Aujourd’hui, nous mettons l’Allemagne à l’honneur et pour cause : c’est (selon nous) le second berceau de l’horlogerie. Tandis que l’art horloger suisse est né pour occuper les rudes hivers des paysans helvétiques qui ont ainsi développé un savoir-faire différent de vallée en vallée, les manufactures allemandes elles, se sont vues complètement libérées après avoir été étriquées par les grandes guerres et l’ère soviétique jusqu’en 1990, lâchant ainsi toute leur créativité de manière explosive. Pour votre culture horlogère, nous vous présentons 15 marques de montres allemandes que vous vous devez de connaître.

Stowa

Fondée en 1927 par Walter Storz, Stowa a fait ses débuts en fabricant des montres mécaniques pour l’armée allemande, notamment pour la marine puis pour la Luftwaffe. Basée à Engelsbrand au coeur de la Forêt Noire (après un passage à Pforzheim), la marque a ensuite produit des montres dans la veine du courant Bauhaus en petites séries, en 1937, avant de produire les célèbres montres flieger à partir de 1940. Après un bombardement en 1945 qui détruisit complètement l’usine, l’activité cessa jusqu’en 1951. Le fils du fondateur, Werner Storz, reprit les rennes de l’entreprise en 1963 puis la première montre de plongée Seatime vit le jour 3 années plus tard. En 1996, la marque fut acquise par Jörg Schauer qui s’attela à revigorer la marque pour devenir celle que l’ont connait aujourd’hui.

Archimede

Pour parler d’Archimede, il faut tout d’abord présenter le groupe Ickler qui a créé la marque. C’est une société fondée en 1924 à Pforzheim qui s’attèle à la fabrication des composants principaux et qui produit aussi des montres pour des marques étrangères. La marque Archimede est née en 2003 mais bénéficie pour le coup d’un savoir-faire quasi-centenaire. La fabrication des boîtiers est faite en interne, une caractéristique extrêmement rare qui fait également sa force. Avec une gamme très classique, c’est sa collection dédiée à l’aviation composée de montres au pur ADN flieger qui a fait sa réputation.

Junghans

L’histoire de Junghans est fascinante. Fondée en 1861 à Schramberg par Erhard Junghans et son beau-frère, la marque à l’étoile connaît une ascension fulgurante dès ses débuts en utilisant des mouvements américains puis devient en 1903 la plus grande manufacture horlogère au monde, produisant plus de 3 millions de garde-temps et comptant près de 3,000 employés. Elle structure même ses ateliers avec un bâtiment conçu en escalier pour recevoir un maximum de lumière du jour afin d’offrir une précision optimale à ses horlogers. À partir de 1936, Junghans conçoit ses propres mouvements, notamment le calibre J80 au sein de la gamme Meister qui existe encore aujourd’hui. Son premier chronographe mécanique voit le jour en 1949 puis son premier mouvement certifié chronomètre en 1957. À partir de 1961, Junghans s’associe au designer Max Bill pour concevoir une gamme d’horloges et de montres au style Bauhaus qui deviendra la collection phare de la marque. Un an à peine après Seiko, Junghans dévoile son premier mouvement à quartz, la propulsant au rang de chronométreur officiel des Jeux Olympiques de Munich en 1972. En 1985, elle dévoile le premier mouvement à quartz-radio piloté grand public puis arrive à le miniaturiser au sein d’une montre en 1990, une première mondiale. Son histoire est le témoin d’une quête constante d’innovation et de précision.

Laco

Cette marque fut fondée à Pforzheim en 1925 par Frieda Lacher et Ludwig Hummel sous le nom de Lacher&Co puis emboîtait des mouvements suisses au sein de montres faites en Allemagne. Réalisant les contraintes liées à leur dépendance vis-à-vis des suisses, Ludwig Hummel fonda Durowe (Deutsche Uhren-Rohwerke) en 1933 afin de proposer une alternative aux autres manufactures allemandes tout en fournissant des mouvements à Laco. En 1940, la marque fut sélectionnée parmi 5 manufactures dont Stowa, Wempe, IWC et A. Lange & Söhne pour produire des montres aviateurs destinées à l’armée allemande. Le Ministère de l’Aviation formula un cahier des charges sous le nom de FL23883 qui se trouvait gravé sur la carrure de chaque montre, à l’opposé de la couronne de remontoir. Laco produisit également des montres de poche pour la marine et toutes étaient équipées d’un calibre Durowe D5. En 1959 et suite à une forte baisse des ventes, la société fut vendue à l’US Time Corporation (Timex), notamment pour ses progrès sur le développement de montres électriques, mais fut rapidement rachetée par la holding suisse Ébauches S.A. qui deviendra ETA suite à diverses fusions. En 1988, Horst Güntheren racheta les droits d’utilisation de la marque pour la faire renaître. Aujourd’hui, Laco se distingue de par ses montres flieger dont le design est quasi-identique à celles d’origine. La marque a également été récompensée d’un IF Design Award.

Sinn

C’est l’une de nos marques préférées. Sinn fut fondée par Helmut Sinn, pilote durant la Seconde Guerre mondiale, en 1961 à Francfort-sur-le-Main. Dès ses débuts, la marque se concentre sur des garde-temps à vocation utilitaire : horloges de navigation et chronographes d’aviation. En 1985, leur modèle 140 S part dans l’espace au poignet du professeur Reinhard Furrer au cours de la mission spatiale D1, puis en 1992 avec la 142 S au poignet de l’astronaute Klaus-Dietrich ainsi qu’en 1993. Le véritable tournant s’opère en 1994 par le rachat de la marque par l’ingénieur Lothar Schmidt qui adopte une approche de développement technologique. S’en suivent alors de nombreuses innovations : résistance aux champs magnétiques, technologie de déshumidification, technologie hydro, résistance aux températures extrêmes (-45°C à +80°C), matériaux sans lubrification DIAPAL, technologie de durcissement TEGIMENT, etc. La marque ne cesse d’innover pour proposer des montres ultra-résistantes à la finition impeccable ainsi que des mouvements dotés de complications développées en interne.

Mühle-Glashütte

Les origines de Mühle-Glashütte remontent à 1869. Fondée par Robert Mühle dans le célèbre village de Glashütte situé dans l’Est de l’Allemagne, cette marque a fait ses débuts dans la production d’instruments de mesure pour l’industrie horlogère pour ensuite s’orienter vers les indicateurs de vitesse, les compte-tours ainsi que les horloges de voiture dès 1918. Entre les guerres et l’ère socialiste, l’entreprise fut nationalisée à 3 reprises. En 1994, l’entreprise fut renommée Mühle-Glashütte BmbH Nautische Intrumente und Feinmechanik puis se spécialisa dans la fabrication d’instruments nautiques. Les premières montres elles, firent leur apparition à partir de 1996 suite à une demande spéciale d’un chantier naval; une activité qui s’est réellement développée à partir de l’an 2000. En 2007, son voisin Nomos poursuivit la marque pour non respect de la « règle de Glashütte » qui stipule que la moitié du travail sur les mouvements doit être réalisé sur place pour pouvoir porter l’estampille de la ville. Un manquement qui porta fortement préjudice à l’entreprise qui se vit imputer une amende de 63 millions d’euros la mettant en faillite. La marque s’en remet encore péniblement et a ainsi dévoilé son véritable premier mouvement manufacture en 2011.

Damasko

Cette marque fut fondée en 1994 par Konrad Damasko avec pour vocation d’utiliser des technologies de matériaux à haute performance développées par son fondateur et qui étaient notamment utilisées dans l’industrie aérospatiale. Dès le départ, son objectif était de produire des montres techniquement supérieures, extrêmement robustes et nécessitant un minimum d’entretien. La marque a déposé de nombreux brevets dont une technologie de durcissement révolutionnaire de l’acier, un système d’échappement sans lubrifiant grâce à des revêtements utilisant la nanotechnologie ainsi que des huiles résistantes à des températures extrêmes puis un échappement en silicium polycristallin résistant aux chocs ainsi qu’aux forces centrifuge et gravitationnelle. Et ce, jusqu’à la concrétisation de son engagement avec le développement d’un mouvement manufacture en 2010, le calibre A35-1 intégrant ces mêmes technologies. Damasko a d’ailleurs produit des boîtiers endurcis pour Sinn jusqu’en 2002.

MeisterSinger

À ce stade, c’est probablement la marque qui vous est de loin la plus familière. Fondée en 2001 par Manfred Brassler, MeisterSinger est une manufacture très singulière qui produit ses garde-temps dans la ville de Münster au Nord-Ouest de l’Allemagne. La grande particularité de cette marque réside dans le fait qu’elle ne produit presque que des montres mono-aiguilles. L’idée étant de montrer aux porteurs que ce qui est important, c’est de leur donner une vue d’ensemble à 5 minutes près plutôt que de soucier des secondes qui passent. C’est d’ailleurs ainsi que les horloges du Moyen-Âge affichaient l’heure. Depuis 2014, cette marque allemande développe également ses propres mouvements et s’attèle désormais à développer des toolwatches.

Hanhart

L’histoire de Hanhart remonte à 1882 lorsque son fondateur, Johann A. Hanhart, ouvrit une boutique en Suisse avant de déménager à Schwenningen en Allemagne. En 1924, la marque dévoile le premier chronomètre mécanique abordable pensé pour l’athlétisme puis dévoile ses premières montres 2 années plus tard. Dès 1932 et à la mort du fondateur, son fils reprend le flambeau puis se concentre sur le développement de son propre mouvement qui voit le jour en 1938 sous le nom de Calibre 40 : un chronographe monopoussoir qui fera la réputation de la marque et qui se retrouvera aux poignets de pilotes de l’armée de l’air puis de la marine après avoir passé avec succès des tests rigoureux. Après une brève pause durant la guerre, Hanhart continua de développer des chronographes jusqu’à devenir le premier producteur de chronographes en Europe. Aux débuts de l’ère du quartz, la manufacture développa son propre mouvement à quartz en 1972 qui fut utilisé par de nombreuses entreprises et qui fut produit à plusieurs millions d’exemplaires. Ce spécialiste du chronographe a ensuite continué à développer puis à rééditer ses gammes et se distingue notamment de par son bouton poussoir rouge.

Tutima

Cette manufacture localisée à Glashütte a été indirectement fondée en 1927 lors de la naissance de deux sociétés horlogères : l’UROFA et l’UFAG. Le nom « Tutima » est dérivé d’un mot latin signifiant « sûr, sécuritaire » et fut utilisé tel un label attestant de la plus haute qualité pour les montres des deux sociétés. Rapidement sollicitée pour produire des montres pilotes pouvant être utilisées dans de rudes conditions tout en étant hautement lisibles et surtout précises, la société développa des chronographes dotés du calibre 59 UROFA pour l’armée allemande. Plus de 30,000 unités furent produites jusqu’à la fin de la Seconde Guerre et sont aujourd’hui très prisées des collectionneurs. La ville de Glashütte ayant été grandement détruite par les troupes russes, le peu qu’il en resta fut nationalisé quelques années plus tard. De nombreux employés et dirigeants avaient cependant réussi à atteindre l’Ouest allemand puis se réunirent dans la commune de Ganderkesee afin d’y faire perdurer l’esprit de Glashütte. En 1983, la marque signa un contrat avec l’armée de l’air allemande, puis en 1984, le chronographe militaire ref. 798 fut choisi comme montre officielle pour les pilotes de l’OTAN, propulsant la marque vers de nouveaux sommets. Ce n’est qu’en 2008 que le retour à Glashütte fut opéré, après s’être penché sur la question depuis la chute du rideau de fer car Tutima avait fini par prendre racine dans l’Ouest. C’est un nouveau chapitre pour la marque qui regarde désormais vers l’avenir, notamment pour le design de ses montres.

Nomos Glashütte

C’est une marque relativement jeune, fondée en 1990, comme beaucoup de manufactures allemandes. Située dans le célèbre village de Glashütte où se trouvent également les ateliers d’autres grandes marques mondialement connues de cette sélection et où habitent certains des meilleurs horlogers au monde, Nomos est aujourd’hui la plus grande entreprise d’horlogerie mécanique d’Allemagne. Chaque montre est dessinée à Berlin par leur agence de création interne puis témoigne d’une approche moderne et singulière. Car la créativité est le maître-mot de cette marque horlogère qui cumule les récompenses internationales (Red Dot Award, iF Design Award, Good Design Award, etc.) pour 11 de ses modèles grâce à leur approche innovante, leur forme, leur fonction, leur esthétisme et leurs qualités remarquables.

Montblanc

Malgré son nom à consonance francophone, Montblanc n’est ni une marque française, ni une marque suisse. Fondée en 1906 par un papetier, un banquier et un ingénieur, l’entreprise est née d’une découverte faite aux États-Unis : un stylo-plume doté de son propre réservoir et ne coulant pas. Les fondateurs ont repris ce même principe puis monter le niveau d’exigence pour n’utiliser le nom Montblanc qu’à partir de 1910. En 1977, la marque devient membre du groupe Richemont, mais ce n’est qu’en 1997 que la manufacture horlogère voit le jour au Locle dans le Jura suisse, notamment avec la sortie du modèle Meisterstück dévoilée au SIHH. Elle attache autant d’importance à l’excellence et au savoir-faire, d’où un siège au Locle pour son pôle horlogerie, que pour ses instruments d’écriture. La preuve en 2008 lorsqu’elle a dévoilé son premier véritable mouvement manufacture, le calibre MB R100, animant un chronographe monopoussoir.

Union Glashütte

Cette maison horlogère allemande appartenant au Swatch Group depuis l’an 2000 fut créée en 1893 par Johannes Dürrstein et était autrefois rattachée à la société Glashütte Original. Également basée dans le village saxon de Glashütte, cette marque de montres allemandes a dès sa création eu pour ambition de proposer des montres sophistiquées et précises mais moins chères, se positionnant juste en dessous du segment du luxe pour fournir une clientèle moins élitiste. Après des années de prospérité et comme de nombreuses marques horlogères allemandes, la production s’arrêta abruptement en 1926 durant la Grande Dépression tandis que les manufactures restantes de Glashütte furent unifiées en 1951 avant d’être de nouveau privatisées en 1994. Depuis et grâce à son appartenance au Swatch Group, Union Glashütte a redoré son blason et produit de beaux garde-temps classiques « made in Germany » et toujours abordables.

Glashütte Original

L’histoire derrière le village de Glashütte étant assez particulière, conter l’histoire des manufactures doit se prendre avec des pincettes. Notamment à cause de l’unification des manufactures de la ville ayant été opérée en 1951. Après cette date, il n’existait donc qu’une seule entreprise dans la ville : VEB Glashütter Uhrenbetriebe (aussi appelé GUB). C’est avec la chute du mur et le retour de la privatisation que les marques s’y sont développées et ont vraiment pu tracer leur propre route. À l’inverse des autres manufactures que l’on y retrouve, Glashütte Original est le nom adopté par ce combinat en 1994 alors devenu une société à responsabilité limitée. Et c’est en 2000 que la marque a rejoint le Swatch Group. Sa particularité : tous les mouvements sont faits en interne dans la plus pure tradition horlogère allemande.

A. Lange & Söhne

À l’instar de Patek Philippe, les garde-temps de A. Lange & Söhne constituent le Saint Graal pour de nombreux amateurs. C’est l’une des plus anciennes marques de Glashhütte, fondée en 1845 par Ferdinand Adolph Lange Ã©paulé de ses fils Richard et Emil, qui produisait les meilleures montres de poche de l’époque. Après la Première Guerre, voyant que les soldats revenaient montre au poignet, la marque ne se fit pas attendre pour suivre le mouvement, jusqu’à produire des montres flieger pour l’armée aux côtés de Stowa, Laco, Wempe et IWC. Mais comme toutes les manufactures de la ville, A. Lange & Söhne n’a pas fait exception aux crises successives ainsi qu’à l’unification des manufactures en 1951. C’est au moment de la chute du mur que Berlin qu’un homme d’affaires, Günter Blümlein qui possédait (et avait sauvé) IWC et Jaeger-Lecoultre, que l’étincelle se créa : contacter Walter Lange pour l’aider à reconstruire l’héritage familial que son grand-père avait fondé jour pour jour 145 années auparavant. Les employés furent recrutés dans le célèbre village puis formés chez IWC pour apprendre à décorer les mouvements avec le niveau d’exigence et la complexité que la marque souhaitait atteindre. Dès la présentation de ses 4 premières pièces (Lange 1, Saxonia, Arkade, et Tourbillon pour le Mérite) en 1994, le monde de l’horlogerie fut choqué par leur design et le niveau de décoration. Il fallut peu de temps avant que la marque ne se fasse considérée comme l’une des plus grandes références en haute horlogerie.