, mais la référence SBGZ009 avait de quoi provoquer le coup de foudre. Cette montre de la collection Masterpiece, entièrement en platine 950 gravée à la main, reprend la formule magique de la forêt de bouleaux drapée d’un manteau de neige en hiver faisant face aux ateliers de la manufacture. Mesurant 38,5mm de diamètre pour seulement 9,8mm d’épaisseur, cette montre renferme un mouvement Spring Drive à remontage manuel précis à -1/+1 seconde par jour, offrant 84 heures de réserve de marche. Le tout avec les finitions exceptionnelles de Grand Seiko, mais limitée à 50 pièces. En même temps, à 80,000€, on laisse couler…
Chopard Alpine Eagle 41 XPS
Chopard semble opérer en toute discrétion, dans un monde presque alternatif. Pourtant, la réalité est que sa taille en imposait au Watches & Wonders. Loin des carcans du marketing de masse, la manufacture-joaillerie a dévoilé une nouvelle Alpine Eagle ultra-fine. Grâce au calibre L.U.C 96.40-L mesurant à peine 3,3mm d’épaisseur grâce à un micro-rotor, la montre affiche un profil de seulement 8mm, pour 41mm de largeur. Et Chopard fait bien les choses en proposant 65 heures de réserve de marche. Le tout reste inspiré de l’iris d’un aigle et prend vie sur un cadran rose Monta Rosa obtenu par traitement galvanique sur une base d’or. Nous ne l’avons pas passée au poignet et c’est bien dommage.
Chanel Monsieur Tourbillon Météorite
Terminons avec une nouveauté passée sous les radars. Pour ceux ayant foulé le sol du stand Chanel, la femme était à l’honneur, tout comme les mélanges de céramique et les formes géométriques complètement décalées. Mais au milieu de toute cette folie se tenait discrètement une Monsieur de Chanel. Et pas n’importe laquelle : une version à tourbillon volant orné d’une tête de lion sur fond météorite. La masculinité absolue pour la marque française. Au menu : un boîtier en céramique noire mesurant 42mm, renfermant un Calibre 5.1 à remontage manuel – splendide depuis le fond de boîte – et offrant 72 heures de réserve de marche. Qui dit tourbillon volant et météorite dans la même phrase, dit inévitablement édition limitée, soit 55 pièces qui ont déjà probablement trouvé preneurs durant le salon. Sinon, rendez-vous dans la boutique place Vendôme pour aller l’admirer.