Il est 20 heures passées et nous voyons la nouvelle passer. À croire que nous avons mis des oeillères aujourd’hui, car cela fait déjà plusieurs heures que les médias anglophones en parlent. C’est tellement énorme et nous l’attendions depuis si longtemps que nous ne pouvons imaginer une seconde faire autre chose que vous la partager. Pour beaucoup de passionnés d’horlogerie, c’est un rêve voire un fantasme qui devient réalité : Universal Genève va fait son grand retour suite au rachat par le même groupe qui détient Breitling !

En 2018, le fonds d’investissement luxembourgeois CVC Capital Partners prenait le contrôle de Breitling avec 80% du capital. Mais les choses ont vite tourné et la société de capital-investissement suisse Partners Group acquiert des parts significatives pour finalement en prendre le contrôle en 2022. Avec plus de 140 milliards de dollars d’actifs en gestion, c’est un mastodonte qui n’a pas froid aux yeux. Et ils le prouvent avec une ambition qui pourrait paraître démesurée, mais qui compte tenu de la taille de la société ne l’est pas du tout, en rachetant la marque à Stelux, une holding hong-kongaise qui la détient depuis 1989 (ainsi que la marque Cyma).

Le montant n’est pas public mais les rumeurs parlent d’une somme avoisinant les 60 millions de francs suisses, payable sur 5 années. Quand on connait les difficultés éprouvées par la marque dans les années 1980 (voir notre article sur l’histoire d’Universal Genève), mais également les efforts en vain par la suite jusqu’à la mise en veille totale en 2010, on imagine que Stelux a fait fructifier son actif comme il le faut. Mais au final, ce n’est pas grand chose face au potentiel de la marque. Et c’est d’autant plus vrai quand on sait que Georges Kern est aux commandes et qu’il a déjà fait des miracles avec Breitling (après avoir dirigé IWC avant de passer le flambeau au jeune Christoph Grainger-Herr).

“Malgré notre enthousiasme, nous sommes conscients de la tâche qui nous attend et du profond héritage que nous devons préserver. Reconstruire une marque au passé si riche n’est pas une entreprise à court terme : nous allons tout mettre en œuvre pour permettre à Universal Genève d’occuper une place de premier plan au cours des années à venir. Une équipe dédiée va être mise en place pour permettre à Breitling et à Universal Genève de fonctionner comme des maisons distinctes” a confié le CEO chevronné. La maison sera donc séparée de Breitling (tout comme Tudor l’est de Rolex) et probablement avec ses propres calibres. Ce serait plus logique, même pour commencer, mais l’avenir nous le dira.

Et il faut dire que la synergie est plus que cohérente pour une marque ayant centré son offre sur les chronographes. Pour Breitling, c’est ancré dans son histoire avec la sortie du premier chronographe pour montre-poignet en 1915, puis dans la course du premier chronographe automatique en 1969. Personne ne sait d’ailleurs qui peut prétendre au titre honorifique entre Zenith, le trio Breitling-Heuer-Büren et même Seiko. Et n’oublions pasla Navitimer qui est le modèle phare de Breitling depuis plusieurs décennies. Côté Universal Genève, outre l’iconique Polerouter dessinée par le designer de génie Gérald Genta en 1954 (alors âgé de 23 ans) et équipée d’un micro-rotor – une première pour l’époque – c’est par le chronographe que la maison fondée en 1894 à Le Locle a bâti sa réputation : Compax, Uni-Compax, Aero-Compax oet surtout Tri-Compax. La renaissance de la célèbre maison pourrait d’ailleurs remettre les pendules à l’heure sur les notions de « Bi-Compax » et « Tri-Compax » utilisées à tort (car elles désignent à l’origine les complications et non les compteurs). Quoi qu’il en soit, c’est une nouvelle très excitante et peut-être la plus marquante de cette décennie (même si la MoonSwatch a fait un sacré buzz). Espérons donc que l’attente ne sera pas trop longue. Et si le marché de seconde main connait (enfin) des ralentissements, c’est peut-être le meilleur moment pour acheter un modèle vintage !